de Gorée à DAKAR NAVAL 1940
L'occasion de parler du Sénégal et du port de Dakar en illustrant le propos par des cartes postales anciennes pour beaucoup réalisées par Edmond Fortier. Ces cartes postales ont été éditées par L'UNESCO dans la série Mémoire du Monde.L’histoire du Port de Dakar est très liée à celle de l’ile de Gorée qui était utilisée par les navigants déjà en 1354. Une activité commerciale très dense y régnait jusqu’en 1857, année à laquelle on songea à installer une escale maritime à Dakar sur la grande terre. Une convention fut signée entre le Gouverneur français et la compagnie des Messageries Impériales pour l’exploitation d’une ligne régulière entre la France et le Brésil avec escale obligatoire à DAKAR.
De 1864 à 1866, on assiste à l’édification d’un feu blanc à l’éclat d’une portée de 25 miles, à la mise en service du phare des mamelles le 1er avril 1864 et à l’installation du phare du Cap-Manuel en 1866.
Dakar-Naval 16 FEVRIER 1940 |
De 1926 à 1933, on assiste à la construction de moles supplémentaires (5,6 et 8), de postes pétroliers à la jetée Nord ainsi qu’à la réalisation de travaux de dragage.
De 1933 à 1939, l’édification du mole 3, la construction de hangars sur les moles 2 et 3 et de nouveaux travaux de dragage sont finalisés.
Après 1945, ce fut au tour de la construction du mole 4 (de 1947 à 1951) et du wharf pétrolier (en 1954),
Après mûres réflexions, les projets d'implantation sur le continent peuvent devenir réalité : le 29 janvier 1857 le Ministre, considérant que « Gorée, poste essentiellement maritime et militaire, principal point de refuge et de ravitaillement de nos flottes dans ces parages, ne possède point de port, donne l'ordre au commandant supérieur de Gorée de se mettre en mesure de défendre les passes de Gorée et d'occuper d'une manière solide la presqu'île du Cap Vert ».
A vrai dire, dès le 20 janvier 1857 le commandant supérieur de Gorée et dépendances, Léopold Protêt, avait appareillé avec quatre bâtiments et avait débarqué à Dakar où sont entrepris les travaux de fortifications préparés par Pinet- Laprade. En rendant compte à son ministre, Protêt précise de nouveau que « Dakar deviendra un jour, nous en avons la conviction, le port du Sénégal ».
Déjà en effet des pourparlers avaient été engagés avec les impériales pour assurer le service transatlantique avec l'Amérique du sud. Mais une question est à régler. Où se fera l'escale de la ligne ? Gorée défendu par les commerçants de l'île ou Dakar proposé par les Messageries impériales ? Ces pourparlers s'achevaient même, puisque la loi du 17 juin 1857 met un terme à vingt ans d'études et de sur l'organisation des lignes postales de navigation à vapeur. En Angleterre des lignes régulières sont organisées à partir de Londres et en 1840 est fondée la célèbre compagnie Cunard. En France la Chambre de commerce de Marseille émet en 1839 un vœu favorable à l'établissement de services subventionnés vers New- York, les Antilles et la Nouvelle-Orléans, et vers le Brésil et la Guyane par le Sénégal, mais Bordeaux s'insurge contre les prétentions de Marseille à organiser les lignes vers l'Amérique latine ; ainsi commence entre les deux ports une longue rivalité.
Il faut attendre le Second Empire pour donner aux projets économiques le support financier nécessaire à leur réalisation. De 1851 à 1857 Bordeaux va soutenir avec une ténacité remarquable un combat difficile. Le corps législatif vote enfin la loi qui prévoit une subvention annuelle de 14 millions pour trois lignes, New- York, les Antilles et l'Amérique du sud, cette dernière ligne étant, par décret impérial du 19 septembre 1857, concédée à la compagnie des impériales qui, moyennant une subvention de 4.800.000 francs (soit 200.000 francs par voyage), prévoit deux départs par mois, l'un de Marseille (supprimé en 1861), l'autre de Bordeaux pour Rio-de-Janeiro ; de ce port un service annexe atteindra Buenos-Aires. Le cahier des charges comporte l'obligation de faire escale à Gorée. C'est en fait l'avenir de Dakar qui se trouve assuré par cette décision, à l'origine du futur port et de sa fonction d'escale.
A cette date en effet Gorée est naturellement le seul point de relâche envisagé ; le trafic y a augmenté de façon considérable (71 navires en 1842, 498 en 1855) ; mais les Messageries impériales, après « l'étude préalable faite des cartes détaillées de l'île de Gorée », font savoir au gouvernement que dans l'état actuel Gorée n'offre pas la possibilité d'installer un important dépôt de charbon. « Nous évaluons à 3000 tonneaux le mouvement mensuel du combustible dans cette escale ; il est donc indispensable que nous y entretenions un dépôt capable de contenir 9 à 10.000 tonneaux », précisent les administrateurs de la compagnie au ministre de la Marine.
« Nous sommes informés que des établissements d'une certaine importance sont en projet et même en cours d'exécution à Dakar ». Aussi demandent-ils au ministre l'octroi d'une concession sur ce point de la terre ferme.
Le 21 septembre 1858, le capitaine de vaisseau d'Alteyrac, commandant de Gorée, précise au ministre, à propos du projet d'alignement de la future ville de Dakar, que « sans nul doute la compagnie générale des Messageries impériales établira du côté de l'anse Bernard (elle ne peut le faire ailleurs) un dépôt de charbon, du moins si elle agit d'après ses intérêts réels et ne se laisse pas dévoyer par des intérêts particuliers qui essayeront de s'y opposer et de le fixer à Gorée ; cette partie de la presqu'île prendra par suite la plus grande importance ».
