09 mai 2020

Campagne 1971 - 1972 PH Jeanne d'Arc EE Victor Schoelcher SINGAPOUR

LA CAMPAGNE DE L'ÉCOLE D'APPLICATION - SINGAPOUR








TROIS jours après avoir quitté Surabaya, la « Jeanne-d'Arc » et le « Victor Schœlcher » se présentent le mercredi 16 février au Nord de l'île de Singapour dans le chenal qui la sépare de Johre en Malaisie.


Singapour d'hier


Après avoir accueilli, en même temps que le pilote, le lieutenant-colonel Fouilland, attaché des forces armées et M. Pierre Fontaine, consul de France, les bâtiments s'amarrent dans l'arsenal de l'ancienne base navale anglaise de Sembawang, partagée actuellement entre un quartier civil et l'Anzuk, alliance militaire réunissant l'Australie, la Nouvelle-Zélande, la Malaisie, Singapour et la Grande-Bretagne.





La première matinée, traditionnellement consacrée aux échanges de visites officielles, voit les commandants ne se rendre qu'auprès S.E.M. Marcel Flory, ambassadeur de France. Ce jour est en effet férié pour les Singapourais, à l'occasion du Nouvel An chinois. Pendant ce temps, M. Mallet attaché culturel présente à bord, dans une conférence très documentée, ce petit mais riche Etat de Singapour, devenu indépendant en 1965, après s'être séparé de la Fédération de la Malaysia.

Un déjeuner officiel réunit ensuite, à bord de la « Jeanne d'Arc » les personnalités de l'ambassade de France et les autorités militaires de Singapour, en particulier le colonel Kirparamviz, chef d'état-major des armées et le lieutenant-colonel Aéria, commandant de la Marine. 
et d'aujourd'hui


C'est à ces derniers ainsi qu'à M. Pan Tee Pow, Secrétaire permanent de la défense, que les commandants feront une visite officielle le lendemain matin, 17 février, la première journée se termine par un cocktail dansant qui nous permet d'accueillir la colonie française assez importante de Singapour et des représentants des jeunes armées singapouraises.



Le lendemain 17 février est marqué par les visites officielles et par de nombreuses visites à bord de groupes constitués d'officiers de l'état-major et de la marine à Singapour, le soir, l'ambassadeur reçoit les officiers et une importante délégation de l'équipage à un très agréable cocktail sur la pelouse de sa résidence.



Le 18 février le commandant de la « Jeanne-d'Arc » rencontre l'Amiral Well, commandant l'Anzuk, les officiers élèves visitent le Safti (Singapore Armed Forces Training Institute) et y sont reçus à déjeuner tandis que d'autres groupes d'officiels des armes singapouraises visitent la « Jeanne-d'Arc ». Ces nombreux échanges entre militaires s'achèvent avec un sympathique cocktail en tenue civile offert par le lieutenant-colonel Aéria au mess des officiers de la Marine, dans l'île de Pulau Branié.



Ces réceptions officielles ont été assorties de nombreuses invitations semi-officielles ou privées, notons les dîners offerts par M. Combe, premier Secrétaire de l'Ambassade et par le lieutenant-colonel Fouilland, ainsi que les visites de Singapour suivies de déjeuners chinois offerts à l'équipage deux jours de suite par la B.N.P. et M. Budin Directeur des Industries et Forêts asiatiques.


Mais, pendant les deux dernières journées d'escale, Singapour s'étant remise au travail (malgré la visite de Sa Majesté la Reine d'Angleterre, accompagnée du Prince Philippe et de la Princesse Anne à bord du yacht « Britannia le personnel aura pu surtout se consacrer à son occupation favorite, le « Shopping » dans les très beaux quartiers commerciaux, ou se mêler à la foule chinoise sur les marchés de Chinatown.



