03 mai 2020

l'île de TROMELIN TAAF îles Eparses

Ile TROMELIN TAAF


Bernard-Marie Boudin, seigneur de Tromelin, dit le « Chevalier de Tromelin » (15 février 1735 à Morlaix - 4 décembre 1815 à Lyon) est un officier de marine, administrateur colonial et explorateur français. Il sert sous les ordres du bailli de Suffren dans l'océan Indien pendant la guerre d'indépendance des États-Unis, mais ses mauvaises relations avec son supérieur provoquèrent sa radiation des officiers de la marine. Il est nommé vice-amiral en 1793, pendant la Révolution.



L'île Tromelin est revendiquée par Maurice si on se réfère à ce timbre. 
L’enjeu de la « zone économique exclusive »
C'est surtout l’espace autour de l’île qui intéresse les deux Etats. L’îlot permet de revendiquer le contrôle de 280 000 km² de zone économique exclusive (ZEE), ce qui fait de la France l’Etat contrôlant le plus vaste espace maritime au monde avec, au total, 11,7 millions de kilomètres carrés de ZEE. Concrètement, la ZEE permet notamment le contrôle des droits de pêche et d’exploitation d’éventuelles autres ressources. Un enjeu de taille pour une telle surface.

Nous sommes le 11 août 1722, à bord du navire de la compagnie des Indes : La Diane. Son capitaine, Jean-Marie Briand de la Feuillée, se laisse sûrement porté par les alizés quand il voit l’île pour la première fois. Il ne s'y arrête pas et la nomme sobrement "Île des sables". Il faut dire que rien d'autre ne semble y pousser... 


Son surnom : "le danger" et elle le porte bien puisque le deuxième élément clé dans son histoire après sa découverte, est un naufrage. Celui ci eut lieu le 1er août 1761. Cette fois, le navire est baptisé l'Utile et transporte à son bord des esclaves venus de Madagascar à destination de l'Île de France qui à l'époque de ne se situait pas dans le bassin parisien mais désignait l'île Maurice. Si la moitié des esclaves perdent la vie lors du naufrage, l'autre moitié est, elle, abandonnée à son triste sort par l'équipage. Et la promesse de venir les récupérer ne fut jamais tenue... ou presque.




Le 30 AVRIL 1954: Le "MARIUS MOUTET" est devant TROMELIN, avec 32 tonnes de matériel et de matériaux à bord .




A la suite d'une demande de l'Organisation météorologique mondiale créée en 1950, les autorités des TAAF décident en janvier 1953 l'installation d'une station météorologique sur l'île de Tromelin, cette installation servira notamment à surveiller les cyclones.




Serge Frolow dirige les opérations. Après bien des péripéties, la station météorologique est installée.



Après avoir salué l'île, Le Marius Moutet quittait Tromelin le 5 mai 1954 et après une traversée sans problème arrivait en vue de Tamatave le 7 mai vers 3 h du matin. Au verso des courriers , les oblitérations de Tamatave seront du 7 Mai 1954.


Les premiers renseignements météorologiques furent diffusés le 8 mai depuis Tromelin. La construction de la piste pour les avions commencera vers cette date.



Les rapports de mission de Serge Frolow
Il existe trois rapports de mission établis par Serge Frolow : le premier intitulé : Mission de reconnaissance à l’île Tromelin provenant des archives du service météorologique de Madagascar (Année 1953), fait partie d’un document qui ne comporte ni date, ni référence, ni mention du rédacteur. 


Les trois premières pages (folios 198 à 200) traitent de la mission de reconnaissance et constituent sans doute le rapport no 0400/A du 22 janvier 1954 que S. Frolow cite dans un rapport ultérieur. Les autres pages traitent des deux missions de 1954 (mai et novembre), effectuées pour l’installation de la station. Leur rédaction date du début 1955 dans la mesure où le texte fait mention du passage du croiseur Jeanne d’Arc à Tromelin qui a eu lieu le 17 janvier 1955.

