Mission Jeanne d'Arc par Ouest-France
TÉMOIGNAGE. Pierre, officier-élève de la mission Jeanne-d’Arc
En février, le Concarnois de 22 ans a embarqué sur le porte-hélicoptères amphibie « Mistral » dans le cadre de la mission Jeanne-d’Arc et de sa 3e année à l’École navale.
L’officier-élève Pierre, le 20 mai 2020, sur le pont d’envol du porte-hélicoptères amphibie (PHA) « Mistral », devant la passerelle. | DR/MARINE NATIONALE/AXEL MANZANO
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Ouest-France Gaël HAUTEMULLE.Publié le 22/05/2020 à 07h50
Lire le journal numérique
Au téléphone, il prévient gentiment : « Je vous entends très faiblement. Or, les diffusions du bord sont assez bruyantes. Alors, si vous pouviez parler un peu plus fort… »
L’heure de décalage horaire, peut-être ? Ou l’écho de notre liaison ? La distance, sûrement ! L’enseigne de vaisseau Pierre, Concarnois de 22 ans, navigue au large de la côte somalienne où « son » bâtiment de la Marine nationale, plus exactement celui sur lequel il a embarqué en février dans le cadre de la mission Jeanne-d’Arc, participe à l’opération européenne Atalanta de lutte contre la piraterie maritime.
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Samedi 4 avril 2020, le « Mistral » débarque son sous-groupement tactique embarqué (SGTE) à Mayotte pour apporter du soutien à la population locale. | DR/MARINE NATIONALE/AXEL MANZANO
Ouest-France Gaël HAUTEMULLE.Publié le 22/05/2020 à 07h50
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Au téléphone, il prévient gentiment : « Je vous entends très faiblement. Or, les diffusions du bord sont assez bruyantes. Alors, si vous pouviez parler un peu plus fort… »
L’heure de décalage horaire, peut-être ? Ou l’écho de notre liaison ? La distance, sûrement ! L’enseigne de vaisseau Pierre, Concarnois de 22 ans, navigue au large de la côte somalienne où « son » bâtiment de la Marine nationale, plus exactement celui sur lequel il a embarqué en février dans le cadre de la mission Jeanne-d’Arc, participe à l’opération européenne Atalanta de lutte contre la piraterie maritime.
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Samedi 4 avril 2020, le « Mistral » débarque son sous-groupement tactique embarqué (SGTE) à Mayotte pour apporter du soutien à la population locale. | DR/MARINE NATIONALE/AXEL MANZANO
Samedi 4 avril 2020, le « Mistral » débarque son sous-groupement tactique embarqué (SGTE) à Mayotte pour apporter du soutien à la population locale. | DR/MARINE NATIONALE/AXEL MANZANO
À bord du groupe naval support de cette mission Jeanne-d'Arc 2020, constitué du porte-hélicoptères amphibie (1) Mistral et de la frégate type La Fayette (FLF) Guépratte, ils sont actuellement 138 officiers-élèves en formation à l’École navale de Lanvéoc-Poulmic (Finistère).
Parmi eux, 84 enseignes de vaisseau de l’École navale (comme Pierre), 77 hommes et sept femmes que l’on surnomme « bordaches » (en référence à Charles de Borda, 1733-1799) et dont c’est la 3e et dernière année de formation d’ingénieurs. Et aussi 40 officiers sous contrat long dits « OM/SC », 39 hommes et une femme ; sept commissaires-élèves (six hommes et une femme) des armées d’ancrage Marine, dont un officier étranger ; et encore neuf officiers invités en cursus « extérieur », originaires d’Australie, de Belgique, du Brésil, d’Égypte, d’Éthiopie, du Maroc et d’Indonésie.
Trois porte-hélicoptères amphibies mobilisés
Parti de Toulon le 26 février, leur itinéraire prévoyait à l’origine de les emmener jusqu’à Nouméa (Nouvelle-Calédonie), avec des escales à Bali, Malé, Singapour ou en Australie. Mais c’était sans compter sur le coronavirus et l’opération Résilience de l’armée française : en mars, pour appuyer son action dans la lutte contre le Covid-19, l’État a notamment mobilisé les PHA de la Marine nationale, le Tonnerre en Corse, le Dixmude et le Mistral en soutien des populations ultramarines, le premier dans les Antilles et en Guyane, le second vers Mayotte et la Réunion.
