Ecole navale 1930
L'ÉCOLE D'APPLICATION DE LA MARINEII n'est pas inutile de revenir sur la question de l'organisation des cours et exercices de l'Ecole d'application des futurs officiers de marine ue nous avons eu l'occasion d'effleurer à propos des débats de Edgar-Quinet. Le système actuellement en vigueur, depuis de longues années, est caractérisé par la juxtaposition de deux écoles. l'Ecole navale de Brest, dont les cours durent deux années,, et qui va enfin, espérons-le du moins, fonctionner d'ici peu à terre, dans des installations dignes d'elle, et l'Ecole d'application, à la mer, successivement à bord des bâtiments anciens comme L’Iphigénie, le Duguay-Trouin, le Jeanne-d'Arc, L’Edgar-Quinet, et qui sera transférée, l'an prochain, pour la première fois, à bord d'un navire-école construit et aménagé à cet effet, le nouveau Jeanne-d'Arc. Par la force des choses, les cours de l'Ecole navale sont surtout théoriques.
Le développement de la science et de la technique navales, la nécessité de donner aux futurs chefs de la marine, une solide culture générale ont amené progressivement programmes et emplois du temps à l'encombrement maximum. Les heures réservées à l'exercice physique, à l'amarinage, aux courses en baleinières, en embarcations à voiles ou en torpilleurs, sont chichement mesurées. La première année comporte une brève randonnée sur lés côtes de l'océan, la seconde, un mois de navigation environ, sur les côtes d'Angleterre ou de Norvège sur des avisos annexés à l'Ecole.
Malgré toute la bonne volonté des élèves et le dévouement du personnel enseignant, la formation pratique des futurs navigateurs est à peine esquissée à l'Ecole navale.
que nous avons eu l'occasion d'effleurer à propos des débats de Edgar-Quinet. Le système actuellement en vigueur, depuis de longues années, est caractérisé par la juxtaposition de deux écoles. l'Ecole navale de Brest, dont les cours durent deux années,, et qui va enfin, espérons-le du moins, fonctionner d'ici peu à terre, dans des installations dignes d'elle, et l'Ecole d'application, à la mer, successivement à bord des bâtiments anciens comme L’Iphigénie, le Duguay-Trouin, le Jeanne-d'Arc, L’Edgar-Quinet, et qui sera transférée, l'an prochain, pour la première fois, à bord d'un navire-école construit et aménagé à cet effet, le nouveau Jeanne-d'Arc.
Par la force des choses, les cours de l'Ecole navale sont surtout théoriques. Le développement de la science et de la technique navales, la nécessité de donner aux futurs chefs de la marine, une solide culture générale ont amené progressivement programmes et emplois du temps à l'encombrement maximum. Les heures réservées à l'exercice physique, à l'amarinage, aux courses en baleinières, en embarcations à voiles ou en torpilleurs, sont chichement mesurées. La première année comporte une brève randonnée sur lés côtes de l'océan, la seconde, un mois de navigation environ, sur les côtes d'Angleterre ou de Norvège sur des avisos annexés à l'Ecole. Malgré toute la bonne volonté des élèves et le dévouement du personnel enseignant, la formation pratique des futurs navigateurs est à peine esquissée à l'Ecole navale.
Il parait, cependant, encore susceptible de corrections. L'emploi du temps à bord du navire-école, doté d'amphithéâtres, comprend un certain nombre de cours de révision, ou de complément, de l'enseignement de l'Ecole navale. Ces cours ne sont pas professés par les mêmes maîtres qu'à l'Ecole navale. C'est une petite minorité des officiers de cette dernière qui embarquent avec les élèves qu'ils ont instruits. D'où une tendance naturelle à la critique des premiers instructeurs par les seconds, à la redite inutile ou à la dispersion fâcheuse. La formation pratique comporte, avant tout, le dressage aussi complet que possible du midship à son futur rôle de commandant de bâtiment. Combien d'appareillages, d'accostages, de navigations hauturières, où en vue des côtes, suppose le maniement correct de navires aussi rapides où aussi délicats que les unités légères, de surface ou sous-marines, issues du programme naval actuel?
Sommes-nous assurés de voir les cent vingt élèves, embarqués à bord du grand navire école, directement et suffisamment préparés à cette mission? Si l'on défalque des mois de navigation les permissions, les mouillages sur rades étrangères, les visites, réceptions, amphithéâtres et cours théoriques, le nombre de séances pratiques où chacun des midships aura été appelé à prendre une responsabilité et une décision de chef apparaît comme assez restreint.