Ce sont là les deux aspects de la ville de Singapour : une vieille ville chinoise, grouillante de vie, au pittoresque parfois macabre, qui va bientôt disparaître pour faire place au nouveau Singapour, aux rues les plus propres du monde. Nous avons pu le vérifier aux grands hôtels de classe internationale et à la vie économique débordante. Ces deux aspects nous ont également séduits.

Le samedi 19 au matin, les deux bâtiments quittaient la base de Johore pour venir mouiller au milieu d'une centaine de bâtiments de tous types en rade de Singapour et s'y ravitailler en mazout et essence. Ils appareillaient dans la soirée pour Penang.


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LA CAMPAGNE 


Entre les iles de la Sonde, en remontant au nord, nous avons rencontré Neptune et tous ses dignitaires. Ils nous attendaient sur une ligne invisible et leurs rires sarcastiques tourmentaient nos nuits depuis longtemps. Enfin, ils ont embarqué. Ils ont festoyé avec leurs amis et l'ivresse du banquet leur donnait un air plus effrayant encore, à nous, pauvres néophytes. Ils ont noirci nos péchés pour que nous sentions notre honte profonde et misérable. Puis, par un bain salvateur, nous nous sommes retrouvés purifiés, blancs plus que neige, lavés de notre état indigne.



Ainsi baptisés, nous sommes arrivés à Singapour, par une porte dérobée, au nord de l'île. dans le silence d'un matin. La ville fêtait le Nouvel An chinois dans l'agitation d'un dimanche anglais. Les rues étaient désertes et les commerçants avait renoncé, pour un jour, à leurs affaires. Nous sommes entrés dans une ville morte.


Malgré ses yeux bridés, Singapour est occidentale, avec de longues artères qui se perdent dans une végétation luxuriante et d'immenses hôtels qui surgissent à l'écart des rues. Le lendemain, l'agitation avait repris. Les innombrables boutiques ouvraient leurs étals et ce fut le début d'une fièvre incroyable. Le plaisir d'acheter, de marchander crée des désirs inconsidérés. De boutiques en boutiques se répétaient les mêmes scènes et les mêmes questions.

« How much ». « Very cheap ». « I loose -.


« You break my heart » (*) A 110 $ le Chinois était encore vivant, mais à 100 $, on lui brisait le cœur. Alors chacun se séparait. On claquait la porte, et puis dix minutes plus tard, on revenait, raisonnable, se serrer la main pour 105 $.


Le quartier chinois contraste avec la ville par ses rues étroites et ses maisons basses. Un parfum d'encens nous éveille, soudain, à l'approche d'un temple où règne une agitation inhabituelle pour un lieu saint. La maison des dieux est publique. Le Chinois ne se recueille pas. Sa religion est un rite qu'il accomplit scrupuleusement, comme une convention.


Les mêmes scènes nous attendaient à Penang où la « Jeanne » arrivait le 21 février après avoir longé la presqu'île de Malacca. S.E..l'ambassadeur nous fit l'honneur de nous présenter la Malaisie. M. Cunningham, sujet de sa très gracieuse Majesté et consul honoraire de France à Penang, nous conta, ensuite, l'histoire de cette ile si convoitée, avec un humour tout britannique et une grâce parfaite. Il ne manqua pas de rappeler avec un respect touchant, l'héroïque sacrifice des marins du « Mousquet », au cours de la première guerre mondiale.
Penang, elle, n'a pas trahi ce passé. Née d'une histoire d'amour, elle compose à souhait les règles de ses deux traditions. Georgetown, par ses rues géométriques est anglaise, mais Penang reste malaise, du tracé délicat de ses plages blondes et de leurs rochers blancs aux tapis de fleurs qui recouvrent la terre à l'entour des maisons.

Mais, comme toujours, il a fallu partir.

Colombo est à quatre jours de mer. Nous saluerons en passant Sumatra et les deux petites iles jumelles de Nias et de Siberut que le hasard a placées à côté l'une de l'autre. Comprenne qui pourra !

