Pierre Dac à dit
"Je voudrais travailler dans un magasin de rêve où l'on ne vendrait que des choses imaginaires."
Dès octobre 1940, Radio-Paris devient un des principaux vecteurs de la propagande officielle, et Philippe Henriot, à partir de février 1942, met ses talents oratoires au service de l’occupant. Ses éditoriaux lui valent une influence grandissante : en janvier 1944, il est d’ailleurs nommé secrétaire d’État à l’Information et à la Propagande.
Malgré le brouillage des ondes et les risques encourus, le succès rencontré par les émissions françaises de la BBC accroît la violence de la guerre des ondes que se livrent Philippe Henriot, éditorialiste de Radio-Paris et certains membres de l’équipe française de la radio britannique, dont Maurice Schumann, porte-parole de la France libre, et Pierre Dac, attaqué la veille à propos des ses origines juives.

Au micro de la BBC à partir d'octobre 1943, dans "Les Français parlent aux Français", il mène une impitoyable guerre des mots contre Radio Paris, écrivant plus de quatre-vingts éditoriaux et chansons, fustigeant Pétain, les collaborateurs et les occupants.
Cliquez sur le lien ci-dessous
![]() |
Les fils de Pétain |
Une véritable bataille des ondes s’engage alors avec certains membres de l’équipe française de la BBC. Maurice Schumann, porte-parole de la BBC, répond ainsi à ses diatribes à l’égard des maquisards, notamment au moment de la répression du maquis des Glières (février-avril 1944), durant laquelle Henriot s’est présenté, à tort, comme un témoin fiable (reportage en direct).
Après cet épisode, l’équipe du programme radiophonique « Les Français parlent aux Français » demande à Pierre Dac de donner systématiquement la réplique à Philippe Henriot. En effet, depuis octobre 1943, l’humoriste participe à l’élaboration de sketches, de chansons et de slogans qui connaissent un succès incontestable auprès de la population métropolitaine. La veille, Philippe Henriot a cherché à discréditer Pierre Dac, de son vrai nom Isaac André, auprès des auditeurs. En évoquant les origines israélites de l’intéressé, il a remis en cause son attachement à la France.
Par la suite, du début de l'année 1945 jusqu'à la capitulation du Troisième Reich, Pierre Dac a été correspondant de guerre en Allemagne pour la Radio Diffusion Française – au Tyrol notamment, où il réalisa une série d'interviews. Dans cette archive, il tend son micro à trois personnalités notables : Paul Mauser, petit fils et héritier du célèbre industriel de l'armement ; Leni Riefenstahl, réalisatrice du Triomphe de la volonté et des Dieux du stade ; et enfin le docteur Fucke-Michels qui, en épousant Ilse Braun, sœur d'Eva, était devenu le beau-frère d'Hitler.Avec une ironie discrète, mais non dissimulée, Pierre Dac les interrogeait en cherchant à savoir comment la vie s'était passée pour eux durant les dernières années, en leur demandant au passage s'ils avaient des nouvelles d'Hitler. "Pierre Dac correspondant de guerre au Tyrol", première diffusion le 8 août 1945 sur les ondes de la Radiodiffusion française.Pierre Dac, qui ponctuait les interviews de remarques désabusées, conclut : "Laissons donc ces personnes à leur passé qu’ils renient et à leur avenir incertain. La chose la plus difficile à réaliser présentement, c’est de trouver un '"vrai nazi", qui ne craint pas d’annoncer la couleur : c’est à se demander s’il y en a eu vraiment ! Nous sommes heureusement un certain nombre qui gardons le souvenir cuisant de ces messieurs et dames de "l’ordre nouveau". Puissions-nous ne jamais l’oublier, c’est la grâce que je nous souhaite ainsi qu’à nos alliés d’hier, d’aujourd’hui et de demain."
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire