11 mai 2020

Ecole Navale blason arme et héraldique

Ecole Navale  blason - arme et héraldique

l'école navale bâtiment de commandement  photo (c) JM Bergougniou



l'écu de l'école navale photo (c) JM Bergougniou




La plupart des unités de la Marine ont un insigne qui est souvent symbolique et d'aspect héraldique, certaines d'entre-elles ont le privilège d'avoir un blason ou des armoiries.


Le plus intéressant pour des raisons historiques est certainement l'écu de l'Ecole navale. Son descriptif dans le langage du blason est assez ésotérique. Cet article donnera à nos lecteurs la clé de ce texte pour le moins mystérieux. Mais, même sans connaitre les traditions des écus français, il est assez facile de deviner lorsqu'il est écrit « mi-partie de France et de Bretagne qui est de la ville de Brest », que l'Ecole navale, implantée sur la rade de Brest, a dans ses armoiries l'évocation du premier port de guerre français de l'Atlantique.

Plaque du croiseur Jeanne d'Arc Ecole navale photo (c) JM Bergougniou


Quand il est question « de gueules à la salamandre d'argent allumée d'or, au chef cousu d'azur à trois fleurs de lis d'or posées en fasce qui est de la ville du Havre de Grâce, les questions se posent et les relations de la ville du Havre avec l'Ecole navale ne sont pas évidentes pour tous les esprits Quand plus loin il s'agit d'Angoulême, le mystère devient total

Précisons donc brièvement le rôle des villes de Brest, du Havre, d'Angouléme et de Toulon dans l'histoire de l'Ecole navale.

L'ECOLE ROYALE DU HAVRE

La Révolution approchait lorsque fut enfin créée une vraie Ecole navale l'Ecole royale de la Marine au Havre, en 1773. L'effectif se composait de 80 élèves, recrutés en grande partie dans l'aristocratie. La seule pension de six cents livres que devait verser la famille était déjà un obstacle à toute démocratisation de cette école. L'éducation théorique était donnée à terre l'hiver, et l'éducation pratique l'été, sur une corvette et un lougre. L'Ecole du Havre dura deux ans et tomba avec le ministre qui l'avait instaurée.

L'ECOLE D'ANGOULEME



La Restauration créa l'Ecole d'Angoulême.

Le choix de cette ville peut surprendre, mais à cette époque le Grand Amiral de France était le duc d'Angoulême, fils de Charles X. La première mesure fut de supprimer les navires-écoles en janvier 1816, et l'enseignement théorique devint prépondérant. D'aucuns pensent d'ailleurs que cette ecole était en fait une gentille pouponnière où tout se faisait « à la papa ». Peu à peu cependant les gens se dégoûtèrent de cette facilité Les demandes d'admission diminuèrent et l'Ecole royale de la Marine devint Ecole royale préparatoire. Les gentils "petits messieurs" redevinrent de simples pensionnaires, et le collège fut lui-même supprimé en décembre 1830.

ARMOIRIES DE L'ECOLE NAVALE

telles qu'elles figurent sur la médaille
Les statuts de l'école navale Colbert Duguay-Trouin Suffren photo (c) JM Bergougniou

L'écu de l'école navale photo (c) JM Bergougniou

L'ECU :

Ecartelés au 1 mi-partie de France et de Bretagne qui est de la ville de Brest ; au 2 de gueules à la salamandre d'argent allumée d'or, au chef cousu d'azur à trois fleurs de lis d'or posées en fasce qui est de la ville du Havre de Grâce ; au 3 d'azur à la croix d'or qui est de la ville de Toulon ; au 4 d'azur au château d'argent maçonné de sable et surmonte d'une fleur de lis d'or couronnée du même qui est la ville d'Angoulême.



L'écu est posé sur une ancre de marine rangée en pal, l'orin noué, et sur quatre pavillons de Marine rangés en sautoir deux à dextre qui sont le pavillon rouge à la bande blanche chargé de l'écu royal de France, qui est le pavillon royal des galères et le pavillon blanc du canton tricolore qui est des vaisseaux du roi Louis XVI, puis de la République. Deux à senestre qui sont le pavillon français tricolore à l'aigle impérial posé sur une ancre de marine couronnée, qui est des marins de la Garde impériale et le pavillon tricolore.

