souscrivez à l'Emprunt National :
le front économique
le front économique
La Première Guerre mondiale est une guerre totale qui a mobilisé toutes les ressources des états engagés dans le conflit pour détruire l'adversaire. Dès l’automne 1914, les Français sont incités à acheter des bons de la Défense nationale ou à souscrire aux emprunts nationaux afin de financer les énormes dépenses militaires, combler les déficits qui se creusent et seconder les sacrifices endurés par les millions de soldats sur le front.
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Leur lancement est popularisé par des campagnes d'affichage destinées à stimuler la générosité des Français et auxquelles participent un nombre important d'artistes (Francisque Poulbot, Georges Redon...). L'affiche de propagande est donc un outil de la guerre totale.
Réalisée par le dessinateur Francisque Poulbot (1876-1946), cette affiche annonce l’emprunt de la Défense nationale de 1915 et a été publiée avec le soutien de la Fédération nationale de la Mutualité française qui lutte pour la victoire des armées alliées. Il faut lever une " armée de l’épargne" censée faire couler l’argent en abondance. Les principaux contributeurs visés sont les paysans, détenteurs supposés de "bas de laine " qui représentent la nation française, encore très rurale à cette période.
Durant la Première Guerre mondiale, l’épargne française est mise à contribution par le biais d’emprunts nationaux annuels (novembre 1915, octobre 1916, 1917 et 1918). Ces initiatives répondent à une double nécessité. Il s’agit d’abord, bien sûr, de financer une guerre rendue particulièrement coûteuse par l’effet combiné de sa longueur, de l’ampleur des moyens nécessaires et de son caractère industriel. Mais cet enjeu coexiste avec un autre, celui de la mobilisation de la société dans son ensemble.
En enjoignant les populations de souscrire aux emprunts, ou aux bons de la Défense nationale, les pouvoirs publics entendent entretenir l’implication des Français dans la guerre, dans une optique très similaire à celle qui préside à l’organisation de diverses Journées (du Poilu, du 75, des Alliés…). Le devoir de l’arrière est en effet de seconder les efforts et les sacrifices endurés sur le front par les millions de mobilisés. Pour ce faire, l’État recourt à des moyens de propagande variés, tels que la presse, les conférences, les discours et l’affichage.
L’aigle, emblème de l’Empire allemand, symbolise l’ennemi. Le péril encouru par la France est évoqué par le bec de l’animal, accroché au côté droit (est de la France) du tissu tricolore. La position de l’épée du soldat, prête à transpercer l’aigle, laisse cependant entrevoir l’issue heureuse du combat.
Pris tels quels, ces documents peuvent donner à penser qu’un élan patriotique puissant et continu caractérise la société française durant le premier conflit mondial. Cela est vrai en partie, et le cadre de références employé ici renvoie bien sûr à certaines représentations des contemporains. Mais les choses se présentent aussi de façon un peu plus prosaïque, puisque les emprunts de la Défense nationale sont aussi des placements avantageux pour les nombreux épargnants ciblés par ces affiches. Cela introduit de l’ambiguïté dans les motivations : comme l’écrit Jean-Baptiste Duroselle, « gagner de l’argent sous couvert de patriotisme convenait très bien à l’atmosphère de l’Union sacrée » Jean-Baptiste Duroselle, La Grande Guerre des Français, p. 159) - See more at: http://www.histoire-image.org/site/etude_comp/etude_comp_detail.php?i=1143#sthash.wxf8UDqp.dpuf
Quant aux soldats, dont la vie quotidienne ressemblait assez peu aux mises en scène proposées ici, ils étaient souvent assez réticents ou hostiles à l’égard de telles opérations, comme en témoigne cette lettre, saisie par le contrôle postal, qu’un mobilisé du 264e régiment d’infanterie a écrite à son épouse : « Si je te disais qu’ils ont le toupet de demander aux soldats de souscrire pour la continuation de la guerre et de les faire tuer. Jamais de ma part ils auront [sic] un sou. Et je te défends, et surtout ta mère, qu’elle ne fasse pas [sic] cette bêtise de souscrire » (Jean Nicot, Les Poilus ont la parole. Lettres du front, 1917-1918, p. 163.)
sources :
http://www.lemonde.fr/economie/article/2014/04/11/comment-les-belligerants-ont-finance-1914-1918_4399668_3234.html
http://www.histoire-image.org/site/etude_comp/etude_comp_detail.php?i=1143