Il s'agit de la première liaison aérienne, la piste étant terminée récemment. La date du premier voyage est imprécise et elle a été rayée sur le cachet du trajet aller.
Le retour s'est effectué le 31 juillet 1954 et le cachet d'arrivée à Tananarive est du 1er aout 1954.



Le troisième rapport de 11 pages est intitulé : Rapport sur l’installation de la station météorologique de l’île Tromelin, il est signé et daté du 15 mai 1954, sans autre référence.
Ce dernier rapport figure également aux Archives nationales (Pierrefitte-sur-Seine) – F/14/20994, navire baliseur Marius Moutet (1946-1954).









L’installation de la station fut réalisée par l’équipe suivante : l’ingénieur en chef de la Météo Serge Frolow, l’ingénieur de la météo Langlois, le médecin commandant A. Legeais, le géologue R. Pavlovsky, l’adjoint technique Jouanny, l’adjoint technique Chedhomme, le commis prin­cipal Rapiera, deux ouvriers spécialisés, dix manœuvres malgaches, six manœuvres destinés à aider au débarquement de matériel et à assister le géologue. 


Quatorze personnes restèrent sur l’île après le débarque­ment et l’installation des matériels : les deux agents techniques, les dix manœuvres malgaches et les deux ouvriers spécialisés. Les ouvriers malgaches resteront eux aussi des « oublies de Tromelin », dans la mesure où nous n’avons pu retrouver le nom d’aucun d’entre eux.











Le premier avion se pose sur la piste (23 juillet 1954) aidé par un radiophare américain du type B.C. 191 prêté par l’armée de l’air.

Ces deux essais infructueux sont mentionnés dans le rapport de mission de Serge Frolow, fo 202, l’ (...)




Il s’agit de la version française du Junker 52 construit après la guerre par les usines Amiot à Co (...)

Un radiophare a été installé et l’aménagement de la piste est terminé le 20 juin. Le premier vol prévu dès cette date est différé. Le 23 juillet, après deux essais infructueux officiellement en raison de la mauvaise visibilité, mais probablement parce que l’île n’a pas été trouvée, le premier avion AAC 1 Toucan10 no 372 de la base aérienne 181 d’Ivato, immatriculé F-SCLL, se pose sur l’île. Il est piloté par le capitaine André Poux, son navigateur est l’adjudant-chef Espinet.





Le 23 juillet 1954, premier vol vers Tromelin
Si cette date était mentionnée précisément dans l’article rédigé par le médecin commandant Legeais dès 1955, on ne pouvait, compte tenu du mauvais état de conservation du rapport de Frolow, lire que le chiffre 3. Ainsi de nombreux auteurs, y compris nous-mêmes (Guérout, Romon 2010, p. 28), mentionnent par erreur soit la date du 9 juillet (Malick, 1976 ; Oraison 1987…), soit celle du 8 juillet (Pénette 2005).



Ce dernier ouvrage indique p. 35 : « 8 juillet [1954], première liaison aérienne Madagascar – Tromelin, la poste appose un cachet spécial sur le courrier », ce qui semble indiquer que la date du vol a très probablement été déduite de celle qui figure sur le cachet de la poste.



Ce dernier est parfois apposé avant le départ, comme le montre les quelques exemples dont nous disposons. Peut-être aussi ces enveloppes « Première liaison aérienne Tromelin – Madagascar » ont-elles été tamponnées avant le départ des deux tentatives avortées dont nous ne connaissons pas les dates exactes. Legeais signale à propos du vol du 31 juillet : « En même temps 17 kg de lettres faisaient le voyage aérien entre Tananarive, Antalaha, Tromelin et retour pour le plus grand plaisir des philatélistes du monde entier ».