E.V. Hébrard (poste 13).

Sources

Cols Bleus

Campagne 1971 - 1972 PH Jeanne d'Arc - EE Victor Schoelcher Surabaya

Campagne 1971 - 1972 PH Jeanne d'Arc - EE Victor Schoelcher Surabaya





Surabaya est la 2e plus grande ville d'Indonésie (après Jakarta, la capitale) avec une population de plus de 3,1 millions d'habitants (5,6 millions dans la métropole urbaine). 


Située sur l’île de Java, dans la province de Java Est, c’est la 2e plus grande ville d’Indonésie après la capitale Jakarta, avec 3,5 millions d’habitants. Surabaya est surnommée « La ville des héros », à cause de son rôle important pour l’indépendance du pays lors de la Révolution nationale indonésienne. En plus d’être une ville industrielle et moderne, Surbaya est le principal port maritime de l’Indonésie Orientale.
Surabaya  "Ce sous-marin a été utilisé lors d'une tentative pour libérer la Papouasie occidentale des mains des Néerlandais"

C'est la capitale de la province de Java oriental. Située sur la côte nord de Java (le Pasisir) à l'embouchure de la rivière Mas et le long du détroit de Madura.

Tanjung Perak, le port de la ville, est le premier port d'Indonésie. Il abrite également le commandement de la flotte orientale de la marine indonésienne.




Située sur l’île de Java, dans la province de Java Est, c’est la 2e plus grande ville d’Indonésie après la capitale Jakarta, avec 3,5 millions d’habitants. Surabaya est surnommée « La ville des héros », à cause de son rôle important pour l’indépendance du pays lors de la Révolution nationale indonésienne. En plus d’être une ville industrielle et moderne, Surbaya est le principal port maritime de l’Indonésie Orientale.


Le marché de Pabean est tenu par des gens de l’île de Madura. Une moitié est dédiée à la vente de petits oignons rouges, l'autre à la vente de poissons frais pêchés le jour même


Marionnette à tiges photo (c) JM Bergougniou


Le wayang ou théâtre d'ombres est un spectacle traditionnel et populaire dans les îles de Java et Bali. Wayang signifie « ombre ». Sa forme la plus courante est le wayang kulit, où les figurines consistent en marionnettes plates de cuir (kulit veut dire « cuir »). 


Le théâtre de marionnettes wayang a été proclamé en 2003 et inscrit en 2008 par l'UNESCO sur la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité
















Le Wayang Orang est un théâtre dansé indonésien né dans les années 1830. C'est un théâtre proche d'un rituel qui a pour rôle d'esthétiser la violence afin de la canaliser. Il est de tradition que les acteurs connaissent tous les rôles et ne sachent quel rôle ils vont interpréter que quelques heures avant la représentation.



Ces vieux bateaux ou bateaux pinisi ont parfois un siècle d'existence. Ils desservent en fret les différentes îles d’Indonésie










Barongn « géant » est une créature mythologique balinaise ressemblant à un lion. Il est le Banaspati rajah (seigneur de la forêt), chef des forces du bien et ennemi de Rangda, la reine démon, chef d'une armée de sorcières. La bataille entre Barong et Rangda représente la lutte éternelle du bien et du mal et est figurée par la danse du Barong 



















08 mai 2020

Belle-Poule 2020 Méditerranée Espagne Corse Monaco Portugal coronavirus

Goélette Belle-Poule 2020

Mission annulée - Coronavirus

Brest les goélettes sous le chateau photo (c) JM Bergougniou

La goélette Belle-Poule devait représenter la Marine nationale en Méditerranée.

La mission a été annulée alors que la goélette se trouvait au large de la Corogne.

