Un pli reçu ce jour de la frégate GUEPRATTE portant le TAD manuel du BPI de Djibouti
TAD BPI 610 Djibouti 26-4-2012 |
Par FLF Guépratte le mercredi, 2 mai 2012, 19:05
Djibouti. Presque un deuxième port d’attache pour bien des
bateaux. Sans doute l’escale la plus fréquentée par la marine nationale qui a
encore la priorité d’accostage au poste 9 qui lui est réservé. Nombre de marins
se sentent ici chez eux. Ou plus exactement, un Brestois ne s’y sent pas plus
dépaysé qu’à Toulon, ni qu’un Toulonnais à Brest !
Djibouti et ses températures parfois extrêmes, son
humidité ambiante sous un soleil de plomb, qui fait que chaque mouvement
devient un effort. Nous avons de la chance : il ne fait pas plus de 35° et
l’air n’est humide qu’à 90%. Mais l’absence de vent, même de vent chaud, fait
se ressentir la chaleur brutale dès que l’on sort de l’ombre. Ne nous plaignons
pas ; avec du vent, il y aurait des nuages de poussière soulevés de toutes
parts ; de la poussière qui se collerait à toutes les parois humides
malgré la température.
Djibouti n’a pas vraiment changé mais le trafic commercial
s’est nettement intensifié. Nous n’avions pas l’habitude de voir tant de
navires de commerce au mouillage, attendant une place à quai pour décharger
puis recharger. La conséquence de ceci est que les bâtiments militaires ne
disposent plus que de deux postes à quai. Nous nous retrouvons donc accostés à
couple de la Marne, le pétrolier-ravitailleur et navire-amiral pour notre
mission. Et l’Aconit, que nous relevons, vient se mettre à couple de nous. Cela
induira nécessairement des mouvements de quai pendant l’escale, et partant, un
rappel de tout l’équipage. Dans le port, toute la journée, l’activité ne semble
pas si importante. Mais sitôt le soleil couché, aux heures un peu plus
fraîches, tout s’éveille. Des files de camions se rangent au bord des quais, le
long des bateaux qui transfèrent leur cargaison. Il y a de tout. Des minerais,
des matériaux transformés, des produits finis, des dromadaires. Un nombre
incroyable de dromadaires qui vont prendre la mer. Les chargements et
déchargements se font à l’ancienne, au mât de charge ou à la grue
embarquée ; pas de grue de quai hyper-rentable. Le terminal à conteneurs
est plus loin, mais ici, il semble que l’on soit revenu une quarantaine
d’années en arrière. Et dans ce fouillis apparent, tout se déroule, chacun a sa
place et trouve son travail. Le port tourne à plein régime.
Le soir, en ville, les marins ont leurs habitudes. Avec
une moyenne de trois à cinq passages à Djibouti par mission, on prend ses
marques ! Les Djiboutiens aussi nous connaissent bien. Ils sont assez
physionomistes pour donner un grade à chacun, parfois même une spécialité. Ils
font peu d’erreur là-dessus. Ils nous proposent naturellement leurs
marchandises et leurs bibelots, ne renonçant pas à un simple « J’en ai
déjà acheté à la dernière escale » ou « Tu me l’as déjà proposé il y
a une demi-heure ». Et il faut négocier, bien sûr. Seuls les hommes sont
ambulants et démarchent ; les femmes vendent presque les mêmes articles,
mais restent derrière un étal sans vouloir attirer l’attention.
Après un verre d’apéritif, il faut ensuite aller dîner.
Les restaurants ne manquent pas. Allons chez Youssouf, cela nous permettra de
marcher un peu et d’observer un autre quartier. Il faut passer aux caisses, ce
marché où toutes les échoppes proposent les mêmes vêtements, les mêmes
souvenirs, les mêmes produits. Il ne faut pas manquer, à droite, le passage
étroit entre deux étals, qui fait passer derrière les caisses et prendre un
escalier non moins étroit aux marches inégales et abîmées. Il fait plus sombre d’un
seul coup ; il y a moins de bruit aussi. Pour le néophyte, cette rue en
contrebas semble un véritable coupe-gorge. Mais non, tout est très calme,
quelques magasins sont éclairés, mais l’agitation et l’atmosphère mercantile de
tout à l’heure ne se fait plus sentir. Il ne faut pas s’inquiéter. D’ailleurs,
le restaurant est là, à moins de cent mètres. Il ne paie pas de mine, lui non
plus. Les chaises en plastique sont défoncées, la table est bancale, les murs
sont défraîchis. Mais il y fait très clair, le patron est sympathique et le
poisson délicieux. Car on y sert uniquement du poisson, préparé à la
yéménite : coupé en deux et cuit dans un four circulaire, le long des
parois. Carangue, dorade, thazard ou barracuda, selon l’arrivage. Mais tout se
perd : s’il n’y a toujours pas de couverts, s’il faut toujours manger son
poisson avec les doigts, il est révolu le temps où il était servi sur une
feuille de journal en guise d’assiette.
Cette fois-ci, la brièveté de l’escale et les changements
de quai ne nous ont pas permis de nous éloigner de la ville. La prochaine fois,
il faudra sortir en brousse, voir le lac Assal ou nager dans le golfe de
Tadjoura si les requins-baleines sont déjà là.
Pour l’heure, nous appareillons pour une longue période de
mer. Nous avons pris nos consignes auprès de l’amiral et entrons pleinement
dans l’opération Atalante.
sources :
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