Le navire-école du type Jeanne-d'Arc ou Edgar-Quïnet est une vaste usine flottante de dimensions imposantes, d'un maniement dangereux la catastrophe de l'Edgar-Quinet l'a démontré. Les enseignements exigés de ce seul et même navire étaient, en somme, contradictoires. Il convenait parfaitement à la grande navigation océanique, beaucoup moins au pilotage côtier. Le nouveau Jeanne-d'Arc ne déplacera guère que 6,000 tonnes. Mais comme ce sera un superbe bâtiment tout neuf et coûteux, doté des perfectionnements techniques les plus récents, il n'est pas probable que le commandant, chargé dg le conduire, le risque, d'ici de longues années, trop près de parages dangereux.. L'exemple du trop confiant capitaine de vaisseau Benoist servira, sans doute, longtemps, de salutaire leçon.
Une solution plus souple nous paraîtrait préférable. Les deux écoles, navale et d'application, seraient placées sous le commandement unique d'un officier général, un contre-amiral, choisi parmi les plus distingués de la marine. L'état-major et le corps enseignant militaire des deux écoles seraient les mêmes; une moitié des professeurs militaires de l'Ecole navale embarqueraient obligatoirement avec leurs élèves sur le Jeanne-d'Arc. Les doubles emplois dans les cours théoriques seraient ainsi soigneusement évités, et autant de temps économisé.
Les dix mois de travail effectif de la troisième année d'application pourraient être répartis comme suit les cinq derniers seraient réservés à une vaste et belle croisière autour du monde, sur les principaux points de l'empire colonial français, et aux points cruciaux du trafic ou de la politique internationale (Panama, Singapour, etc.). Ce serait le couronnement de toutes les études antérieures. Le futur officier y naviguerait sur les océans. Il découvrirait le monde, sous toutes ses formes, aussi bien politiques, économiques, que mondaines. C'est ce qu'il faisait déjà sur l’Edgar-Quinet..
Mais les cinq premiers mois seraient. consacrés à des exercices sur petits bateaux, beaucoup plus intenses et plus pratiques qu'ils ne pouvaient l'être jusqu'ici, à bord d'un seul grand navire. Le croiseur-école disposerait de toute une flottille de torpilleurs, pris parmi ceux mis en disponibilité armée au port de Brest. Nous songeons, par exemple, aux excellents torpilleurs de 800 tonnes, du type japonais, qui conviendraient parfaitement à cet emploi. L'enseignement disposerait également de sous-marins, d'avisos, d'avions, en nombre suffisant pour toute la promotion.
Avec ces petits bâtiments, les élèves seraient mis en présence de toutes les difficultés quotidiennes que comportera plus tard la navigation des unités légères modernes. Ils ne craindraient plus de frôler les rochers, et s'ils avariaient ou perdaient un de ces vieux serviteurs, le dommage ne serait pas mortel. Toute la promotion devrait se servir d'avions (comme à la Naval Academy américaine), comme d'instruments normaux de la guerre navale. Le ministre de la marine actuel et le chef d'état-major général viennent de donner l'exemple, en faisant de l'hydravion leur mode .de transport presque quotidien, au cours de leur voyage en Tunisie.
Enfin, le port de Brest, auquel sont affectés, en assez grand nombre, les types de navires les plus modernes croiseurs, torpilleurs, sous-marins offrirait aux midships la possibilité d'effectuer, pendant un mois au moins, des, visites et des stages pratiques à leur bord. Si perfectionné soit-il, un navire-école (il se démodera vite) ne pourra avoir la prétention de résumer toute la marine. Telles sont les améliorations que la récente perte de l'Edgar-Quinet semble pouvoir suggérer au système actuellement en vigueur. Si le problème posé au commandant du navire n'avait pas été presque insoluble, et les moyens mis à sa disposition insuffisants, la douloureuse catastrophe ne se •fût, sans doute, pas produite.
Cette plaquette est illustrée par Pierre Le Conte -imagier de Marine - dont nous avons raconté l'histoire dans un précédent article -
http://envelopmer.blogspot.com/2013/03/cherbourg-et-pierre-le-conte-peintre-de.html
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