Amarrée à quai en Penfeld sous le « Château », la Belle Poule et son équipage attendent impatiemment l’autorisation de reprendre la mer et la formation des Marins. La Belle Poule faisait route pour sa mission estivale en mer Méditerranée. En ce milieu du mois de mars, la situation sanitaire, la fermeture des ports espagnols, l’annulation des manifestations navales ont conduit l’ALFAN/Brest à annuler la mission.




Après avoir traversé le Golfe de Gascogne, la Belle Poule se trouvait au niveau de la Corogne (pointe nord-Ouest de l’Espagne) quand l’ordre de faire cap sur Brest lui fut donné. Le navire sortait d’un arrêt technique au cours duquel il avait été préparé pour sa mission : révisions de toutes sortes, peintures, vernis, … Au retour, l’Equipage a donc été invité à se confiner à domicile afin d’éviter d’être atteint par la propagation du Covid-19. 



Brest les goélettes sous le chateau photo (c) JM Bergougniou




Le 11 mai prochain, date annoncée par le 1er Ministre pour mettre fin au confinement, la Belle Poule devrait reprendre la mer. Il est prévu dans un premier temps et après cette longue période sans navigation une reprise en main par l’équipage. Ensuite il faudra attendre que la Marine nationale reprenne la formation des officiers et officiers mariniers élèves chef de quart, que les écoles et lycées en lien avec la marine nationale accueillent de nouveau les
élèves et les autorisent à parfaire leurs formations par des stages à bord. 

Gaé CDG 2020 Coronavirus Covid-19

Gaé CDG 2020 - Coronavirus 




Ils sont presque tous guéris. 98% des cas positifs au coronavirus du groupe aéronaval Charle De Gaulle sont sortis d'affaire.

Il ne reste plus que deux marins à l'hôpital, dont un officier marinier en réanimation et un deuxième marin sous surveillance, 18 autres marins sont encore en confinement à Toulon, en enceinte militaire indique le capitaine de vaisseau Eric Lavault.






Sur un nombre total de 2.400 membres d'équipage, 1.081 marins avaient été testés positifs. "Certains sont en confinement classique chez eux", comme le reste desFrançais, et "d'autres sont sortis il y a moins de sept jours et sont sous masque chez eux" par mesure de précaution, a-t-il détaillé.


Contaminés, oui, mais où ?

Le 17 avril dernier, auditionnée en visioconférence devant la commission de la défense nationale de l'Assemblée Nationale, la ministre des Armées Florence Parly rend compte de la situation de la pandémie au sein du corps armée français et révèle les chiffres : ce jour là, 2.010 marins de Charles de Gaulle et de l'ensemble du groupe aéronaval sont été testés au Covid-19. 1081 sont révélés positifs soit quasiment un sur deux.





545 d'entre eux présentent des symptômes. Tous sont sous surveillance médicale étroite" a détaillé la ministre. "24 sont hospitalisés à l'hôpital Sainte-Anne de Toulon, un est en réanimation.


Devant les députés, la ministre retrace le calendrier de la gestion de la crise. "Le mardi 7 avril, j'ai été pour la première fois informée de premiers cas symptomatiques. 36 cas, précisément. J'ai immédiatement pris la décision de mettre fin à la mission du porte-avions."

Il a été dit que le pacha du porte-avions avait souhaité interrompre la mission du groupe aéronaval lors de l'escale de Brest. Cette rumeur est fausse, affirme Florence Parly. 











Deux enquêtes sont en cours : une enquête de commandement afin de tirer tous les enseignements de la gestion de l'épidémie au sein du groupe aéronaval, ainsi qu'une enquête épidémiologique.

sources :
 

https://france3-regions.francetvinfo.fr/provence-alpes-cote-d-azur/var/toulon/toulon-il-ne-reste-plus-que-deux-marins-du-charles-gaulle-positifs-au-coronavirus-hopital-1813266.html