Lors de ce vol du 23 juillet, le capitaine Poux effectue la première couverture photographique de l’île. Et, à la suite de cette mission, le colonel Fleurquin, commandant de l’Air en Afrique orientale fran­çaise, transmet au directeur du service de la Météorologie à Madagascar, le compte rendu du médecin commandant Legeais, accompagné de 3 photos verticales (échelle approximative 1/2000) et de 15 photos obliques et vues du sol. Il y joint les observations suivantes :


« La deuxième mission à laquelle participait le Médecin Commandant Legeais permet d’apporter les précisions suivantes :
Les « bosses » signalées sur la piste par le capitaine Poux sont dues à des apports de sable par le vent ;
La piste est bonne et seule une vérification devra être effectuée avant chaque atterrissage ;
La position de l’île donnée par les documents anciens est certainement erronée. Au lieu de 15° 54’S – 54° 29’E, elle semblerait après restitution des divers éléments de navigation, être la suivante : 16°14’S – 54° 10’E. Toutefois ces coordonnées ne pourront être confirmées qu’à l’occasion d’une mission d’étude ayant en particulier la possibilité d’effectuer plusieurs séries de mesures de hauteur sur les étoiles. »





Ces tirages de l’ensemble du négatif portaient les no 8 et no 10.

Cet ensemble de photographies n’a été retrouvé ni dans les archives de Météo-France La Réunion, ni dans les archives du SHD, et il nous a fallu de longs mois pour en retrouver quelques-unes, souvent par le plus grand des hasards. Par exemple deux d’entre elles sont apparues au début de l’année 2012 sur le site Internet « Google images » sans que nous ayons pu remonter à leur source.

Fort heureusement la définition de ces images était suffisante pour que nous puissions en réaliser un agrandissement.
Sur le même site de vente en ligne est également apparue une troisième photo en basse définition accompagnée d’une carte postale adressée le 31 juillet à Madame R. Lombaert, peut-être par le capitaine Lombaert lui-même. L’acheteur Philippe Roulois, retrouvé et identifié, a accepté de nous l’envoyer en haute définition, qu’il en soit ici remercié.

Ce n’est qu’en 2014 que nous avons retrouvé un article rédigé par le médecin commandant Legeais, qui est illustré par les deux photographies ci-dessus. Elles sont accompagnées à la page 90 d’un montage photo de vues verticales qui servira par la suite à l’élaboration de la carte du Père Cattala.

Un deuxième vol, assuré par un Toucan AAC1 de la base aérienne 181, se pose le 31 juillet, il est piloté par le sous-lieutenant Dubreuil, son navigateur est le sous-lieutenant Laffont. Il vient récupérer six manœuvres dont l’un souffre d’asthme14 et l’adjoint technique Chedhomme qui est tombé malade le 23 juillet15 et doit être hospitalisé à Tananarive



Les relations aériennes entre Tromelin et la Réunion étaient effectuées par avion militaire type Transal.
A partir du 10 juillet 2015 ces transferts s'effectuent par avion Casa-CN 235-300. Ce courrier a utilisé ce type d'avion pour rejoindre La réunion.

merci à René Pauliat 

et à l'UFPP-SATA pour les plis 1er jour

Sources 


TROMELIN
Max Guérout


le Monde 
France Inter 
La Croix

Campagne 1971 - 1972 PH Jeanne d'Arc Victor Schoelcher Nouvelle Zélande Wellington

Campagne 1971 - 1972 PH Jeanne d'Arc Victor Schoelcher Nouvelle Zélande Wellington

LA CAMPAGNE DE L'ECOLE D'APPLICATION 

NOUVELLE-ZÉLANDE






De Raiatea à la Nouvelle-Zélande, le groupe Ecole d'application a peut-être suivi la route des Sept Canoés supposés avoir importé la race maorie en ce pays. Cette traversée de sept jours a été marquée par une joyeuse nuit de la Saint-Sylvestre en mer et le passage de la ligne de changement de date, qui nous a, en un instant, fait vieillir d'un jour, la journée du 3 janvier ayant été sautée.
Le 5 janvier, les deux bâtiments du groupe font leur entrée dans la magnifique rade fermée de Wellington, capitale de la Nouvelle-Zélande, où ils saluent la terre de 21 coups de canon.