LE CIMIER : Une couronne de laurier sommée d'une étoile d'or.




Ecole navale - Sculture plaque du Borda photo (c) JM Bergougniou

BREST

A la mort de l'Ecole d'Angoulême, c'est le vaisseau-école - L'Orion » qui prit la succession. Il avait été lancé à Brest en 1813 et reçut ses premiers élèves le 15 novembre 1827. Le 1"' novembre 1830. le roi Louis-Philippe rendit, sur le rapport de son ministre de la Marine, le comte Horace Sébastien, une ordonnance par laquelle il était décidé que - l'Ecole établie à Brest sur le vaisseau - L'Orion », porterait le nom d'Ecole navale ». Ce fut l'acte officiel de baptême de l'Ecole navale, telle qu'elle fonctionne encore de nos jours, sous le même nom et suivant les mêmes principes organiques.

En 1840, « L'Orion * commençait à se faire vieux et était devenu trop petit. On choisit pour le remplacer le vaisseau - Commerce de Paris » qui devait devenir célèbre sous le nom de « Borda »... Il allait avoir plusieurs successeurs jusqu'en 1915, ou l'Ecole navale descendit è terre, provisoire.ment à Lannton, dans les bâtiments de la flottille des torpilleurs. Ce provisoire dura 20 ans...

TOULON
Quant aux rapports de la ville de Toulon avec l'Ecole navale, ils ont été, contrairement à ceux du Havre et d'Angoulême, constants et très longs. Bien avant la création d'une véritable Ecole, il exista ce que l'on appelait les Gardes de l'Amiral, puis les Gardes du Pavillon amiral que l'on retrouvait toujours à Brest et à Toulon. Sous l'Empire, Napoléon avait créé deux écoles spéciales de la marine, l'une à Toulon, l'autre à Brest. A Toulon elle disposait d'un ex-vaisseau russe, baptisé « Duquesne », et pour l'enseignement pratique, de deux corvettes - Emulation - et « Active -.

Enfin, lorsqu'en 1940 intervint la décision de rouvrir l'Ecole navale au fort Lamalgue à Toulon, 100 élèves y furent admis, dans des conditions qui furent souvent très difficiles à cause de la guerre. L'Ecole disposait, pour y abriter son matériel du port de l'arsenal du Mourillon. Elle avait ses embarcations du type réglementaire, auxquelles vinrent s'ajouter quelques yachts acquis sur



la Côte d'Azur. Mais en 1942, les Allemands envahirent Toulon et les élèves furent chassés... La Marine continua à former de jeunes officiers hors du territoire national, au Maroc et en Angleterre.

Après ce rapide voyage à travers le temps, revenons aux armoiries.

AUTOUR DES ARMOIRIES

Bien que la science du blason en France ne porte en fait que sur l'écu et que les ornements, supports, tenants, couronnes, cimiers, devises et décorations..., n'aient jamais été réglementés par des spécialistes, il nous faut tout de même expliquer l'environnement de ces armoiries telles qu'on peut les voir représentées dans le hall de l'Ecole navale ou sur la médaille frappée par la Monnaie.

L'écu est posé sur une ancre de marine rangée en pal, l'orin noué, et sur des pavillons de marine rangés en sautoir deux à dextre et deux à senestre, ou 3 à dextre


Sources 

campagne 1971 - 1972 PH Jeanne d'Arc EE Victor Schoelcher Colombo Sri Lanka Ceylan

campagne 1971 - 1972 PH Jeanne d'Arc EE Victor Schoelcher 

















LA CAMPAGNE DE L'ÉCOLE D'APPLICATION

CEYLAN



Le 28 février, après une traversée de quatre jours entre la Malaisie et le sous-continent Indien, le groupe Ecole d'application fait son entrée à Colombo, capitale de Ceylan, grosse larme suspendue à l'extrémité de l'Inde.