Humour dans le carré par Donec - De l'ombre à la lumière

Humour dans le carré par Donec - De l'ombre à la lumière


Bonjour la Compagnie,

« L’art mortel et honni de Dieu de l’arbalétrier et de l’archer »fut-il déclaré en1139 au concile du Latran. Ces armes de trait, l’Eglise alors au faîte de sa gloire, déconseille formellement leurs utilisations promettant aux contrevenants l’excommunication, l’anathème et naturellement les flammes de l’enfer. ( Rien à voir avec l’oubli de « l’attestation de déplacement dérogatoire » d’aujourd’hui). Pourtant les princes d’Occident, des esprits forts, en dépit de l’effort des papes n’en tiennent pas compte. Ils constituent des unités d’arbalétriers, soldats d’élite au demeurant fort bien payés.



Nous sommes alors au Moyen-Âge, « l’homme à cheval », le seigneur, s’il reconnaît l’efficacité de l’arbalète, ne prise pas tellement ces instruments silencieux, fourbes et sans noblesse. Du haut de son destrier l’aristocrate méprise cette engeance dont les projectiles traversent boucliers et cuirasses. Pour preuve à la bataille de Crécy où ils n’hésitèrent pas à piétiner les arbalétriers afin d’arriver plus vite au contact des Anglais…qui les anéantirent.



Le développement des arme à feu mit fin au règne de ces machines. Ce sont alors les nobles eux-mêmes qui vont en faire une arme de chasse et un objet de loisir.

La consécration vient avec Guillaume Tell apôtre de l’émancipation du peuple suisse. Si l’on ajoute à cela Schiller et Rossini, l’un auteur, l’autre musicien, l’arbalète entre dans l’Histoire par la grande porte en symbole d’instrument de conquête de la liberté.

A la semaine prochaine

Donec

Qu'est-ce qu'une arme nucléaire Sous-marins Marine nationale Cherbourg bombe vecteur 1972

Marine et atome - Qu'est-ce qu'une arme nucléaire





Toujours en feuilletant Cols bleus cet article sur les armes nucléaires. Un cours de vulgarisation vieux de 50 ans!



Dès mai 1945, Raoul Dautry (alors ministre de la reconstruction et de l'urbanisme du Gouvernement provisoire) informe le général de Gaulle (alors président du Gouvernement provisoire) que le nucléaire bénéficierait à la reconstruction ainsi qu'à la Défense nationale. Les progrès réalisés par la recherche américaine dans le domaine sont révélés au grand public par les bombardements atomiques d'Hiroshima et Nagasaki les 6 et 9 août 1945. Le 31 août, de Gaulle charge Raoul Dautry et Frédéric Joliot de proposer une organisation de l'industrie française du nucléaire capable de mobiliser les énergies pour construire la bombe.

Le 18 octobre 1945, le Commissariat à l'énergie atomique (CEA) est créé par l'ordonnance 45-2563. Cet organisme, dépendant directement du président du Conseil, a vocation à poursuivre les recherches scientifiques et techniques en vue de l’utilisation de l’énergie nucléaire dans divers domaines de l’industrie, de la science et de la défense.


http://www.cea.fr/presse/Documents/actualites/direction-applications-militaires-cea-dissuasion-nucleaire-france.pdf


Si le plan quinquennal de 1952 ouvrit la voie à la bombe nucléaire française, la décision de sa fabrication ne fut pas prise alors. En fait, l'utilisation du nucléaire à des fins militaires ne sera prise par la France qu'en 1954, sur la base :
  • de la défaite de Diên Biên Phu. Face à l'encerclement des troupes françaises à Diên Biên Phu, en mars 1954, le Comité de Défense restreint demanda aux États-Unis l'utilisation de l'arme atomique, demande que la Maison Blanche ignora. Il apparut ainsi que l'alliance militaire avec les États-Unis ne pouvait garantir totalement les intérêts français ;
  • du traité concernant la Communauté européenne de défense (CED) et qui interdisait aux États membres d'entreprendre un programme nucléaire militaire indépendant. Ce traité, bien que rejeté par le parlement français en août 1954 après quatre ans de débats, mit en avant la nécessité de prendre une décision ;
  • d'un changement de stratégie de l'OTAN, en faveur de représailles massives et précoces par l'emploi de l'arme atomique. Dans ce contexte, les chefs d'état-major des armées françaises se prononcèrent en septembre 1954 pour un armement atomique national intégré à l'OTAN.