Dans la matinée, la Nouvelle-Zélande d'hier et d'aujourd'hui est présentée au personnel par un professeur néo-zélandais, M. Dunmore, qui prononce une brillante conférence dans un français remarquable.

Pendant ce temps, les commandants échangent des visites officielles avec S.E.M. de Nicolay, ambassadeur de France, sir Francis Kitts, lord-maire de Wellington et le contre-amiral L.G. Carr, chef d'état-major de la Marine néo-zélandaise, un déjeuner officiel réunit sur la « Jeanne d'Arc » ces personnalités ainsi que les chefs d'état-major des Armées de l'Air, et des attachés militaires d'Australie, de Grande-Bretagne et des Etats-Unis.







Le premier contact des permissionnaires avec Wellington n'est pas enthousiasmant, car nous sommes en été, à la période des grandes vacances et la ville spacieuse, propre et jolie, a été désertée, comme Paris au mois d'août. Mais de nombreuses réceptions vont rapidement réchauffer les cœurs : dîner à l'ambassade pour les commandants et le chef d'état-major du groupe, invitation très sympathique de M. Jambon, représentant local des Messageries maritimes pour une trentaine de midships, réception au Hiddle Watch Auxiliary Navy League par de « Typical old ladies » pour les officiers. Enfin, un bal très dynamique offert à l'équipage par le Catholic Maritime Club.

La Ligue navale de Nouvelle-Zélande est une organisation maritime établie en 1896 en Nouvelle-Zélande.







Les journées suivantes sont l'occasion de nombreuses autres rencontres, toujours placées sous le signe de la simplicité et de la bonne humeur, déjeuner chez le chef d'état-major de la Marine, cocktail à l'ambassade de France, apéritif à bord du « Mankefield », bâtiment fictif désignant le ministère de la Marine néo-zélandaise 
avec modération

où la bière est bien réelle, plusieurs dégustations de vins locaux très appréciés, et où notre chauvinisme trouve son compte puisque les Néo-Zélandais ont pris pour conseillers techniques des œnologues français, et bien sûr un cocktail très réussi, à bord de la « Jeanne d'Arc », qui reçoit 450 invités extérieurs, civils et militaires.




Le Néo-Zélandais étant très sportif, les rencontres les plus suivies, en particulier par la presse, sont celles d'escrime et de judo. Nos plongeurs sont invités par le Wellington Underwater Swimming Club, beaucoup d'autres, à titre privé, feront du cheval ou participeront à des parties de chasse.




Mais la vraie Nouvelle-Zélande n'est pas celle de la ville, c'est celle des pâturages à perte de vue, jusqu'aux montagnes où est conservée la forêt, le « bush » original et sauvage, dans d'admirables parcs nationaux.
Le Gouvernement Tourist Bureau a organisé à notre intention de très belles excursions à l'intérieur du pays, à Masterton, petite ville d'éleveurs à 100 km au nord de Wellington. 



Les équipages y visitent une laiterie moderne et assistent aux démonstrations des principales activités des éleveurs : tonte des moutons, rassemblement des moutons par les chiens, abattage d'arbres. Une soixantaine d'officiers et d'officiers élèves sont reçus dans des familles de Masterton et y passeront deux excellentes journées de plein air, à cheval ou à pied dans les pâturages ou au parc national de Tararua. A ces activités organisées, s'ajoutent de nombreuses invitations privées, les marins sont souvent pris en charge dans les rues de Wellington et partout ils reçoivent un accueil sympathique très personnalisé.



Le « British Way of Life » ne doit pas faire oublier les « Maoris », premiers habitants de la Nouvelle-Zélande, maintenant bien intégrés dans la nation, ni leur culture. Un groupe folklorique « maori » où se mélangent Néo-Zélandais de souche maorie et britannique, présente à bord ses chants et ses danses et obtient un franc succès. Il est ensuite reçu par le commandant dans ses appartements. La « Jeanne d'Arc » obtiendra également un grand succès d'estime puisqu'elle recevra près de 3.000 visiteurs, en deux après-midi, dont une très pluvieuse.
Nous quittons la Nouvelle-Zélande avec regret. Le pays nous a enchantés avec ses paysages d'une grande beauté, ses habitants nous ont frappés par leur caractère équilibré et sportif, leur vie saine de plein air, en contact avec la nature et leur amitié simple et directe.


