03 février 2023

Antoine Bruny d'Entrecasteaux ile Saint-Paul Amsterdam TAAF La Pérousse La Recherche l'Espérance Marins

Antoine Bruny d'Entrecasteaux

Des marins aux TAAF Des noms sur la mer



En 1714, Raymond Bruni, trésorier de France, acquit le marquisat d'Entrecasteaux et prêta hommage pour cette terre seigneuriale. Son fils, Jean-Baptiste de Bruni, marquis d'Entrecasteaux, fut président à mortier du parlement de Provence. De son mariage avec Dorothée de Lestang-Parade, il eut cinq enfants, dont trois fils. L'aîné suivit les traces de son père, le second entra dans la Compagnie de Jésus et le troisième devint marin.

Le 4 juillet 1754, le chevalier d'Entrecasteaux est reçu garde de la marine et fait son apprentissage sous la direction de son parent, le bailli de Suffren, alors lieutenant de vaisseau. Il prend une part active à la guerre de Sept Ans sur la Pomone et sur le Brave. Sa conduite à la bataille de Minorque (1756), où La Galissonnière défait l'escadre anglaise de l'amiral Byng, lui valut le grade d'enseigne. Après le désastreux traité de Paris, qui fit perdre à la France le Canada et les dix-neuf vingtièmes de son empire des Indes (1763), il sert sur l'Hirondelle que commandait Chabert, et se fait remarquer par son aptitude aux travaux hydrographiques. Six ans plus tard, quand le maréchal comte de Vaux est chargé de soumettre la Corse, l'enseigne reçoit le commandement d'un petit bâtiment, l'Espion, avec mission d'intercepter toute communication entre les côtes de l'île et l'extérieur 21 mars 1769).
Pendant cette croisière, il confirme la bonne opinion qu'on avait conçue de ses talents. Nommé lieutenant de vaisseau le 1er février de l'année suivante, il revient à Toulon par ordre du roi (31 mars 1770)..

Si La Fayette et Rochambeau ont été les héros de ces luttes, il est juste de rappeler que notre marine, bien qu'occupée dans l'Inde, contribua d'une façon efficace, sinon brillante, au succès de l'expédition. Chevalier de Saint-Louis depuis le 28 juin 1775, d'Entrecasteaux avait navigué en 1776 sous les ordres du capitaine de vaisseau Suffren. Appelé au commandement d'un navire en 1778, il convoya avec la frégate la Mignonne plusieurs bâtiments marchands de Marseille dans les Échelles du Levant


L'étendue de son savoir, la droiture de son jugement et l'intégrité de son caractère le désignèrent à l'attention du maréchal de Castries, ministre de la Marine, qui lui confia le poste de directeur adjoint des ports et arsenaux. Il eut alors pour chef direct M. de Fleurieu, qui avait arrêté le plan des opérations navales de la guerre de l'Indépendance, et qui traçait, à cette époque, l'itinéraire de l'expédition de la Boussole et l'Astrolabe. A ce savant devait être confié le soin d'organiser le voyage à la recherche de Lapérouse, qu'entreprit en '1791 l'ancien directeur adjoint.



La nomination officielle de d'Entrecasteaux au grade de contre-amiral ne parut que sous le ministère Bertrand de Blolleville; mais avant l'entrée en fonctions de ce ministre, le roi avait remis au navigateur un pli cacheté qui contenait sa nomination, avec ordre de ne l'ouvrir qu'en mer, le lendemain du jour où, partant de Brest, il allait commencer une expédition à la recherche de Lapérouse.

En 1791, il est chargé par Louis XVI de partir à la recherche de Lapérouse 


L'incertitude qui planait depuis deux ans sur le sort de Lapérouse, avait fait place à l'inquiétude. Le roi, l'Assemblée et le monde savant s'étaient émus, et l'opinion publique anxieuse souhaitait qu'une expédition fût envoyée à la recherche des deux navires la Boussole et l'Astrolabe...
Mais les événements survenus en France depuis l'ouverture des États généraux et les bouleversements dont il fut le témoin à Brest, ne le disposèrent pas à dépenser sa vie dans les luttes stériles de la politique. Peut-être aussi sa situation de fortune assez précaire avait-elle rendu son séjour en France plus onéreux qu'il ne l'avait pensé d'abord. Une lettre adressée le 13 mars 1791 à M. Dufresne de Saint-Léon, commissaire du roi pour la liquidation de la dette publique, donne une certaine vraisemblance à cette hypothèse.

