Toulon secteur Marine
La marine nationale est présente à Toulon depuis quatre siècles. Au fil du temps, elle a édifié autour de la rade un patrimoine portuaire et fortifié en rapport avec l’importance stratégique de son implantation méditerranéenne. Actuellement, une grande partie de ce patrimoine est toujours utilisée par la Marine. Une très faible partie est protégée au titre des Monuments historiques.
L'agence est ouverte le 2 février 1957 pour le centre administratif du secteur de Toulon. Elle assure le service postal du centre de dragage et la direction du port. Elle était initialement rattachée à Toulon RP.
la rade de Toulon photo JM Bergougniou |
la rade de Toulon photo Claude Arata |
blason de Toulon photo JM Bergougniou |
Le « Parc de marine », berceau du futur grand arsenal, est implanté en partie nord-ouest de la darse créée par l’ingénieur de Bonnefons au début du XVIIesiècle. Un chantier de construction navale occupe le terre-plein maritime. Des magasins et ateliers sont édifiés le long du rempart qui couvre la darse face à la petite rade. Aménagé au fil du temps et au gré des besoins, sans plan d’ensemble, le parc s’étend progressivement vers la ville, utilisant le rare espace disponible entre le rempart et le dense tissu urbain de Toulon.
la mairie d'honneur de Toulon photo JM Bergougniou |
C’est rapidement un ensemble disparate, qui se mélange à la ville et qui souffre d’une mauvaise fonctionnalité tout en étant exposé aux chapardages en tous genres. « Il n’y avait en ce temps-là aucun arsenal, mais seulement quelques petits magasins fermés, avec des ateliers qui ne l’étaient point du tout, en sorte que les particuliers y allaient prendre furtivement ce qui leur convenait … Mr Colbert, pour remédier à cet inconvénient, fit rassembler dans un même lieu tous ces différents magasins par une enceinte de murailles, qui fut appelé parc. Il n’y avait qu’une seule porte, gardée par des Suisses », écrira plus tard l’intendant de la marine Usson de Bonrepaus.
En 1670, l’intendant Matharel s’efforce de gagner en commodité, rationalité et sécurité. Il fait construire, hors les murs, un « petit parc », sorte d’annexe dotée de halles pour les bois de mâture et de construction et de divers ateliers et magasins. Ce n’est qu’un pis-aller, dans l’attente d’un projet d’agrandissement de l’arsenal digne de sa vocation. Colbert souhaite en effet tenir à Toulon une escadre de cinquante à soixante vaisseaux, pour marquer la place prépondérante que le royaume de France entend tenir en Méditerranée. Ce besoin d’extension est formulé par Colbert à une époque où Rochefort est le siège d’un des plus grands chantiers royaux dans le pays.
La porte du musée de la Marine photo JM Bergougniou |
Le concept d’arsenal étant encore du domaine du « vernaculaire », Colbert entend faire de Rochefort un champ d’études qui profitera aux autres ports de guerre. À mesure que l’arsenal de Rochefort s’édifie, Colbert échange effectivement avec ses intendants afin d’élaborer les règlements qui fixeront le fonctionnement des arsenaux maritimes. À Toulon, il faudra pratiquement dix années pour aboutir à un projet d’arsenal qui satisfasse Colbert. « Nous ne sommes pas en un règne de petites choses … il est impossible que vous puissiez imaginer rien de trop grand », déclare Colbert au chevalier de Clerville lorsqu’il est missionné pour arrêter le projet de grand arsenal toulonnais. Le rigoureux ministre précise toutefois que ceci « doit toutefois avoir sa proportion » …
Les projets succèdent aux projets. Les ingénieurs ou architectes Clerville, Puget, Gombert, en fournissent pratiquement dix. Seignelay emmène avec lui un ingénieur qui s’avère ne pas connaître grand-chose à la marine ! L’intendant Arnoul se prend lui-même pour un ingénieur et y va de ses projets. Rien n’y fait. Les projets semblent par trop confus à Colbert ; surtout, ils sont d’un coût qui lui paraît – comme souvent – exorbitant. Il faut qu’Arnoul en vienne à embrouiller la matière pour que Colbert décide d’appeler Vauban à la rescousse, en 1679. De fait, Vauban est désormais dans son rôle, puisqu’il a succédé à Clerville depuis un an comme Commissaire général des fortifications. Il s’est illico illustré en travaux maritimes à Dunkerque, qu’il a dotée du chenal qui lui faisait défaut.
