27 mars 2020

COVID-19 Corona virus et Sous-marin

SNLE la vie en mer et le confinement COVID-19

Interview, par la Chaîne Tébéo, du Contre Amiral Dominique SALLES concernant le confinement. La journaliste tente de faire un parallèle entre le confinement imposé par la pandémie du coronavirus et la capacité des sous-mariniers à rester plusieurs jours enfermés. Deux situations bien différentes que nous explique Dominique SALLES.
https://www.youtube.com/watch?v=t3YnVi0bi84&feature=youtu.be
Photo JM Bergougniou
A chaque début de mission, tout le monde embarque avec ses microbes et virus. L’air qui fonctionne en circuit fermé à bord du sous-marin les véhicule. Les filtres et pièges à particules placés dans les systèmes d'aération ne suffisent pas pour les éliminer. Le pic épidémique est atteint autour du dixième jour, avant de retrouver une atmosphère parfaitement saine les cinquante jours suivants. En pointe sur les mesures d’hygiène et de santé à bord, l’équipage évite de se serrer la main afin de limiter la transmission des microbes. Particulièrement durant les dix premiers jours de la patrouille.



Photo JM Bergougniou

Leur univers s'apparente à celui de la Station spatiale internationale. Sauf que pendant 70 jours, les 108 marins du Téméraire ne voient même pas la terre. Ce bâtiment est l’un des quatre sous-marins nucléaires lanceurs d’engins de la Marine nationale basés à l’Ile Longue, face à Brest. Chacun de ces SNLE peut embarquer 16 missiles balistiques intercontinentaux. Encore équipé du M45, le Téméraire sera le dernier à recevoir le M51 après sa transformation programmée dès cette fin d'année (30 mois de travaux à Brest).


Photo JM Bergougniou
ces équipages de SNLE quittent leur vie de tous les jours pour l'austère monde du silence et ses restrictions en tout genre. Fini l'ultra-connexion et les réseaux sociaux ! Ils plongent sur une route et dans un endroit que seul le commandant et une petite dizaine de marins connaissent, à bord. À terre, personne ne sait où le bâtiment se trouve, même pas le chef d'état-major et encore moins le président de la République qui possède les codes de l'arme atomique.

Photo JM Bergougniou



Le sous-marin quitte sous bonne escorte la rade de Brest et disparaît dans les profondeurs dès le franchissement du talus continental. En immersion, il peut recevoir quelques messages mais n'émet absolument rien. La rupture avec la terre est totale. Même les messages que peuvent envoyer les familles aux marins, une fois par semaine, sont limités à 40 mots.




Photo JM Bergougniou

Seules les bonnes nouvelles arrivent à bord. Les mauvaises restent à terre et parviennent, le cas échéant, au commandant. La mission ne doit souffrir d'aucun fléchissement. Sur un navire d'une telle complexité, emportant l'équivalent de 400 à 500 fois la force de frappe déployée sur Hiroshima, les marins doivent rester parfaitement concentrés sur leur tâche. 

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En cas de coup dur à terre ou de mauvaises nouvelles durant leur absence, c'est le commandant, à quelques heures de l'arrivée, qui se charge d'informer les marins. Mais en amont, tout est entrepris pour minimiser l'impact de la vie laissée à terre. Pas question de partir diminué ou avec des soucis plein la tête... Les marins sont invités à informer leur hiérarchie des possibles événements familiaux. Santé, vie de couple, difficultés financières, préoccupations familiales... Tout déballer avant d'embarquer. À terre, les services sociaux de la Marine et la solidarité entre les épouses jouent à plein.



Les sous-marins nucléaires de la force de dissuasion sont tendus vers leur objectif d’assurer leur mission jusqu’au bout. Porter le danger de l’arme nucléaire, sans jamais être détecté et si possible faire surface. Tout est entrepris à bord pour ne pas déroger à cet objectif n°1.

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Le médecin du SNLE dispose par exemple d’une infirmerie très complète puisqu’elle accueille un véritable bloc opératoire avec appareils de mesures et poste de radiologie. Le médecin, qui n’est pas chirurgien, est formé deux années supplémentaires pour procéder aux opérations de première nécessité, l’objectif du sous-marin étant de rester en immersion et limiter au maximum les évacuations par hélitreuillage. 

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 500 patrouilles, quinze marins ont dû être évacués pour raison médicale. Une centaine d’interventions chirurgicales ont été pratiquées à bord des SNLE, en 45 ans de permanence à la mer assurées d'abord par les six bâtiments du type Le Redoutable puis par les quatre Triomphant, dont le Téméraire fait partie.




A bord, le rythme de travail est soutenu tout au long de la mission. Autour de 15 heures par jour, voire plus si les tâches à bord le commandent. 

Photo JM Bergougniou

Le sommeil est en règle générale rythmé en deux parties sur 24 h. Les temps de loisirs sont essentiels pour rester tout aussi efficaces du premier au dernier jour de la patrouille.



Le temps des parties de cartes et des films diffusés au carré est révolu. La plupart des marins a aujourd’hui son ordinateur portable et son programme personnalisé qu’il suit dans sa chambre. Une banque de disques, films et programmes est mise à disposition de l'équipage, qui bénéficie aussi d'une bibliothèque, mais la plupart des marins emportent leur propre sélection en partant.

Photo JM Bergougniou

L’équipe d’animation des carrés se charge d’organiser des activités collectives comme des lotos, des jeux concours ou des rendez-vous où l’on se retrouve plutôt que de passer son temps libre derrière un ordinateur.


Cette évolution au sein des équipages interpelle au plus haut niveau de la marine et particulièrement à bord des sous-marins où la notion d’équipage et de moment partagé entre collègues est essentielle. Comment maintenir la bonne humeur, les bons rapports et une certaine dynamique de groupe si tout le monde part se réfugier derrière son écran en fin de service ?
Photo JM Bergougniou



Le sport, même s’il reste limité (quelques vélos de salle et des haltères) à manipuler le long des tubes lance-missiles est également encouragé par les animateurs du bord et par le médecin en personne qui veille à la santé et à la silhouette des marins. Ces loisirs revêtent une importance considérable à bord de bâtiments où l’on embarque pour 70 jours non-stop dans son lieu de travail.








Photo JM Bergougniou

Merci à Bernard Hily et Gérard Bosch

Sources :

https://www.asafrance.fr/item/marine-nationale-la-vie-sur-snle-70-jours-sans-voir-la-terre.html

https://www.youtube.com/watch?v=t3YnVi0bi84&feature=youtu.be

https://www.youtube.com/watch?v=qNiKmVgsHAE

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