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30 juin 2020

Henri Guillaumet et les Andes


Henri Guillaumet 

Ce timbre évoque les pionniers de l'aviation, les héros de l'aéropostale.
Nous parlerons plus spécialement d'Henri Guillaumet. 




Le développement de la poste aérienne est intimement lié à l’histoire de l’aviation. C'est aussi une révolution dans l'histoire de la communication : il fallait auparavant un mois à un courrier pour atteindre l’autre côté de l’Atlantique par bateau ! Une correspondance entre deux individus situés de part et d’autre de l’Atlantique prenait donc deux mois… Les premiers timbres de poste aérienne apparaissent en 1927 en France.


L'expédition de courrier et de petits paquets par la poste aérienne nécessitant un affranchissement plus important que l'expédition par la route, le train ou le bateau, les postes ont émis des timbres portant la mention « poste aérienne » et dont la valeur faciale était beaucoup plus forte que celle des timbres-poste habituels.

Souvent, ces timbres ont porté des figurines liées au thème de l'aviation : pilotes pionniers, appareils historiques, vues de ville depuis le ciel, etc.

Actuellement, l'évolution du transport postal fait que la plupart des expéditions par les postes vers une destination lointaine passent par la voie aérienne. Les timbres de poste aérienne sont souvent de simples timbres de fortes valeurs pour composer des affranchissements qui ne sont pas forcément liés à une expédition aérienne (exemple : affranchissement en timbres d'un colis). Cependant, la plupart des éditeurs de catalogues de timbres classent ces timbres toujours après les timbres-poste « normaux », à l'exception de l'éditeur allemand Michel qui classe les émissions dans leur stricte chronologie.


Henri Guillaumet travaillait dans l'aviation commerciale chez Latécoère. Affecté d'abord la liaison Casablanca-Dakar, puis au légendaire parcours qui doit survoler l'Amérique du Sud de Buenos Aires à Santiago du Chili.













C'est sur cette ligne que le 13 juin 1930 il capote en plaine Cordillère des Andes. Les souffrances qu'il endura alors et l'énergie qu'il déploya nous ont valu quelques-unes des plus belles pages de son ami Saint-Exupéry. Sur le timbre, l'avion écrasé dans la montagne rappelle cet épisode.




Il réalisa en 1934 avec Mermoz sur l'Arc-en-ciel, de l'ingénieur Couzinet, la traversée de l'Atlantique Sud, une performance qu'il devait renouveler quatre-vingt-quatre fois par la suite.

Le Latécoère 521 que l'on voit en haut du timbre lui permit de réaliser à partir de 1938 des traversées d'étude de l'Atlantique Nord, dont une liaison directe New-york-Biscarosse la seule par Hydravion.























































Poussées par un fort vent d'ouest, des masses d'air humide venues du Pacifique déferlent sur la cordillère des Andes lorsque le biplan décolle de l'aéroport de Santiago du Chili, à 8 heures du matin, ce vendredi 13 juin 1930. Le petit Potez 25 de l'Aéropostale, où le pilote a eu du mal à glisser sa carcasse imposante et le sac du courrier, grimpe vaillamment pour gagner de l'altitude.

Aux commandes, Henri Guillaumet se sent d'humeur combative. La veille, le "Santiajeu" ("Santiago du jeudi") a perdu une journée, mais les Américains de la Pan Air ne volent pas ce matin, c'est une bonne occasion de marquer un point sur la concurrence. Les 450 chevaux du moteur Lorraine tirent le petit avion à travers les nuages, des brumes d'embruns fouettent le pare-brise. Bientôt, l'air devient vif sur les joues, la lumière perce la ouate, et l'avion surgit en plein soleil, à 6 000 mètres d'altitude.


A l'horizon nord, les nuages bourgeonnent jusqu'à 8 000 ou 9 000 mètres d'altitude, engloutissant le massif de l'Aconcagua. La veille, Guillaumet a dû rebrousser chemin sur cette voie-là, l'itinéraire habituel, qui suit la voie ferrée du Transandin en frôlant le plus haut sommet d'Amérique latine.


Cette fois, il va tenter de passer plus au sud, dans un secteur au relief moins agressif. Des volcans aux formes arrondies y dominent un lac sombre, la laguna del Diamante. L'itinéraire a été reconnu mais il est peu utilisé : la région est inhabitée et, en cas de panne, il n'y a aucun secours à attendre.