02 mai 2020

Patrouilleur ALBATROS et l'hommage aux frères Bossière 1990

Patrouilleur ALBATROS 1990 et l'hommage aux frères Bossière 



L'Albatros, le patrouilleur des Terres australes et antarctiques françaises (TAAF) débute cette semaine une Iper à Lorient. Ayant quitté le 2 mai dernier la Réunion, il était arrivé à Lorient le 25 juin. Il reprendra la mer début février 1991 pour une période d'essais et devrait être déclaré disponible un mois plus tard pour repartir en océan Indien. Pendant son absence en sous-zone 52, il sera remplacé par le RHM Centaure qui passera le canal de Suez à la mi-août et devrait démarrer une nouvelle patrouille dans les TAAF le 24 septembre prochain.

Les diverses avaries sur la propulsion qu'avait connues le bâtiment ces dernières années, ont apporté quelques enseignements. L'Etat-Major de la Marine décide de profiter de la prochaine période d'IPER, pour effectuer une refonte complète de la propulsion. Celle-ci ne pouvant se faire qu'en Métropole, l'Albatros quitte Mayotte le 19 mai, et rejoint Lorient, via Port Victoria (22 au 25 mai), Djibouti (30 mai au 1er juin), passe le canal de Suez le 6 juin, Port Saïd (Egypte - 6 au 11 juin) et Malaga (Espagne - 17 au 21 juin). Il arrive à Lorient le 25 juin où il entre en Pré-IPER.

Une longue IPER, qui commence le 9 juillet, et au cours de laquelle tout l'appareil propulsif est remplacé par un ensemble neuf. Il est vrai que l'ancien avait 150 000 heures de marche ! Le nouvel appareil propulsif comprend désormais 2 groupes électrogènes de propulsion (660V, 50Hz, 1300 kW), deux redresseurs et 2 moteurs électriques de propulsion à courant continu de 860 kW chacun. L'alimentation électrique du bord est assurée par 2 diesels-alternateurs de 375 kW. C'est la société "Electro Navale" de Saint-Herblain qui est chargé de cette importante modification.

Ces périodes d'entretien longues sont aussi l'occasion pour les équipages de participer à des opérations de relations publiques. Deux urnes sont ainsi remises au président de la société "J.B. Charcot". L'une contenant de la terre de l'Archipel de Kerguelen, prélevée le 22 mars à Port Couvreux ; l'autre contenant de la terre prélevée à l'île Saint Paul le 14 mars 1990. Cette terre est déposée dans la sépulture de René Bossière le 25 juillet 1990 à Touffreville La Corbeline ; le même jour son frère Henry est arrivé de Mortagne au Perche. Henri et René Bossières sont des explorateurs havrais, pionniers des Terres Australes et Antarctiques Françaises au début du siècle.

TàD LORIENT NAVAL 26-6-1990 Date de l'arrivée à Lorient pour IPER


L'Albatros et les frères Bossière à Touffreville - La Corbeline par le capitaine de corvette de Moncuit de Boiscuillé

Port-Jeanne d'Arc photo JM Bergougniou


Seuls quelques rares privilégiés n'auront pas de difficulté à trouver un rapport entre ces noms, car il y manque une clé : « Kerguelen».

En effet, les missions de l' Albatros le font patrouiller autour des îles Kerguelen, et sans la ténacité, le courage et l'esprit d'entreprise de quelques hommes comme les frères Bossière, ces îles n'auraient pas été françaises. Ils méritaient que leur nom ne soit pas oublié. Si l'amiral de Kerguelen, Lapérouse, Marion Dufresne ou Dumont d'Urville ont leur place dans notre mémoire, René et Henry Bossière doivent y entrer.