Ce n'est qu'en 1958 que le programme nucléaire militaire français fut officialisé par le général de Gaulle. Avant 1958, les présidents du Conseil (Pierre Mendès France, Edgar Faure et Guy Mollet) tenaient un double-discours qui ne doit pas minimiser les décisions prises entre-temps. Ainsi, en 1955, le programme nucléaire français fut doté d'un budget spécifique, l'inscrivant dans la durée. Le 5 juillet 1958, de Gaulle prévient le Secrétaire d'État américain John Foster Dulles : Tout s'organise en fonction de la force atomique. Cette force, vous l'avez […] Nous sommes très en retard sur vous […] Une chose est certaine : nous aurons l'arme atomique


MARINE ET ATOME

QU'EST-CE QU'UNE ARME NUCLEAIRE ?



https://www.sciencesetavenir.fr/sciences/fabriquer-une-arme-nucleaire-des-mines-d-uranium-a-la-miniaturisation_118762


Une arme est d'après le Petit Larousse « un instrument qui sert à attaquer ou à défendre ». L'arme nucléaire est ainsi nommée car elle tire son énergie des noyaux des atomes.




Cherbourg  SNLE photo JM Bergougniou

Ce qui en fait la particularité essentielle, c'est la gamme de puissance qu'elle permet d'atteindre : ainsi durant la dernière guerre mondiale les bombes les plus importantes avaient une puissance de l'ordre de 10 tonnes de trinitrotoluène (TNT) alors que la première arme atomique lancée à Hiroshima, évaluée en équivalent TNT, atteignait 20.000 tonnes (20 kilotonnes) et que depuis, tes progrès opérés en la matière, permettent de fabriquer couramment des armes dont la puissance est de plusieurs millions de tonnes de T.N.T. (mégatonnes).




Une arme nucléaire peut être considérée comme un amplificateur d'énergie qui, à partir d'un ensemble constitué d'explosif classique appelé « implosoir » ou « dispositif de concentration » met dans un état très fugitif d'explosion une certaine quantité de matière fissile communément dénommée cœur. Ce cœur fournit la puissance de l'arme grâce au processus de fission ou de fission-fusion. Pour mieux cerner le problème voyons quels sont les différents constituants d'une arme nucléaire ainsi que leurs rôles respectifs.






CONSTITUANTS D'UNE ARME NUCLEAIRE

Les organes essentiels d'une arme nucléaire sont les suivants :

— l'implosoir ;

— le coeur ;

— le tamper ;

— l'horloge électronique

— la source de neutrons.



Cherbourg  SNLE photo JM Bergougniou


Avant d'indiquer quel est le rôle de chacun de ces organes, il est indispensable de connaître la signification de quelques termes spécialisés :


https://enseignants.lumni.fr/fiche-media/00000000719/le-premier-essai-de-la-bombe-atomique-francaise.html

— la fission est, dans une arme, un phénomène provoqué à partir d'un instant donné par l'intermédiaire de neutrons issus d'une source neutronique. Les caractères fondamentaux de la fission sont les suivants :

— chaque fission de noyau s'accompagne d'un dégagement d'énergie ;

— chaque fission produit de deux à trois neutrons qui peuvent à leur tour provoquer d'autres fissions.