Louis XVI donnant ses instructions à La Pérouse, 29 juin 1785, Nicolas Monsiau (1817

A la recherche de LA PEROUSE

«- Décrète en outre que le roi sera prié de faire armer un ou. plusieurs bâtiments, sur lesquels seront embarqués des savants, des naturalistes et des dessinateurs, et de donner aux commandants de l'expédition la double mission de rechercher M.. de Lapérouse, d'après les documents, instructions et ordres qui leur seront donnés, et de faire en même temps des recherches relatives aux sciences et au commerce, en prenant toutes les mesures pour rendre, indépendamment de la recherche de M. de Lapérouse, ou même après i'avoir recouvré ou s'être procuré de ses nouvelles, cette expédition utile et avantageuse à la navigation, à la géographie, aux arts et aux sciences

Le 28 mai 1791, d'Entrecasteaux reçut du ministre de la Marine, qui était alors M. Thévenard et non pas M. de Fleurieu, comme le croit M. de Rossel, une lettre conçue dans les termes les plus flatteurs Nous en détachons les principaux fragments

« Je vous annonce avec plaisir, monsieur, que le roi a bien voulu vous nommer au commandement des deux bâtiments qui vont être armés à Brest pour aller à. la recherche de Lapérouse. Sa Majesté, en vous confiant une expédition aussi importante, s'est rappelée que, dans la campagne que vous avez faite en 1785 et 1786~ sur les eûtes de la Chine et de la Cochinchine, vous avez déployé des talents supérieurs, et qu'ayant fait votre partance à contre-mousson, vous avez affronté les dangers d'une navigation périlleuse, en vous frayant une route nouvelle à travers des mers inconnues. C'est à la fois une marque de confiance et une preuve de satisfaction que vous recevez aujourd'hui de Sa Majesté. Elle a daigné en même temps m'autoriser à vous mander que son intention était de vous élever au grade de contre-amiral avant votre départ; bien entendu que, si l'organisation du corps de la marine n'était pas faite à cette époque, vous tiendriez secret cet avancement, et vous n'arboreriez le pavillon de ce nouveau grade qu'à une certaine distance d'Europe. Le roi laisse à votre disposition le choix des officiers, hommes d'équipages et autres individus qui seront employés dans cette expédition. Vous voudrez bien, en conséquence, proposer à Sa Majesté, les officiers et élèves qui vous paraîtront le plus propres à vous seconder.


ÉTAT NOMINATIF DES OFFICIERS, SAVANTS ET ARTISTES EMBARQUÉS SUR LES FRÉGATES LA RECHERCHE ET L'ESPÉRANCE, AUX ORDRES DE M. D'ENTRECASTEAUX.

LA RECHERCHE.

MM. BRUNY-D'ENTRECASTEAUX chef de division, commandant l'expédition, fait contre-amiral.

LIEUTENANTS.
D'HESMIVY-D'AURIBEAU, fait capitaine de vaisseau.
DE ROSSEL. De CHÉTIN.
LA FRESNAYE DE SAINT-AIGNAN.
SINGLER DE WELLE.
WILLAUMEZ CHIRURGIEN MAJOR  RENARD.
AUMONIER VENTENAT, chanoine régulier, naturaliste.

ÉLÈYES ET VOLONTAIRES.

MÉRITE, volontaire, fait enseigne
ACHARD DE BONVOULOIR, élève, fait enseigne.
DE LONGUERUE, élève, fait enseigne.
FORESTIER, fait volontaire.
DE LAMBERT (Henri), fait volontaire.
DESLACS (Hippolyte), fait volontaire.

INGÉNIEUR, SAVANS, ARTISTE ET JARDINIER.

BEAUTEMPS-BEAUPRÉ, ingénieur-hydrographe.
L'ABBÉ BERTRAND, astronome débarqué au cap de Bonne-Espérance.
LA BILLARDIÈRE, naturaliste.
DESCHAMPS, naturaliste.
PIRON, dessinateur.
LA HAYE, jardinier-botaniste.

MM. HUON DE KERMADEC, commandant, fait capitaine de vaisseau.

LIEUTENANTS.
DENIS DE TROBRIAND.
LA SEINIE.
LAGRANDtÈRE.
DE ILUZANÇAY.
LA MOTTE DU PORTAIL.
LE GRAND. 
CHIRURGIEN-MAJOR. JOANET. 
AUMONIER. PIERSON, bénédictin, astronome.