Une prise de possession française et fraternelle
Port-Jeanne d'Arc photo JM Bergougniou



Ils ont au début de ce siècle essayé d'exploiter ces terres lointaines et sauvages, étant convaincus qu'à latitude et climat identiques, il était juste d'attendre des résultats identiques à ceux qu'obtenaient les Anglais aux Malouines.
C'est ainsi que grâce à eux, le gouvernement français a fait procéder à une prise de possession en 1893 des îles Kerguelen et des îles St-Paul et Amsterdam. Il était temps car les Anglais et les Australiens s'y intéressaient, et depuis 1774, on ne savait plus très bien à qui elles appartenaient.

Henry Bossière a été nommé « Résident de France » aux Kerguelen et a reçu une licence d'exploitation exclusive pour 50 ans. René Bossière se chargeait de St-Paul et Amsterdam dans les mêmes conditions.

Le cratère de l'île Saint-Paul et
l'usine de conserve de langoustes

L'aide de l'Etat s'est arrêtée là ; aucune subvention ne leur a été accordée, ils ont dû se « débrouiller ».

Ils ont alors affrété des bateaux, introduit des moutons aux Kerguelen, exploité l'huile d'éléphants de mer, créé Port Couvreux et Port Jeanne d'Arc avec l'aide des Norvégiens, exploité la langouste à Amsterdam, encouragé et financé en partie des expéditions scientifiques dont la mission hydrographique des frères Rallier du Baty. Mais ils ont hélas souvent joué de malchance, et « l'Eldorado» du sud de l'océan Indien s'est transformé en échec. Ils sont rentrés en métropole en 1938 ruinés, et sont morts tous les deux en 1941. L'un, René était enterré à Touffreville la Corbeline, l'autre, Henry, à Mortagne du Perche.

Une terre venue de loin



L'installation après la Seconde Guerre mondiale, de bases scientifiques permanentes et la poursuite des campagnes de pêche dans ces îles prouvent que leurs ambitions n'étaient pas si folles et leurs efforts justifiés.

C'est pour honorer leur mémoire qu'une cérémonie a été organisée le 8 septembre 1990 à Touffreville la Corbeline, par le Révérend Père Jacques Bossière, petit neveu d'Henry, et par le président de la société philatélique Jean-Baptiste Charcot.
Les deux frères, séparés depuis 1941, ont été enfin réunis.

La dépouille d'Henry Bossière a été ramenée à Touffre ville. De la terre des Kerguelen et de St-Paul rapportée par l'Albatros lors de son retour en métropole a été déposée dans leur tombe.
L'office religieux, l'inauguration d'une plaque commémorative, de nombreux discours rappelant la vie des deux frères, un traditionnel vin d'honneur, une liaison radio amateur avec les Kerguelen à 13 000 km et un sympathique dîner marquaient cette émouvante journée.


Elle avait rassemblé outre le Révérend Père Bossière, les membres de la société philatélique Jean-Baptiste Charcot, une délégation de l'Albatros, le secrétaire général des TAAF, de nombreuses personnalités départementales, députés, conseillers généraux, maires... Jean-Paul

Ces deux hommes ont mérité ces belles cérémonies, et ils ont mérité que le commandant, deux officiers mariniers et deux quartiers-maîtres de l' Albatros viennent leur rendre un dernier hommage en Normandie, sans eux les îles australes ne seraient pas françaises et l'Albatros n'existerait pas.

Ex Névé. Chalutier construit au Havre en 1967. Acheté, transformé et armé pour la Marine en 1983.

Missions : patrouilleur des Terres australes. Caractéristiques :

- Déplacement: 2800 tonnes - Longueur : 85 mètres - Largeur : 13,5 mètres - Tirant d'eau : 5,7 mètres - Tirant d'air : 25,7 mètres - Armement : 1 x 40 mm - 2 x 12,7 mm - Propulsion : Diésel électrique - 2200 ch

1 hélice

L'Albatros devant Port-aux-Français Kerguelen

Equipage : 6 off. ; 22 OM ; 19 QM

A Lorient pour Iper du 25 juin 1990 à mars 1991. n »

DECOUVERTES DES TAAF - DATES IMPORTANTES

1522 : Sébastian del Cano découvre St-Paul qu'il ne nomme pas.