Comme les fissions se produisent en des temps extrêmement brefs (inférieurs au milliardième de seconde) on imagine aisément qu'un phénomène d'avalanche conduise à un dégagement d'énergie énorme en un temps très bref (1) ;



— la matière fissile est de l'uranium 235 ou du plutonium 239 — c'est une matière dont les noyaux se cassent facilement sous l'impact des neutrons et qui peut donc subir la fission ;






— la matière fissile est dite en état « surcritique » lorsqu'elle se trouve dans une configuration telle qu'une fission spontanée ou provoquée risque d'entraîner le déclenchement d'une réaction de fission en chaîne. Elle est dans un état sous-critique si aucune réaction en chaîne ne peut s'y produire et dans un état critique si le nombre de fissions qui s'y produisent est sensiblement constant. Le passage d'un état sous-critique à un état surcritique peut être provoqué par un changement dans la géométrie de la matière fissile. (Transformation d'une sphère creuse en sphère pleine, rapprochement jusqu'au contact de deux parties sous-critiques dont l'ensemble est au contact surcritique.)


Le  port du Fret et l'île longue

En fait, tous les neutrons naissant au cours des différentes fissions dans un bloc de matière fissile ne produisent pas de nouvelles fissions : certains d'entre eux sont avalés purement et simplement par des noyaux, d'autres sont perdus parce qu'ils n'ont rencontré aucun noyau sur leur trajet. La notion d'état surcritique ou sous-critique est liée à la probabilité qu'a un des neutrons de casser d'autres noyaux, c'est-à-dire essentiellement à la forme de la matière fissile (géométrie du système) ou à sa densité. Sachant maintenant ce qu'est une matière fissile et ce que représente la fission, nous pouvons pas à pas étudier le rôle des divers constituants de l'arme nucléaire. Nous terminerons en montrant comment se déroule dans le temps le phénomène puis quels sont les différents types d'armes.


Cherbourg  SNLE dans la coursive  photo JM Bergougniou
Amiral Arata était LV sur le Redoutable photo JM Bergougniou

L'arme nucléaire à deux positions :

— l'une de repos qui correspond à l'état dans lequel se trouve l'arme lorsqu'elle est stockée ou placée sur son vecteur ; dans cette situation l'arme ne peut donner naissance à une explosion nucléaire par suite de l'existence d'une sécurité nucléaire qui empêche le cœur de devenir surcritique ;

— l'autre, de « travail », qui correspond à l'attaque.

Cherbourg où sont construits les SNLE photo JM Bergougniou
L'implosoir a pour but de concentrer et de comprimer le cœur en matière fissile qui, à l'état normal, est sous- critique. Comme le cœur est en général sphérique, l'implosoir qui est constitué d'explosifs très puissants est chargé de transformer les « ondes de détonation » provenant des détonateurs (voir figure 1) en une seule onde de détonation sphérique se déplaçant vers

le centre G de l'arme. Cette onde crée dans la matière traversée des pressions énormes et met en mouvement vers le centre, après son passage, les particules de matière. La surface extérieure du tamper, puis celle du cœur sont soumises tour à tour à cette pression brutale et mises en mouvement vers le centre de l'arme.

Le Tamper qui recouvre le cœur est en général une sphère creuse d'uras- nium 238 dont les noyaux subissent plus difficilement la fission que l'uranium 235. Ce tamper a un double rôle- par sa densité (l'uranium 238 pèse lourd et n'est pas cher) et donc par son inertie, il s'oppose à la dispersion du coeur ; d'autre part comme ses noyaux subissent la fission sous l'impact des neutrons de grande énergie nés pendant la fission, il donne à l'arme un supplément de puissance.



Le coeur est en matière fissile (U 235 ou Pu 239). Comme une sphère pleine de plus de cinq kilos de plutonium se trouve au repos dans un état surcritique, le cœur sera tantôt creux (les fuites de neutrons sont proportionnelles à la surface) s'il pèse plus de six kilos par exemple ou tantôt plein s'il pèse moins.