Après avoir salué la terre de 21 coups de canon, auxquels répond une batterie de la « Royal Ceylon Navy », les deux bâtiments accostent séparément. Le lendemain le Victor Schœlcher » viendra se placer à couple de la « Jeanne d'Arc » sur le quai. Au milieu d'une foule bigarrée de spectateurs nous attendent l'officier de liaison de la Marine ceylanaise et le colonel de l'armée de l'Air Chauvin, attaché des forces armées pour l'Inde et Ceylan en résidence à New Delhi.




Les visites officielles des commandants sont étalées sur trois matinées, le premier jour, elles sont effectuées auprès du Major général Attygalle et de l'air commodore Mendis, respectivement com.mandant des armées de terre et de l'air ceylanaises, puis de M. Lambroschini, ambassadeur de France à Colombo.






 L'ambassadeur rend ensuite la visite à bord de la « Jeanne d'Arc » pendant que M. Carrillon, directeur de l'Alliance française et M. Tran Van Kha, conseiller commercial, font apparaître dans une vivante conférence au personnel, l'originalité de cette île de Ceylan, tant sur le plan historique que sur les plans politique et économique. Le lendemain prennent place les visites au commodore Hunter, commandant la Marine royale ceylanaise et après signature du Livre d'or chez le Premier ministre, Mme Andara Naike, à M. Vincent Perera, maire de Colombo. Le surlendemain, les commandants sont reçus par M. William Gapallara, gouverneur général de Ceylan, représentant encore sa Majesté la Reine d'Angleterre, en attendant que la Lune soit favorable à la proclamation de la République...




Les phases de la Lune rythment en effet la vie des Ceylanais, qui ont adopté le calendrier « Poya », ainsi le jour du congé hebdomadaire n'est plus le dimanche mais le jour du poya, c'est-à-dire du passage au quart de Lune. Le lundi de notre arrivée est « poya » et nous trouvons Colombo absolument mort, dans le respect absolu de la trêve « dominicale »...





Le soir de notre arrivée, l'ambassadeur de France offre un dîner buffet en sa résidence. Le lendemain 29 février, aux visites officielles succède un déjeuné à bord, auquel font l'honneur d'assister avec leurs épouses, M. Jayagody, ministre adjoint de la Défense et des relations extérieurs, le brigadier Jayweer, chef d'état-major de l'armée, M. Senanayake, inspecteur général de la police, les commandants de l'armée de l'air et de la marine, ainsi que l'ambassadeur de France. 





Le soir, le cocktail de la « Jeanne d'Arc » qui reçoit parmi ses invités de hauts fonctionnaires ceylannais et de nombreux représentants des trois armées, est rehaussé par la beauté des femmes ceylanaises élégamment drapées dans leur sari. Le 1 H mars au soir, le sympathique cocktail offert en notre honneur par la marine royale ceylannaise vient clore la liste des réceptions officielles. Mais la « Jeanne d'Arc » a reçu encore de nombreuses visites, groupes d'écoliers, marins et militaires.

Les rencontres sportives en basket, foot-ball et volley voient enfin le succès de nos couleurs devant des équipes de la marine et de l'armée ceylannaises.






Sur le plan touristique, Colombo ne nous a pas enchantés, si ce n'est par son marché de pierres précieuses. Mais un agencement très souple du service a permis à beaucoup d'entre nous de partir à la découverte de cette « féérie cingalaise » chère à Francis de Croisse! : A travers la jungle, nous avons visité les fabuleuses capitales historiques de Ceylan, Anuradha, Pura, Polonnarura, Sigiriya, ou Kandy. Sur notre route, nous avons rencontré des éléphants et des champs de thé, admiré les lotus et les orchidées, respiré les épices et l'encens des temples boudhistes.




Escale ceylannaise qui nous a permis de glisser en quatre jours quelques illustrations de plus dans notre album de souvenirs. Nous conserverons de cette île, surnommée à juste raison le "jardin de l'Eden", une certaine nostalgie-

10 mai 2020

Campagne 1971 - 1972 Penang PH Jeanne d'Arc EE Victor Schoelcher îles de la Sonde Malaisie

Campagne 1971 - 1972 PH Jeanne d'Arc EE Victor Schoelcher îles de la Sonde Indonésie Malaisie Penang






LA CAMPAGNE DE L'ÉCOLE D'APPLICATION

MALAISIE




VENANT de Singapour après une journée et deux nuits de navigation le long de la côte ouest de Malaisie, le groupe Ecole d'Application se présente devant l'île de Poulo-Penang le 21 février au matin.