1559 Sur le portulan d'Evert Gysberths, on relève une île nommée St-Paulo. 1633 : Le gouverneur Van Diemen (Pays-Bas) passe entre St-Paul et Amsterdam qu'il nomme Niew Amsterdam.

1772 : Marion Dufresne découvre et nomme les « Iles Froides » (Crozet) dont son second, Crozet, prend possession (d'où leur nom).

1772 Le lieutenant de vaisseau de Kerguelen découvre une terre qu'il appelle « France Australe » ; il pense qu'il s'agit du continent antarctique.

1773 : Cook passe au sud des Kerguelen, sans les voir, il détermine ainsi que ce sont des îles.

1774 : Prise de possession des Kerguelen par l'EV de Rochegude qui accompagne le CV de Kerguelen.

1839: Prise de possession de la Terre Adélie par Dumont d'Urville.

1843: Prise de possession de St-Paul et d'Amsterdam.

1844: Evacuation de la garnison de St-Paul.

1893 : Reprise de possession des Kerguelen ; concession accordée pour 50 ans aux frères Bossière. Henry Bossière nommé résident de France aux Kerguelen. 1893: Reprise de possession de St-Paul et d'Amsterdam.

Port-Jeanne d'Arc photo JM Bergougniou

1908 : Création de Port Jeanne d'Arc (Kerguelen), installation d'une usine franco-norvégienne.

1911 Création de Port Couvreux (Kerguelen), essais d'élevage de moutons. 1931 Reprise de possession des îles Crozet.

1940-1941 Relâche de corsaires allemands aux Kerguelen et mouillage de mines par l'Australia.

1949 : Fondation de Port aux Français, installation de la première station météo. 1950: Ouverture d'une première station météo permanente à St-Paul. 1964: Installation de la station météo Alfred Faure à Crozet.


Sources 

Cols Bleus

BnF Gallica

01 mai 2020

PH Jeanne d'Arc EE Victor Schoelcher Arès les fastes d'une escale au Pérou, le Groupe Ecole d'Application mit cap à l'ouest. Objectif : Mururoa.

Après les fastes d'une escale au Pérou, le Groupe Ecole d'Application mit cap à l'ouest.

Objectif : Mururoa.

Douze jours de mer, avec leur rythme monotone et cependant animé par l'Océan lui-même. ■Nous nous attendions à trouver les flots bleus du Pacifique : une mer grise répondit à notre attente".




Cela n'empêcha pas la routine des exercices de s'instaurer. Perfectionner dans tous les domaines l'entrainement des midships et de l'équipage, tel était le but de cette traversée. Les vols d'hélicoptères, participant à des chasses de sous-marins fictifs, devenaient traditionnels tous les matins. Les ravitaillements à la mer ne présentaient plus de secret pour les boscos, et les midships parvenaient à saisir quelques finesses des exercices d'évolutions.



Routine aussi des travaux d'entretien et de maintenance. Routine du travail quotidien. Routine de la navigation. C'est avec une exaltation digne de la vigie de Christophe/Colomb criant « Terre- que les veilleurs ont annoncé le passage d'un bâtiment.

Routine, mais non monotonie. Le troisième jour, le soleil fit son apparition. Il fut salué par l'éclosion des shorts et des sandales. Et à l'heure de la sieste, nombreuses ont été les peaux qui ont viré du blanc « cachet d'aspirine » au rouge « écrevisse ».

C'est avec un intérêt non dissimulé que l'on allait se renseigner sur la température de l'eau de mer, en rêvant aux baignades dans les îles polynésiennes.

Certains, prévoyants, envoyaient télégrammes et paquets à t'agence postale, pour qu'ils soient distribués le jour de Noël aux êtres chers laissés en France.