Entrée de la rade photo JM Bergougniou |
Non seulement par manque d’envergure des ingénieurs, mais aussi et surtout en raison du sens trop poussé de Colbert pour les économies. En trois semaines, Vauban démêle l’écheveau toulonnais. Son puissant sens de la synthèse, joint à une grande force de persuasion, lui permet d’enlever la décision. Toulon entre alors dans une vague de grands travaux qui dureront quinze ans pour l’essentiel. Une nouvelle darse est creusée à l’ouest de la darse de Henri IV ; exclusivement affectée à la marine royale, elle est bordée des chantiers et édifices propres à la construction et au soutien d’une puissante flotte de guerre.
la tour Royale photo JM Bergougniou |
L’arsenal est doté des attributs propres à un grand port de guerre : une corderie longue de 400 m et accompagnée de ses magasins aux cordages et au goudron, ainsi qu’une étuve. Un élégant magasin général, un parc d’artillerie avec grande halle aux affûts et parcs aux canons et boulets participent au soutien logistique de la flotte. Halles aux mâts, forges et ateliers de toutes sortes jouxtent le chantier de construction navale, situé au cœur géographique et fonctionnel de l’arsenal. Les môles bastionnés qui ceinturent la nouvelle darse se couvrent de magasins pour les vaisseaux. À l’occasion de ces grands travaux d’aménagement, la ville s’agrandit aussi vers l’ouest, à l’abri d’une enceinte bastionnée qui protège la ville et l’arsenal. Car c’est une constante toulonnaise ; la ville vit au rythme de « son » arsenal et de « sa » marine.
Tant que dure la marine à voiles, l’arsenal se tient et se développe à l’intérieur du corset de pierre dont Vauban le dote. Toulon devient de fait un objectif stratégique pour les adversaires de la France en Méditerranée, au premier rang desquels les Anglais. Le littoral circonvoisin se couvre ainsi d’ouvrages de défense côtière destinés à interdire toute incursion navale dans la petite rade. La presqu’île de Saint-Mandrier n’échappe pas à cette « frénésie architecturale » : clef de la grande rade2, elle en contrôle les approches et offre des plages de descente ou de débarquement dont les défenseurs de Toulon doivent impérativement conserver la maîtrise
Tant que dure la marine à voiles, l’arsenal se tient et se développe à l’intérieur du corset de pierre dont Vauban le dote. Toulon devient de fait un objectif stratégique pour les adversaires de la France en Méditerranée, au premier rang desquels les Anglais. Le littoral circonvoisin se couvre ainsi d’ouvrages de défense côtière destinés à interdire toute incursion navale dans la petite rade. La presqu’île de Saint-Mandrier n’échappe pas à cette « frénésie architecturale » : clef de la grande rade2, elle en contrôle les approches et offre des plages de descente ou de débarquement dont les défenseurs de Toulon doivent impérativement conserver la maîtrise
Musée de la Marine photo JM Bergougniou |
. Des batteries et des forts côtiers se dressent à chaque pointe ou cap dont le rivage est abondamment garni. À la veille de l’attaque conduite en 1707 par le duc de Savoie, en pleine guerre de succession d’Espagne, 150 canons répartis dans 28 ouvrages côtiers veillent à la sécurité du port de guerre. Ce front de mer s’étend du cap Carqueiranne à Bandol, en passant par Saint-Mandrier et l’isthme des Sablettes. La frontière étant alors sur le Var, la défense terrestre de la place n’est pas à négliger. Manifestement insuffisante durant les événements de 1707, la protection de Toulon connaît un vaste programme d’améliorations au cours du XVIIIe siècle.