Ce vendredi, la météo de Mendoza, le point de destination, dit : "Ciel couvert avec trous." En plein hiver austral, la traversée s'annonce chahutée. Mais Henri Guillaumet en a vu d'autres. A 28 ans, il entame sa 92e traversée de la Cordillère. Bercé par la musique d'orgue du petit moteur, il s'abandonne à la monotonie du vol, fouillant les nuages du regard à la recherche d'une trouée qui lui fournirait un indice sur sa position.


Soudain, le Potez est secoué brutalement. Happé par un puissant courant descendant, il plonge dans des nuages de neige. C'est son ami Antoine de Saint-Exupéry qui a raconté la scène pour lui dans Terre des hommes : "Aussitôt, je lâchai les commandes, me cramponnant au siège pour ne point me laisser projeter au-dehors. Les secousses étaient si dures que les courroies me blessaient aux épaules et eussent sauté."



Le 13 juin 1930, alors qu’il traverse les Andes pour l’Aéropostale, il est pris dans une tempête de neige et son avion s’écrase près du lac Laguna Diamante située à une altitude de 3 250 m. En plein hiver austral, l’aviateur marche cinq jours durant avec l’espoir que l’on trouve son corps ; sans quoi sa femme ne toucherait la prime d’assurance qu’après quatre années. Lorsqu’Antoine vient le récupérer, Henri lui dit cette phrase transcrite dans Terre des hommes :

« Ce que j’ai fait, je te le jure, jamais aucune bête ne l’aurait fait »

La pénible odyssée de l'aviateur Guillaumet en Argentine




Buenos-Ayres, 21 juin. Le pilote St-Exupery, a ramené en avion à Mendoza l'aviateur Guillaumet dont on était depuis quelques jours sans nouvelles Ce dernier qui a les pieds enflés mais ne porte aucune blessure a déclaré que le vendredi 13 juin, une tempête l'avait obligé à atterrir dans la vallée Diamante située dans la Cordillère près du volcan Maipu et recouverte d'une couche de neige de 20 mètres d'épaisseur. L'appareil a capoté et c'est miracle que l'aviateur se soit retrouve sain et sauf

Le lendemain, il est parti à pied muni d'une boussole, il a marche pendant trois jours et trois nuits sans arrêt pour réagir contre le froid. Ayant glissé dans un précipice de 800 mètres de profondeur, il a perdu son sac de vivres et est resté deux jours sans nourriture. Malgré l'épuisement et le découragement, il a poursuivi sa route et a pu atteindre une cabane ou des policiers argentins l'ont recueilli. La population de Mendoza a acclamé l'aviateur français. Il sera ramené en avion à Buenos-Aires.




Terre des hommes, chap II, les camarades, éd Folio, p.47

« Dans la chambre de Mendoza où je te veillais, tu t’endormais enfin d’un sommeil essoufflé. Et je pensais : “Si on lui parlait de son courage, Guillaumet hausserait les épaules. Mais on le trahirait aussi en célébrant sa modestie. Il se situe bien au-delà de cette qualité médiocre. S’il hausse les épaules, c’est par sagesse. Il sait qu’une fois pris dans l’événement, les hommes ne s’en effraient plus. Seul l’inconnu épouvante les hommes. Mais, pour quiconque l’affronte, il n’est déjà plus l’inconnu. Surtout si on l’observe avec cette gravité lucide. Le courage de Guillaumet, avant tout, est un effet de sa droiture.” Sa véritable qualité n’est point là. Sa grandeur, c’est de se sentir responsable. Responsable de lui, du courrier et des camarades qui espèrent. Il tient dans ses mains leur peine ou leur joie. Responsable de ce qui se bâtit de neuf, là-bas ; chez les vivants, à quoi il doit participer. Responsable un peu du destin des hommes, dans la mesure de son travail. »


Un chasseur italien devait l'abattre en novembre 1940 au dessus de la Méditerranée

Sources :
Ouest-Eclair 

https://www.lemonde.fr/a-la-une/article/2005/07/21/guillaumet-heros-postal-par-charlie-buffet_674302_3208.html

https://www.philatimbre.fr/guillaumet-et-codos-1896-1960-yt-n-pa48-1973

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