ÉLÈVES ET VOLONTAiRES.

LEIGNEL, volontaire, fait enseigne.
JURIEN, volontaire, fait enseigne.
DE BoYNES, élève, fait enseigne.
FILTZ, fait volontaire.

INGÉNIEUR, SAVANTS ET ARTISTE.

JOUVENCY, ingénieur-géographe.
RICHE, naturaliste.
BLAVIEN, naturaliste, débarqué au cap de Bonne-Espérance. 
ËLY, dessinateur, débarqué au cap de Bonne-Espérance.

Le voyage étant prévu pour trois ans, l’avitaillement s’avère une opération minutieuse. 350 tonneaux de vivres sont chargés sur chaque bateau, ainsi que 1 000 tonnes de matériel et des objets destinés à être échangés lors des escales. De 1785 à 1788, les frégates parcourent tous les océans du globe, avant de faire toutes deux naufrage.

 
Le 16 février, il quitta le Cap, où il eut à déplorer la perte de l'astronome Bertrand, mort à la suite d'une chute, puis il côtoya l'extrémité sud de l'Afrique jusqu'à la baie de Lagoa.

Le canal de Mozambique dépassé, l'amiral pensait gouverner directement, par le nord de la Nouvelle-Guinée pour atteindre les îles de l'Amirauté. Mais, ne se trouvant, le 6 mars, que par 44° longitude est et 35° latitude sud, il vit qu'il lui serait impossible avec de mauvais voiliers d'aller au delà de Timor avant le renversement de la mousson. II prit donc parti d'atteindre les îles de l'Amirauté par le sud de l'Australie.



En conséquence, il dirigea sa route au sud-est pour reconnaître l'île d'Amsterdam dont il fixa la position sur le même méridien que Saint-Paul.

Le 28 mars, à deux heures et demie, l'île était en vue. Son sommet qui n'avait pas encore été déterminé paraissait couvert de nuages. 

« A mesure que nous approchions, ils nous parurent produits par une très épaisse fumée; nous ne tardâmes pas à voir des flammes c'est dans la partie du nord que l'embrasement étoit le plus fort; mais le vent, qui souffloit du nord-ouest, poussoit la flamme dans le sud-est, et nous apercevions distinctement les progrès de l'incendie par les traces de fumée et de feu que l'on voyoit s'étendre successivement sur toute la partie orientale de l'ile. 

Cet incendie, sur une terre inhabitée, fit conjecturer à quelques personnes que ce feu ne pouvoit être qu'un signal fait par des malheureux qu'un naufrage auroit fait aborder à cette île, et qu'ils demandoient du secours mais il étoit évident que cette masse de feu étoit trop considérable pour faire supposer que l'incendie eût commencé au moment où nous avions été aperçus; d'ailleurs un pareil signal, fait au hasard, étoit inutile dans des parages où il est si rare qu'il passe des navires. 


Le plan de l'île d'Amsterdam, dressé par M. Beautemps-Beaupré, ingénieur hydrographe, fera connaître tous les détails de la partie dé l'île que nous avons visitée

Photo JM Bergougniou


La latitude de la pointe occidentale de l'île est de 37°47'46" australe; sa longitude est de 75° 4'56" orientale. « Je n'ai pas cru devoir m'arrêter à l'île d'Amsterdam; le ciel y est généralement trop couvert, dans cette saison, pour permettre d'y faire des observations d'ailleurs notre traversée commençoit à se prolonger, et nous devions profiter du premier temps favorable à notre router » Bientôt le ciel s'assombrit. Le 14 avril, tandis qu'éclatait un orage, la mer devint phosphorescente et en même temps le météore nommé feu Saint-Elme se manifesta au sommet des mâts. « Pendant des grains redoublés et très violens de vent et de grêle qui eurent lieu cette même nuit, la mer parut encore plus enflammée; et, dans les mêmes instans, on aperçut très distinctement des aigrettes électriques autour de la pointe des paratonnerres notre baromètre étoit alors à vingt-sept pouces six lignes. C'est, jusqu'à présent, le point le plus bas où il soit descendu. La violence des vents ne permit pas d'entreprendre alors la reconnaissance de la côte sud-ouest de la Nouvelle-Hollande... A suivre

Sources

Cols bleus
Château de Versailles
Gallica BnF


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