Une ligne de forts et redoutes est tracée à l’est de la ville, entre la hauteur de Lamalgue et le bas du Mont Faron. À l’ouest, quelques redoutes sont construites de part et d’autre de la vallée du Las, pour empêcher un contournement du Faron par le nord, en vue de prendre les défenseurs à revers. Ainsi, à la fin du XVIIIe siècle, l’existence du port de guerre de Toulon se traduit par la présence d’ouvrages défensifs tant sur les hauteurs environnant la ville, que sur les proéminences du rivage. La vocation militaire de Toulon s’inscrit ainsi autant dans son urbanisme (enceinte urbaine bastionnée, arsenal juxtaposé à la ville) que dans son paysage côtier et rural. Au « visible » (ouvrages militaires) s’ajoute un « poids invisible », celui des servitudes imposées par les ouvrages militaires : servitudes non ædificandi autour des remparts et dans le champ de tir des pièces d’artillerie
Au cours du XVIIIe siècle, l’arsenal est pourvu des moyens qui lui faisaient défaut au terme du chantier, inachevé, lancé par Vauban. La première forme de radoub française en Méditerranée est mise en service en 1778. La boulangerie neuve, construite en 1700, voit ses capacités décuplées avec la création d’une aile complémentaire au début des années 1780.
À la fin du règne de la voile, l’arsenal est perçu comme étriqué face aux besoins grandissants de la marine. L’ère est aux expéditions lointaines, coloniales ou scientifiques. Les théories de construction navale militent pour une conservation des vaisseaux sur cale, inachevés et en attente de mise à flot au moment voulu. Un nouvel agrandissement de l’arsenal vient à l’ordre du jour en 1821. Comme au temps de Colbert, les réflexions vont durer de nombreuses années. Faut-il agrandir vers l’ouest, ce qui est logique mais se heurte aux contraintes techniques induites par la médiocrité du sous-sol ? Ou bien vers l’est, ce qui est antinomique avec la présence de la ville, mais techniquement plus simple ? Un pis-aller (une fois de plus !) est exploité, avec la construction, au Mourillon, d’un établissement autonome de construction navale.
À la même époque, la marine étend son implantation en presqu’île de Saint-Mandrier. La vieille infirmerie royale Saint-Louis, construite en 1669 pour soigner les marins et soldats de retour de campagne, est alors délabrée. Après avoir envisagé de la réhabiliter, la marine retient le parti d’une reconstruction complète. L’hôpital pavillonnaire qui la remplace est construit entre 1819 et 1830 par les forçats du bagne de Toulon ; il est un élément marquant du littoral à l’entrée de la rade toulonnaise
La véritable modernisation de l’arsenal prend corps dès les débuts de la révolution industrielle. Celle-ci bouleverse la marine de guerre, dont les vaisseaux seront désormais construits en fer, propulsés à la vapeur et dotés d’une puissance de feu inédite. Le temps n’est plus au remaniement des installations portuaires à périmètre constant. C’est vers l’ouest que l’arsenal doit s’agrandir. L’établissement maritime est contraint de se mécaniser pour construire et entretenir la marine moderne.
Aux ouvriers « en bois » vont bientôt se superposer, puis se substituer les ouvriers « en fer ». Par ordonnance du 12 septembre 1841, Louis-Philippe entérine les propositions des ministres de la Marine et de la Guerre, en vue d’agrandir l’arsenal dans la plaine de Castigneau, et déclare d’utilité publique l’acquisition des terrains concernés.
