Un sabotier à la conquête du Congo
En recherchant des articles sur la vie de Brazza j'ai découvert cette anecdote que je veux partager aujourd'hui. Chaussez vos sabots à la poursuite d'Anne de Bretagne et de Brazza.
Le sabotier rennais et M. de Brazza
Nous lisons dans le bulletin des renseignements coloniaux, sous la signature de son directeur, M. G. Laforest, ce qui suit au sujet de M. de Brazza:
«Avec Savorgnan de Brazza disparaît l'un des grands artisans de notre extension en Afrique et le plus populaire des explorateurs français. Celui qui n'a pas assisté aux ovations qui l'accueillirent à son retour du continent noir ne peut se faire une idée de l'enthousiasme qui m'emparait des assistants chaque fois que de Brazza apparaissait dans une réunion. Et il n'y avait pas que les «coloniaux» à s'enthousiasmer pour le grand conquérant pacifique, son œuvre, son nom n'étaient pas moins populaires dans le peuple.
Le fait que je vais rappeler en est une preuve. En septembre 1886, un jour que j'étais chez mon illustre collègue de la Société de Géographie Commerciale qui m'avait engagé de l'aller voir, son regretté collaborateur et ami Crampel, qui devait peu après périr si tragiquement en allant à la conquête du Tchad, me fit part des difficultés que de Brazza rencontrait dans le recrutement d'une soixantaine d'ouvriers de métier dont il avait besoin pour le Congo. Un avis da Ministre de la Marine avait bien été affiché dans les bureaux des arsenaux, mais il n'avait produit aucun effet.
"J'offris mon concours à Crampel, il me dicta pour le Bulletin de Renseignements Coloniaux une note qui fit produite aussitôt par toute- la presse de Paris et des départements. L'effet en fut colossal, tant était grand parmi le peuple, le prestige du nom de Brazza. Des milliers d'ouvriers fusent immédiatement pris du désir de le suivre au Congo pour raider à y fonder une grande colonie française. » Rue Saint-Florentin où demeurait l'explorateur, ce fut un envahissement; la maison ne désemplissait pas de candidats colons qui en obstruaient littéralement les quatre escaliers, malgré les protestations du concierge. Le premier jour, il en vint à la fois 200, rien que de l'usine Cail.
« La note dont je parle fut publiée dans les journaux de Rennes et produisit le même effet que dans les autres départements. Mais parmi ceux que tentait l'aventure, il y en eut un qui fit exprès le voyage de Rennes à Paris "à pied", se disant qu'on n'oserait pas refuser le service d'un homme qui montrait tant de dévouement à la cause coloniale.
« Je sais bien, disait-il à M. de Brazza, que vous n'avez pas demandé de sabotiers, mais tout de même, je vous serai rudement utile. Dans un pays neuf, sans route, on doit user beaucoup de chaussures, et si l'on n'a pas de cuir pour en faire de neuves, on trouve toujours du bois pour faire des sabots.
N'ayant pas réussi auprès de M. de Brazza, notre homme s'en vint chez moi peur me prier d'intercéder pour lui. Vous pensez bien que le résultat fut pour lui le même.
«Eh bien, dit-il en s'en allant, ça ne fait rien, je ne regrette pas mon voyage; d'abord j'ai vu «le chef du Congo" (M. de Brazza) dont on parle tant chez nous, et puis j'ai vu Paris, et ça vaut bien le voyage.
Au revoir, Monsieur, et merci tout de même.
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