Quarante ans se sont écoulés depuis le dernier passage d'une « Jeanne d'Arc » dans ce port. C'est en effet en 1932 que l'ancien croiseur école avait fait escale à Penang. Après avoir salué la terre de vingt et un coups de canon auxquels répond une batterie de la « Royal Malaysian Navy », la « Jeanne d'Arc » accoste au grand quai de Georgetown, capitale de Penang, tandis que le « Victor Schoelcher » prend à proximité un poste au mouillage. 





Un représentant de l'Etat fédéré de Penang, le lieutenant Thayaparant, de la Marine malaisienne, le lieutenant-colonel Fouillant, attaché des Forces Armées à Bangkok, qui nous avait déjà accueillis à Singapour, ainsi que M. Funningham Brown, consul général honoraire de France à Penang, sont les premiers a monter à bord pour nous souhaiter la bienvenue.


Après une conférence de presse largement suivie par les journalistes de langue tant chinoise et malaise qu'anglaise, le commandant de Castelbajac reçoit M. François Simon de Quirielle, ambassadeur de France à Kuala-Lumpur. Les commandants se rendent ensuite en visite officielle auprès du docteur Lim Cheong Fu, « chief minister », représentant le pouvoir fédéral et auprès du gouverneur le Penang. A l'issue des visites en retour, un déjeuner est donné à bord, réunissant les autorités locales, civiles, militaires et même religieuses, avec Mgr Gregory Yong, évêque de Penang.


En fin d'après-midi, la musique du bord donne un concert sur l'esplanade de Georgetown, tandis que nos hélicoptères survolent en formation la ville. L'invitation à ces deux manifestations suffit à souligner la cordialité de l'accueil que nous a réservé la Malaisie et l'intérêt suscité par le passage de nos bâtiments. Dans la soirée, un cocktail réunit sur le pont d'envol de nombreux invités, tant malais que chinois, et une petite mais dynamique colonie française. Le lendemain 22 février, l'ambassadeur de France, relayé par M. Fun.ningham Brown, et l'attaché commercial, nous présentent la Malaisie dans une intéressante conférence, tandis qu'un autre ambassadeur, celui d'U.R.S.S, nous fait l'honneur de visiter notre bord.



A midi, les commandants s'envolent en compagnie du lieutenant. colonel Fouillant pour Kuala-Lumpur, capitale de la Malaisie, où ils seront reçus par les autorités fédérales, le chef d'état-major de la Marine, le chef d'état-major des armées, le secrétaire général du ministère de la Défense et le ministre adjoint de la Défense.

A peine entrés à bord, les commandants, accompagnés d'officiers et d'officiers élèves, se rendent au cocktail offert par le docteur Lim Cheong Fu, à l'issue duquel ils resteront à dîner et auront l'occasion d'apprécier la remarquable personnalité du « cheif minister ». A la même heure, dans un collège de Penang, dont l'encadrement a la particularité d'être international, les professeurs invitent une importante délégation du bord à assister à une soirée folklorique sans prétention mais très sympathique et présentée en français : chants et danses de Malaisie, Cambodge, Vietnam du sud, Philippines se succéderont pour le plus grand plaisir de nos équipages.

La seconde et dernière journée de l'escale arrive trop vite : elle est réservée au tourisme. Le tour de la riante île de Penang présente une grande variété de décors : belles plages du nord de l'île, mosquées, temples hinfous et bowstes, un funiculaire conduisant à 680 mètres d'altitude d'où l'on jouit d'un panorama splendide sur l'île de Penang et la toute proche province de Wellesley.

N'oublions pas le shopping dans la ville chinoise car Penang est port franc.


Cette escale s'achève avec une invitation à un excellent buffet dansant offert par l'ambassadeur de France dans une belle villa au bord de mer, résidence d'accueil d'une société française, et animé par deux orchestres dont celui du bord.