Par une nouvelle ordonnance du 23 décembre 1843, Louis-Philippe amende le tracé et l’emprise de l’arsenal de Castigneau, qui doit offrir un agrandissement de 37 ha. La mise au point du projet s’avèrera laborieuse. Les exigences respectives de la marine et du génie sont en effet difficiles à concilier. Les fortificateurs sont animés par le souci permanent de conserver l’intégrité et l’efficacité de l’enceinte défensive. Les études du génie sont en outre conditionnées par l’éventuel agrandissement de la ville de Toulon vers le nord, demandé par le conseil général du Var et approuvé en principe par le ministère de la Guerre en décembre 1843. Le devis de l’arsenal de Castigneau monte à près de 13 millions, en y incluant les travaux de fortification. Après les remous de la révolution de 1848, les études concrètes reprennent en 1851, en butant sur les conditions d’aménagement du front de mer. Il est prévu d’aménager la limite sud de l’établissement de Castigneau en parc aux charbons et parc aux ancres, de façon à faciliter les mouvements entre la terre et les bords de mer.
Au cours du XVIIIe siècle, l’arsenal est pourvu des moyens qui lui faisaient défaut au terme du chantier, inachevé, lancé par Vauban. La première forme de radoub française en Méditerranée est mise en service en 1778. La boulangerie neuve, construite en 1700, voit ses capacités décuplées avec la création d’une aile complémentaire au début des années 1780.
système de fortification fort Balaguier photo JM Bergougniou |
À la fin du règne de la voile, l’arsenal est perçu comme étriqué face aux besoins grandissants de la marine. L’ère est aux expéditions lointaines, coloniales ou scientifiques. Les théories de construction navale militent pour une conservation des vaisseaux sur cale, inachevés et en attente de mise à flot au moment voulu. Un nouvel agrandissement de l’arsenal vient à l’ordre du jour en 1821. Comme au temps de Colbert, les réflexions vont durer de nombreuses années. Faut-il agrandir vers l’ouest, ce qui est logique mais se heurte aux contraintes techniques induites par la médiocrité du sous-sol ? Ou bien vers l’est, ce qui est antinomique avec la présence de la ville, mais techniquement plus simple ? Un pis-aller (une fois de plus !) est exploité, avec la construction, au Mourillon, d’un établissement autonome de construction navale.
À la même époque, la marine étend son implantation en presqu’île de Saint-Mandrier. La vieille infirmerie royale Saint-Louis, construite en 1669 pour soigner les marins et soldats de retour de campagne, est alors délabrée. Après avoir envisagé de la réhabiliter, la marine retient le parti d’une reconstruction complète. L’hôpital pavillonnaire qui la remplace est construit entre 1819 et 1830 par les forçats du bagne de Toulon ; il est un élément marquant du littoral à l’entrée de la rade toulonnaise
photo JM Bergougniou |
La véritable modernisation de l’arsenal prend corps dès les débuts de la révolution industrielle. Celle-ci bouleverse la marine de guerre, dont les vaisseaux seront désormais construits en fer, propulsés à la vapeur et dotés d’une puissance de feu inédite. Le temps n’est plus au remaniement des installations portuaires à périmètre constant. C’est vers l’ouest que l’arsenal doit s’agrandir. L’établissement maritime est contraint de se mécaniser pour construire et entretenir la marine moderne.
photo JM Bergougniou |
Par une nouvelle ordonnance du 23 décembre 1843, Louis-Philippe amende le tracé et l’emprise de l’arsenal de Castigneau, qui doit offrir un agrandissement de 37 ha. La mise au point du projet s’avèrera laborieuse. Les exigences respectives de la marine et du génie sont en effet difficiles à concilier. Les fortificateurs sont animés par le souci permanent de conserver l’intégrité et l’efficacité de l’enceinte défensive. Les études du génie sont en outre conditionnées par l’éventuel agrandissement de la ville de Toulon vers le nord, demandé par le conseil général du Var et approuvé en principe par le ministère de la Guerre en décembre 1843. Le devis de l’arsenal de Castigneau monte à près de 13 millions, en y incluant les travaux de fortification. Après les remous de la révolution de 1848, les études concrètes reprennent en 1851, en butant sur les conditions d’aménagement du front de mer. Il est prévu d’aménager la limite sud de l’établissement de Castigneau en parc aux charbons et parc aux ancres, de façon à faciliter les mouvements entre la terre et les bords de mer.
sources :