Charles Millot Marie-Joseph dit GERVESE
est plus connu sous le nom de Gervèse. Né le 21 septembre 1880 à Vesoul (Haute-Saône), bien que loin de la mer, il est attiré par la Marine, il entre à l'école navale à 17 ans. Dans les courriers à ses parents, il illustre ses propos de petits dessins avec humour se moque de la discipline rigide de l'École.
Sa carrière d'officier de marine :
Aspirant de 2éme classe le 1er août 1899;Enseigne de vaisseau en 1902 - Lieutenant de vaisseau en 1910;
Capitaine de corvette en 1918 - Mariage avec Françoise Brisson;
Capitaine de frégate en 1919 - Capitaine de vaisseau (réserve) en 1933.Un entretien sur ses débuts de peintre...
On a souvent demandé à l'auteur de ces lignes:
—Comment avez-vous été amené à faire de la caricature?
C'est bien simple.
A cette époque, l'Ecole de Canonnage était installée en rade des Salins d'Hyères sur deux ou trois vieux navires de guerre auxquels on avait définitivement renoncé à attribuer la moindre valeur militaire. Et si les officiers-élèves ne trouvaient pas sur ces navires le dernier cri du confort moderne, ils y jouissaient en revanche du régime le plus adorable: quatre jours de travail acharné, bouclés à bord,
Il retira ses œuvres à la date fixée et reprit paisiblement ses études alternées d'aquarelle et de balistique.
A ses côtés, galopait allègrement un petit chien jaune qui n'avait sans doute jamais été à pareille fête.
Dans le fond, à l'ombre des platanes, derrière les tambours et clairons des Equipages de la Flotte, la foule toulonnaise assistait enthousiasmée à ce déploiement de forces dont la tradition lui était chère, tout en laissant percevoir, dans certains détails, un peu de laisser-aller que la température anormale et l'émotion patriotique rendaient difficilement excusables.
C'était tout ce que demandait son auteur.
Il fit déposer son envoi au secrétariat de la Société à la date fixée par le règlement et attendit la réaction. La réaction ne vint pas.
Comme il était à prévoir, l'affaire tournait mal. Le Préfet Maritime avait dû faire acheter l'œuvre pour éviter qu'elle ne tombât dans des mains étrangères, susceptibles d'en faire un mauvais usage, et il désirait signifier lui-même à son auteur ce qu'il pensait de son inqualifiable conduite et les mesures disciplinaires qu'elle comporterait.
—C'est vous, Monsieur, qui êtes l'auteur de cette aquarelle exposée aux Amis des Arts?
—Oui, Amiral!
—Eh bien, je vous fais mes compliments. Ce n'est pas mal du tout. Je l'ai achetée parce qu'elle me plait. Et puis j'estime qu'il est aussi utile de faire connaître la Marine par des caricatures qui font rire que par des statistiques ou des discours qui sont souvent bien ennuyeux. Continuez dans cette voie. Et comme il me faut un pendant à votre "défilé du 14 Juillet", je vous prie de me faire pour l'exposition de l'année prochaine le "bal à la Préfecture Maritime". Mes salons et mon maître d'hôtel sont à votre disposition pour poser quand vous le désirerez.
Les critiques d'art des feuilles locales, hautement influencés, consacrèrent à son œuvre des lignes particulièrement élogieuses, des éditeurs demandèrent l'autorisation de reproduire et un journal humoristique de la capitale sollicita sa collaboration pour un numéro spécial sur la Marine de guerre.
Vingt ans plus tard, le fils de cet amiral-mécène fut promu capitaine de vaisseau et nommé au commandement du croiseur en essai Jeanne d'Arc, nouvelle école d'application des aspirants. Il fit au jeune enseigne de vaisseau, qui lui aussi avait pris de la bouteille, l'honneur de lui demander un vaste panneau décoratif pour orner son salon. Inutile de vous dire que l'offre fut acceptée. L'occasion était trop belle de témoigner au fils la reconnaissance due au père.