L’officier-élève Pierre, le 20 mai 2020, sur le pont d’envol du porte-hélicoptères amphibie (PHA) « Mistral », devant la passerelle. | DR/MARINE NATIONALE/AXEL MANZANO
Les 3 et 4 mai 2020, le « Mistral », en escale technique à La Réunion, charge du fret qu’il déposera à Mayotte quelques jours plus tard, dans le cadre de la lutte contre l’épidémie de Covid-19. | DR/MARINE NATIONALE/AXEL MANZANO
Les 3 et 4 mai 2020, le « Mistral », en escale technique à La Réunion, charge du fret qu’il déposera à Mayotte quelques jours plus tard, dans le cadre de la lutte contre l’épidémie de Covid-19. Le chargement comprend notamment deux groupes électrogènes d’ERDF, une remorque plateau, deux véhicules, de l’eau, des vivres (ici, désinfection des palettes de farine), du matériel sanitaire. | DR/MARINE NATIONALE/AXEL MANZANO
« Pour les bordaches, cette 3e année est un aboutissement, car tout au long de nos deux premières années d’École navale à Lanvéoc-Poulmic, internes d’une école militaire dans le cadre exceptionnel de la Presqu’île de Crozon, nous en entendons parler par nos aînés de promotion », explique l’ancien élève scientifique des lycées Pierre-Guéguen à Concarneau (Finistère), puis des classes préparatoires aux grandes écoles d’ingénieurs de Clémenceau, à Nantes (Loire-Atlantique).
« Nous avons très vite compris »
Ainsi, chaque année, les six mois de la mythique mission Jeanne-d’Arc ponctuent le cycle de formation des officiers élèves de l’École d’application des officiers de marine (EAOM) : ils effectuent là leur premier déploiement opérationnel de longue durée.
Une mission un peu particulière, forcément cette année. « Passé le canal de Suez, et arrivés à Djibouti, nous avons très vite compris que la mission allait être déroutée, confie Pierre. Pour autant, l’opération Résilience n’a pas perturbé notre formation, que ce soit nos cours ou nos périodes de quart en passerelle. »
Deux photographies de l’officier-élève « bordache » Pierre en passerelle, à gauche lors d’un passage de suite pour le chef de quart. | DR/MARINE NATIONALE/AXEL MANZANO
Pierre, lui, a par exemple effectué du quart autour de l’île de Mayotte ou, plus récemment, au large des côtes somaliennes.
Pour le groupe naval «Jeanne-d’Arc», la dernière véritable escale a eu lieu début mars à Djibouti. « Notre répartition à bord a été réorganisée, nous avons aussi rapidement cessé de nous serrer la main, entre autres mesures-barrière. Les escales sont devenues seulement techniques, c’est-à-dire à des fins de ravitaillement. »
Futur pilote de l’aéronavale
Le 4 mai, c’est-à-dire quasi au milieu de la mission (qui devrait rentrer début juillet), les officiers-élèves ont appris la spécialité pour laquelle ils avaient été présélectionnés.
Pour Pierre, ce sera « Pilote de l’aéronavale » (Rafale Marine, hélicoptères embarqués, avions de patrouille maritime, avions de transport civil).
Son rêve pourrait ainsi devenir réalité, s’il pilotait les avions de patrouille maritime Atlantique 2 des flottilles 21F ou 23 F de Lann-Bihoué, et qu’il a vus « passer, enfant, à 100 m devant Concarneau, au moins une fois toutes les deux semaines ».
Samedi 4 avril 2020, le « Mistral » débarque son sous-groupement tactique embarqué (SGTE) à Mayotte pour apporter du soutien à la population locale. | DR/MARINE NATIONALE/YOANN LETOURNEAU
(1) Outre le Mistral, le Dixmude et le Tonnerre sont les deux autres porte-hélicoptères amphibies de la Flotte. Le nouvel acronyme PHA a remplacé celui de BPC, pour « Bâtiment de projection et de commandement ». Les PHA (ex-BPC donc) sont des bâtiments polyvalents, d’où leur taux de présence à la mer parmi les plus importants de la Flotte. Grâce à eux, la Marine nationale est capable de mener des opérations de gestion de crise, de transport ou encore d’évacuation sanitaire (ou de ressortissants) et de soutien médical par des moyens amphibies et aéromobiles, en intégrant à bord des éléments de forces interarmées et sanitaires civiles.
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Sources :
Ouest-France
photos
DR/MARINE NATIONALE/AXEL MANZANO