Jeanne YAN, une enfant de l'île Saint-Paul
le 6 décembre 1930, le vapeur L'île Saint-Paul aborde l'île par le nord.
Sous les ordres du commandant Darmencourt, le bateau vient assurer la relève des gardiens de l'île. Rien n'est encore connu du drame qui s'est joué au cours de l'année.
René Bossière dirigeant de la Langouste Française, un de ceux par qui le drame advint |
A bord des Bretons de la région de Concarneau, ils sont 22 dont 3 couples et une petite fille de 5 ans : Jeanne Yan.
Son père Prosper sera le contremaître de la conserverie et sa mère, Marie, dirigera les ouvrières. Elle est déjà venu sur l'île l'année précédente et ayant souffert des conditions précaires de la vie sur l'île, elle est autorisé à embarquer sa chambre à coucher. Elle apporte aussi un landau, des jouets pour l'enfant et des objets personnels.
Une autre enfant est à bord, Maria Le Brunou, fille d'un premier mariage de Louise, elle aussi âgée de 5 ans et que la famille, sans avoir connaissance du drâme a envoyé à Saint-Paul pour y retrouver ses parents. Elle débarquera elle aussi avec ses sabots de bois et ses jouets.
Avec eux, une centaine de manoeuvres malgaches embarqués à Tamatave et à Farafangana.
L'équipage est étonné du silence sur l'île. Aucune manifestation des gardiens jusqu'à ce qu'une embarcation conduite par Louis Herlédan accoste le vapeur. Hissé à bord, il va raconté le drame qui s'est joué.
Jeanne Yan est, 85 ans plus tard, à Concarneau pour l'inauguration du square des Oubliés de Saint-Paul et la pose de la plaque. Agée de 91 ans, elle est le seul témoin vivant de ce drame. Sa mère est la soeur de Pierre Quillivic.
Jeanne explique que sa mère s'attendait à voir Pierre, son oncle, venir les chercher au bateau. Elle apprendra que celui-ci a disparu en mer lors d'une sortie en solitaire.
Jeanne a des souvenirs de l'île mais surtout elle a entendu les récits de ses parents et des pêcheurs et ouvriers de l'usine revenus en Bretagne.
Jeanne Yan jetant une rose à la mer en hommage aux Oubliés de Saint Paul photo JM Bergougniou |
Les Oubliés de Saint-Paul, abandonnés sur l'île en 1930, ont leur stèle et leur square. Un hommage officiel a été rendu, dimanche, face à la mer, en présence du préfet des Terres australes et antarctiques françaises.
Dimanche, près de 150 personnes se sont retrouvées sur le fronton de mer, face à l'océan, dans un vent presque austral, froid et violent, comme pour rappeler physiquement les Oubliés de Saint-Paul et la tragédie qu'ils vécurent il y a 85 ans. Abandonnés sur l'une des îles les plus isolées au monde, aux confins sud de l'océan indien, les sept volontaires qui, en 1930, avaient accepté de garder l'usine de langoustes des frères Bossière, attendirent pendant neuf mois le navire de ravitaillement. Une longue attente qui signa la mort de quatre d'entre eux et de la petite fille née sur l'île.
Dominique Virlouvet et Maryvonne Le Huludut
Un long combat
Dimanche, c'était la conclusion d'un long combat mené par l'association Faire vivre le souvenir des Oubliés de Saint-Paul, gérée par Dominique Virlouvet et Maryvonne Tateossian, petite nièce et fille de Julien Le Huludut, l'un des rescapés, enterré aujourd'hui au cimetière du centre-ville.
Louise et Maria devant
la tombe de Victor
Les noms de ces huit oubliés, dont la petite Paule, sont désormais, enfin, gravés dans le bronze face à la mer, comme pour signifier la fin de leur oubli.
« Mon papa doit être heureux, glisse Nicole Hérlédan, fille de Louis Herlédan, l'un des rescapés. Même si cette reconnaissance arrive tard.»
Hervé Puloc'h, petit-fils de Manuel Puloc'h, mort du scorbut, ajoute : « C'est une période que mon père voulait oublier. Mon grand-père a eu une vie de misère. Sa mort a laissé ma grand-mère, ma tante et mon père dans le dénuement le plus total. Malgré le procès gagné contre la Langouste française, aucune indemnité n'a été versée.
La reconnaissance, c'est bien. Mais la souffrance ne s'oublie pas. »
Laëtitia Boidin, qui représentait le maire, a précisé qu'il ne « s'agit pas ici de nostalgie passéiste mais bien d'un devoir de mémoire. Parce qu'il ne fallait pas que les Oubliés soient oubliés une seconde fois ».
« La création de l'association en décembre 2013 a été le terreau fertile pour dire qu'il existe un droit de mémoire », a poursuivi, émue, Cécile Pozzo Di Borgo, préfet des Terres australes et antarctiques françaises (Taaf). Ouest-France Catherine GENTRIC.
http://france3-regions.francetvinfo.fr/bretagne/finistere/concarneau-hommage-emouvant-aux-oublies-de-saint-paul-889003.html
http://www.envelopmer.blogspot.fr/2013/07/les-oublies-de-saint-paul.html
Laëtitia Boidin, qui représentait le maire, a précisé qu'il ne « s'agit pas ici de nostalgie passéiste mais bien d'un devoir de mémoire. Parce qu'il ne fallait pas que les Oubliés soient oubliés une seconde fois ».
« La création de l'association en décembre 2013 a été le terreau fertile pour dire qu'il existe un droit de mémoire », a poursuivi, émue, Cécile Pozzo Di Borgo, préfet des Terres australes et antarctiques françaises (Taaf). Ouest-France Catherine GENTRIC.
http://france3-regions.francetvinfo.fr/bretagne/finistere/concarneau-hommage-emouvant-aux-oublies-de-saint-paul-889003.html
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