De nombreuses excursions et visites ont été organisées. Au profit des équipages, tour de l'île, visite de plantations d'hévéas, de fonde.ries d'étain, de fabriques de batiks. La population de Penang est très sportive et la presse a largement commenté les rencontres qui opposèrent en basket, volley et rugby nos petites équipes à des adversaires trop forts sans que la bonne humeur en soit pour autant altérée.




L'intérêt marqué pour notre passage est également traduit par la visite de la « Jeanne d'Arc » par plus de mille étudiants d'écoles de toutes confessions et de membres de diverses organisations de jeunes. Toutes ces manifestations nous ont permis d'établir des contacts empreints de la plus grande cordialité avec un pays que nous con.naissons très mal mais qui nous laissera un excellent souvenir et un impératif désir de retour. C'est ce qu'ont exprimé les messages d'adieu échangés entre le chef d'état-major de la Marine malaysienne et le commandant du groupe. Notre visite, dans ce pays fortement marqué par la colonisation britannique, coïncidait avec celle de la reine Elizabeth arrivée à Kuala Lumpur le lendemain même de notre arrivée à Penang.

Malgré la charge que ces visites simultanées ont pu représenter pour nos hôtes et la priorité qu'ils se devaient d'accorder à celle de la Reine, notre escale a été l'objet d'attentions et de manifestations d'amitié auxquelles nous avons été très sensibles. Les bâtiments ont repris la haute mer le jeudi 24 février au matin en route vers Colombo.


Guillaume Dufresne d'Arsel prise de possession de l'Isle de France - Île Maurice 1715

La prise de possession de l'Île Maurice -Isle de France 1715

Le café est la deuxième marchandise la plus échangée au monde, après le pétrole. La plus consommée, après l'eau. Il s'en boit 2,3 millions de tasses chaque… minute.

 


Un Français sur un timbre Mauricien. Et bien entendu, il est inconnu de la grande majorité des Français.

 Voici l'histoire de Guillaume Dufresne d'Arsel né à Saint-Malo.


En 1714, Guillaume Dufresne d’Arsel a 32 ans. Doté d’une bonne connaissance des mers du sud, la Compagnie des Indes lui confie le commandement du Chasseur afin de participer à la troisième expédition de Moka. 


C’est vers cette destination que fut organisée en 1708 une première expédition de la compagnie des Indes orientales, pour ramener du café de Moka, une ville portuaire du Yémen, connue pour la qualité de son arabica.


La cour de France ayant découvert et apprécié le goût du café, Dufresne d’Arsel est chargé d’implanter sur l’île Bourbon (Réunion) des plants de caféier. Il doit également répondre de cette mission auprès du Secrétaire d’État à la Marine, Jérôme Phélypeaux de Pontchartrain. Le café fera la fortune de l’île de la Réunion pendant bien longtemps, la « variété Bourbon » étant jugée la meilleure…


Le Chasseur, de 300 à 350 tonneaux, armé de 22 canons, monté par 90 hommes, appartenait à Hyacinthe Chapdelaine, sieur de Laumosne et à ses associés, c'est-à-dire à la Société de « Messieurs de Saint-Malo ». Le rôle d'équipage énumère Guillaume Dufresne, de Saint-Malo, capitaine, De Chapdelaine, second, Jean Garnier, lieutenant — alias Jean Garnier du Fougeray qui devait plus tard s'attribuer le rôle rempli par Dufresne, — Thomas Rivel, second lieutenant, Jean Thébault, aumônier, Pierre Littan, écrivain, Hugues Barbier, chirurgien, 21 officiers mariniers et 36 matelots.



Saint-Malo photo (c) JM Bergougniou

Le capitaine Guillaume Dufresne, sieur d'Arsel, né à Saint-Malo le 31 juillet 1682, était le quatrième des quinze enfants de Bertrand Dufresne, sieur du Demaine, et de Marguerite-Angélique Tassé. Les Dufresne ou du Fresne, sieurs des Saudrais, du Demaine, du Boissauvage, de Champdubois, etc., dont on constate la présence à Saint-Malo depuis le milieu du XVIe siècle étaient une des meilleures races de marins de la ville. Hervé Dufresne des Saudrais, capitaine du corsaire la Faluère, livra en 1697 un magnifique combat à une division hollandaise; il fut victorieux mais fut blessé mortellement. Son fils, Sébastien Dufresne, commandait le Grand-Dauphin à sa sortie du port de Saint-Malo, le 14 janvier 1711; ainsi que nous l'avons dit, il mourut à Canton ayant que le Grand-Dauphin eut fait le tour du monde. Dufresne d'Arsel avait pris part à la deuxième expédition de Moka en qualité de second capitaine du Diligent commandé par Colin de la Briselaine.