L'équipe d'animation de Radio Donrémy entretenait par ses jeux et ses variétés le moral de tous. Le dimanche 5 décembre fut consacré à fêter Sainte Barbe et Saint Eloi dans la bonne "humeur. Les « biffins » parleraient de jour férié, ils oublieraient la 3religion du quairt », qui ne saurait perdre ses droits en quelque circonstance que ce soit. Un tir à la corde organisé sous forme de concours interrégional marqua les festivités, au milieu des déguisements et de la liesse générale.




Cela n'empêchait pas les exercices et le travail de conserver leur rythme lancinant. Noblesse oblige. Douze jours de mer ne sont pas si courants au cours de la campagne pour se permettre de laisser passer une telle occasion.


Le dixième jour, pour rompre avec la lassitude des horizons vides, l'ilot de Pitcairn surgit des flots, non pas comme la Vénus de Botticelli de sa coquille, mais simplement parce que la navigation était bien faite. Cet Ilot volcanique, propriété de sa très Gracieuse Majesté, nous étonna par ses falaises abruptes et sa végétation luxuriante. Et tandis que le Groupe mouillait devant l'île,

La campagne de l'Ecole d'application

Impressions et Souvenirs

le commandant allait rendre visite au chef de l'île en hélicoptère. La moitié de sa population — soit 50 personnes environ — en profitait pour « prendre d'abordage » la « Jeanne », la visiter et vendre des objets d'artisanat local.



Courte visite, puisque dès midi nous sommes repartis. Direction : les Gambier. Le, lendemain, 10 décembre, dans la matinée, la « Jeanne d'Arc » et le « Victor Schoelcher - venaient mouiller dans le lagon. Une partie de l'équipage descendit s'ébattre sur l'atoll. Et tous profitèrent de la distribution de courrier gracieusement acheminé par Cessna depuis Mururoa.



L'après-midi nous avions rendez-vous avec « La Charente ». Et durant cinq heures — cinq heures seulement pour ne pas rivaliser avec les shadocks — nous avons pompé dans les flancs de la « substantifique moelle » nécessaire à notre bonne marche : mazout pour la « Jeanne » par méthode de ravitaillement à couple, gas oil pour le « Schoelcher », en flèche. Une première dans les annales de la * Charente », s'est-on laissé dire.

Enfin le 11 au matin, Mururoa était en vue.

Le contre-amiral Lauré, commandant supérieur du Pacifique, arrivait lui-même à bord par Super-Frelon dès 7 h 30. Il était accompagné du capitaine de vaisseau Labbé, commandant des sites et de M. Boyer, directeur technique du C.E.A. Ces trois personnalités présentèrent aux midships les missions et l'organisation du C.E.P. et les installations de l'atoll. Conférence suivie d'une visite des sites. Beaucoup de béton et d'électronique dont nous ne saurions parler plus longuement 1 Top-Secret 1


Dans l'après-midi tout le monde put aller se détendre sur la plage ensoleillée. Beaucoup équipés de masques et tubas, ont goûté aux joies du monde du silence. Un « pot » clôturait la soirée au mess des officiers ainsi qu'à celui des sous-officiers.
Le lendemain, les commandants et les midships s'envolaient pour Hao, base avancée du C.E.P. à 50 kilomètres au nord de Mururoa. Visite technique certes, mais aussi détente dans les eaux limpides du lagon, suivie d'un repas sympathique.

Ces deux jours d'escale — en effet le soir même nous mettions le cap sur Papeete — ont été consacrés à l'information technique des officiers-élèves. Pour tous, ils furent l'occasion de se remettre de ces douze jours de mer avant d'affronter les charmes de Tahiti.

Douze jours de mer, dont notre expérience de marin ne pouvait se passer et qui nous permettent de nous rappeler que la « Jeanne d'Arc », si elle est l'occasion d'escales splendides, est avant tout un apprentissage quotidien du métier de marin.

EV 2 CONVERT.

(Poste 5)

Sources 

Cols bleus
La Marcophilie de Daniel

http://marcophiliedaniel.blogspot.com/2013/02/polynesie-marine-nationale-francaise.html

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