L'onde de choc qui a traversé le tamper et mis en mouvement vers le
centre de l'arme toutes les particules de celui-ci, aborde simultanément tous les points de la surface extérieure du cœur soumettant celle-ci à une pression énorme. Toutes les particules constituant le cœur se précipitent vers le centre de l'arme à des vitesses de plusieurs kilomètres par seconde :

— le cœur creux est transformé en cœur plein puis comprimé ;

— le cœur plein est comprimé.

Dans les deux cas, il passe à l'état surcritique.




La source neutronique est mise en action au moment où le cœur est à son maximum de « surcriticité » et elle injecte dans celui-ci une « bouffée de neutrons » qui ont pour seul objet de faire démarrer la réaction en chaîne de fission au moment le meilleur, c'est- à-dire de donner à l'arme sa puissance optimale.

Ayant considéré chaque partie de l'arme indépendamment, il est indispensable de relier les différents phénomènes les uns aux autres par ordre chronologique, par exemple. Supposons donc qu'un S.N.L.E. a lancé un missile doté d'une tête nucléaire qui doit exploser en un point A à une altitude 7. Avant l'arrivée au point A (instant — t5), l'arme nucléaire est mise en position « travail » par effacement de la sécurité nucléaire. Aux environs du point A (instant — t4) l'ordre de mise de feu est donné aux détonateurs par l'horloge électronique qui reçoit elle-même une impulsion en provenance de la fusée radar ou chronométrique. Les détonateurs provoquent la détonation de l'implosoir et l'onde de détonation sphérique (fig. 3) se propage vers le centre G de l'arme (durée de l'ordre du dizième de seconde).





Cette onde arrive à la surface du tamper à l'instant — t3, comprime celui- ci en le traversant, attaque le cœur à l'instant — t., transforme celui-ci en cœur plein, s'il est creux et le comprime violemment. L'injection de neutrons est commandée par l'horloge électronique à l'instant — t,, le cœur, qui se trouve dans un état surcritique, subit la fission (durée de l'ordre du millionième de seconde) et explose.



Missile S3 Salon du Bourget

On voit donc le rôle essentiel joué dans la chronologie des événements par l'horloge électronique qui doit remplir son rôle avant d'être détruite elle- même par la détonation de l'implosoir. Il est aisé de se rendre compte de la précision nécessaire dans toutes ces phases puisque la durée de l'explosion nucléaire n'excède pas quelques millionièmes de seconde.

Quels sont les différents types d'armes ?



Celle que nous venons de décrire est une arme à fission dont la puissance est limitée à 100 ou 200 kilotonnes. Nous avons montré le fonctionnement d'une telle arme par implosion. Dans cette gamme de puissance on peut aussi envisager de construire des armes

à rapprochement axial ou « arme canon » dans lesquelles une masse mobile B sous-critique est projetée violemment sur une masse fixe A sous- critique. L'ensemble A + B au contact est alors surcritique.

Cherbourg  SNLE aen attente de déconstruction
 photo JM Bergougniou

Pour dépasser les puissances de 100 à 200 kilotonnes, il est nécessaire de faire appel à la fusion et on distingue alors deux types d'armes :

— Les armes dopées dans lesquelles la fusion n'est utilisée que pour fournir un supplément de neutrons énergétiques qui viennent améliorer le bilan de l'arme mais dans lesquelles la fusion n'apporte aucun surcroît d'énergie.

— Les armes à fusion ou plus exactement à « fission-fusion » dans lesquelles l'arme à fission joue le rôle d'amorce, l'énergie étant presque entièrement tirée du phénomène de fusion des noyaux légers de tritium et de deu- térium. Ces armes peuvent conduire à des puissances énormes et pour ainsi dire illimitées.

L'arme nucléaire a révolutionné « l'art de la guerre » et obligé les hommes à repenser leurs systèmes de défense.

Mais au-delà de la matière, elle a conduit aussi les stratèges à bâtir une nouvelle philosophie des groupes en raisonnant en terme de dissuasion.

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