Le Chasseur sorti du port le 12 mars 1714, arriva sans incident le 30 septembre à Pondichéry où il resta jusqu'au 17 octobre, puis il gagna Moka, sa principale destination, le 15 janvier 1715. Il chargea 1.700 balles de café et après un séjour de près de six mois, muni des instructions de Pontchartrain remises par M. de la Boissière, il fit voile pour l'île Maurice le 29 juin. Il fit dans l'île une longue relâche, du mois de juillet au mois de septembre, car il avait de graves avaries à réparer. Peut-être aussi Dufresne d'Arsel voulut-il minutieusement vérifier qu'il ne restait aucun des habitants qu'il avait vus lors de la relâche du Diligent. Il trouva à Maurice un navire français comme lui, le Succès, petit bâtiment allant de Pondichéry en France. 


L'acte de prise de possession fut signé par le capitaine, par les deux lieutenants, Chapdelaine et Garnier du Fougeray, par l'écrivain Pierre Littan et par un agent de la Com- pagnie, Grangemont, qui se trouvait à bord du Succès. Cet acte a été plusieurs fois publié plus au moins exactement10, mais son importance pour l'histoire de l'île de France et même pour l'histoire de Saint-Malo, dont les fils présidèrent à la naissance et, en quelque sorte, au baptême de la colonie, paraît justifier qu'on la réédite ici :











« De Par le Roi :

» Nous, écuyer Guillaume Dufresne, capitaine commandant le vaisseau le Chasseur et officiers, en vertu de la copie de la lettre de Monseigneur le comte de Pontchartrain, ministre et secrétaire d'Etat, à Versailles, le 31 octobre 
1714, qui m'a été fournie à Moka, golfe de la mer Rouge, par le sieur de la Boissière, commandant le vaisseau l'Auguste, armé par Messieurs nos armateurs de Saint-Malo, subrogés dans les droits et privilèges de la royale Compagnie de France du commerce des Indes orientales, collationnée à l'original audit Moka le 27 juin 1715, portant ordre de prendre possession de l'isle nommée Maurice, située par 20 degrés de latitude sud, et par septante 8 degrés 30 minutes de longitude suivant la carte de Pitre Goos, laquelle dite carte prend son premier méridien au milieu de l'isle de Ténérif, dont je me sers, en cas que ladite isle ne fut point occupée par aucune puissance, et comme nous sommes pleinement informés tant de la part du sieur Grangemont, capitaine du vaisseau le Succès, 





et de ses officiers, arrivé à cette isle le septième may dernier et mouillé dans la baye nommée par les anglais Browsbay, autrement nommée par nous baye de la Maison Blanche, distante du port ou baye où nous sommes mouillés actuellement d'environ une à deux lieues, nommée par ladite carte des Anglais N° Wt 11 harbour, que cette ditte isle et islots étaient inhabités, et que pour être encore plus informé du fait, j'ai dispersé partie de mon équipage dans tous les endroits qui pourraient être habités; en outre, et afin qu'au cas qu'il y eut plusieurs habitants sur ladite isle, j'ai fait tirer plusieurs coups de canon par distances et différens jours, et après avoir fait toutes les diligences convenables à ce sujet, étant pleinement informé qu'il n'y a personne dans la dite isle Mauritius et islots, nous déclarons, en vertu et exécution des ordres de Sa Majesté à tous qu'il appartiendra prendre possession de ladite isle Mauritius et islots et lui donnons suivant l'intention de Sa Majesté le nom de l'Isle de France et y avons arboré le pavillon de Sa Majesté avec copie du présent acte que nous avons fait septuple à l' Isle de France, ce 20 septembre 1715, et cacheté du sceau de nos armes, fait contresigner par le sieur écrivain, les jour et au susdits.

» Dufresne,

» Grangemont,

» de Chapdelaine,

» Garnier,

» Littan » 12.





Le Chasseur rentra à Saint-Malo le 26 février 1716; dans son rapport 13, le capitaine n'eut garde d'oublier la relation de la prise de possession, mais Guillaume Dufresne d'Arsel ne paraît pas avoir essayé de tirer honneur et profit de l'exécution facile et exempte de danger de la mission dont il avait été chargé. Il continua à naviguer pendant plusieurs années et mourut à Saint-Servan, le 27 juillet 1738; il fut inhumé le lendemain dans le chœur de l'église.


Saint-Malo Intra-muros et le château photo (c) JM Bergougniou

Les navires Le Chasseur et La Paix partirent donc de Saint-Malo le 21 mars 1714. Guillaume Dufresne d’Arsel remplit efficacement sa mission mais un nouvel ordre lui parvient. En vertu d’ordres royaux reçus par un autre bateau, L’Auguste de M. de la Boissière, le 27 juin 1715, il doit prendre possession de la voisine de Bourbon, alors inoccupée, l’île Maurice. Il aborde l’île le 20 septembre, à la rade des Moluques, futur Port Louis et y plante symboliquement la Croix aux Lys d’or.

Mais Dufresne d’Arsel ne resta que peu de temps à la nouvelle Isle de France. En 1719, il repartit de l’Océan Indien honoré du titre de gouverneur de Moka. C’est pour le ravitailler que, le 6 septembre 1720, le chevalier Jean-Baptiste Garnier du Fougeray quitta Saint-Malo à bord du Triton. Et c’est avec lui que la colonisation commencera vraiment en 1721.




Cette année là, Garnier prend possession de l’Isle de France au nom de la Compagnie française des Indes orientales. Dans une publication de Janvier 1990, l’historien Amédée Nagapen mentionne que Garnier connaissait fort bien l’île et qu’il se trouvait sur des navires qui y faisaient des relâches plus ou moins longues, notamment Le Diligent, qui y fit escale en 1709. Selon Nagapen, Garnier se trouvait sur Le Chasseur lorsque Dufresne d’Arsel prit possession de l’île. Il fut même l’un des signataires de l’acte de prise de possession.





Mais Garnier voulut réinventer l’histoire en faisant table rase de la précédente prise de possession et en se l’appropria suite à sa visite de 1721. Lors de son passage à l’Ile Bourbon, il demanda au Conseil Supérieur de transcrire sur ses registres le compte-rendu de sa cérémonie de prise de possession, chose qui fut faite et signée par le capitaine, l’aumônier et les officiers. Rentré en France le 22 mars 1722, il fit un récit de ses hauts faits à la Compagnie et déclara avoir découvert l’île par hasard. Ses agissements furent payants, vu que se basant sur ses déclarations et la recommandation du Juge d’Armes Pierre d’Hozier, seigneur de la Garde, il reçut les lettres patentes de Louis XV, en octobre 1723, l’anoblissant.


Saint-Servan la tour Solidor photo (c) JM Bergougniou


La suite fut moins glorieuse, il entra en conflit avec la Compagnie des Indes, celle-ci lui reprochant des irrégularités de gestion sur la période 1724 – 1727. Il fut mis en prison à Saint-Malo pendant 2 ans, ne passa pas en jugement mais fut privé de commandement et de revenus. Pour se défendre, il fit publier, en 1729, un mémoire justificatif où il relata ses hauts faits. Il est fort probable que l’on ne le crut pas, vue la présence à Saint-Malo de nombreux marins connaissant l’Isle de France. Il décéda le 21 juillet 1747.

https://histoiresmauriciennes.com/quand-garnier-du-fougeray-veut-faire-oublier-dufresne-darsel/


Archives de la Marine à Brest, C6 57. — Sauf Garnier, qui était de Cancale, tous les officiers étaient de Saint-Malo. — Enregistrement (lu congé et décla- rat ion de départ, aux Arch. d'Ille-et-Vilaine, dépôt de Saint-Malo C4 275, f° 115.

Sous-Marin Duguay-Trouin Toulon premier jour SNA timbre

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