Le 21 septembre 1858, le capitaine de vaisseau d'Alteyrac, commandant de Gorée, précise au ministre, à propos du projet d'alignement de la future ville de Dakar, que « sans nul doute la compagnie générale des Messageries impériales établira du côté de l'anse Bernard (elle ne peut le faire ailleurs) un dépôt de charbon, du moins si elle agit d'après ses intérêts réels et ne se laisse pas dévoyer par des intérêts particuliers qui essayeront de s'y opposer et de le fixer à Gorée ; cette partie de la presqu'île prendra par suite la plus grande importance ».
En novembre le sous-directeur des Messageries impériales vient sur place et retient dans l'anse de Dakar (et non dans l'anse Bernard) le « seul terrain propre à assurer la régularité du service postal », terrain qui d'ailleurs avait été proposé par le commandant supérieur. Mais ce terrain venait d'être acquis le mois précédent pour une somme de 700 francs par le sieur Dupuis qui n'accepte de s'en dessaisir que pour 10.000 francs. Le conseil de Gorée, saisi du problème, considère dans sa délibération du 9 novembre 1858, « que l'entreprise des Messageries impériales, par cela même qu'elle est chargée du service postal et subventionnée par le gouvernement, est d'utilité publique. Le terrain en litige est le seul convenable, le seul où la compagnie puisse établir son entrepôt de charbon, à cause des vents régnants, des marées, du fond, de la etc. etc. Nul par ailleurs, tant à Gorée qu'à la grande terre, l'on ne pourra satisfaire aux conditions de rapidité indispensables pour l'embarquement du charbon : 3 à 4 tonneaux à faire en 12 heures ». Finalement, la compagnie traite à l'amiable avec M. Dupuis et acquiert également 33.712 m2 au village de Thann.
II convenait désormais de préparer la venue des paquebots de la compagnie des Messageries impériales dont deux étaient attendus mois à Gorée. « De plus, un grand nombre de bâtiments de guerre et de commerce, sans compter ceux de la division, touchent à Gorée comme point de relâche et de ravitaillement, et tout le monde sait combien sont dangereux les Almadies et les brisants de la baie d' Yof et avec quel soin les navigateurs s'en tiennent prudemment éloignés.
II convenait désormais de préparer la venue des paquebots de la compagnie des Messageries impériales dont deux étaient attendus mois à Gorée. « De plus, un grand nombre de bâtiments de guerre et de commerce, sans compter ceux de la division, touchent à Gorée comme point de relâche et de ravitaillement, et tout le monde sait combien sont dangereux les Almadies et les brisants de la baie d' Yof et avec quel soin les navigateurs s'en tiennent prudemment éloignés.
Cette prudence nécessaire peut souvent faire manquer l'île de Gorée et causer ainsi des retards préjudiciables ». Afin de prévenir des sinistres éventuels ou des retards trop fréquents, le conseil d'administration de Gorée prend la décision le 27 mars 1858 d'ériger un feu sur les Le commandant du poste de Dakar s'entend avec les chefs et propriétaires de Wakam pour acquérir en toute propriété le plateau entier de la grande Mamelle et la route nécessaire pour y arriver. On retient d'y installer un feu à éclipse de Ier ordre de façon à ce que les navires venant du large ne le confondent pas avec ceux que les noirs ont l'habitude d'allumer sur la côte ; le phare se trouvera placé à 120 mètres au-dessus du niveau de la mer. Une tour est effectivement achevée au début de 1859, mais sans concertation avec l'administration supérieure qui fait savoir le Ier août 1860 que « les bâtiments de la tour ne présentent aucun des aménagements nécessaires au service ». Des 3000 francs votés, le coût de l'opération passe à 35000 francs puis à 86.000 francs, « y compris un approvisionnement d'huile de colza pendant deux années » à moins d'utiliser l'huile d'arachide.
Le conseil d'amirauté consulté demande la création d'un port à Dakar et « exprime l'avis que le peu d'étendue de l'île de Gorée ne permettra jamais d'y faire un travail suffisant pour les besoins à prévoir et que la création d'un petit port ou barachois y présenterait des difficultés par suite du mouvement et de la profondeur des eaux ; mais que la conformation de la baie de Dakar, la tranquillité relative de ses eaux et leur peu de profondeur, ainsi que la proximité des matériaux propres à faire une jetée, permettraient d'y établir un abri et de cette anse en un port ou barachois de nature à obvier à toutes les difficultés qui existent aujourd'hui.
Le conseil d'amirauté consulté demande la création d'un port à Dakar et « exprime l'avis que le peu d'étendue de l'île de Gorée ne permettra jamais d'y faire un travail suffisant pour les besoins à prévoir et que la création d'un petit port ou barachois y présenterait des difficultés par suite du mouvement et de la profondeur des eaux ; mais que la conformation de la baie de Dakar, la tranquillité relative de ses eaux et leur peu de profondeur, ainsi que la proximité des matériaux propres à faire une jetée, permettraient d'y établir un abri et de cette anse en un port ou barachois de nature à obvier à toutes les difficultés qui existent aujourd'hui.
Le conseil d'amirauté a conclu en conséquence à la demande de la compagnie relativement à la relâche de Gorée, mais seulement à titre provisoire et jusqu'à ce que le mouillage de Dakar ait été amélioré comme il vient d'être dit. d'un port à Dakar, déclaré par le conseil d'amirauté non possible mais même facile, aurait une importance réelle et pour la colonie et pour le commerce métropolitain qui réclame le maintien de communications fréquentes avec les Côtes occidentales d'Afrique ».
En 1940 furent mise à Dakar, Diégo-Suarez, et Djibouti, des cachets à date mentionnant le nom de la ville suivi du mot "Naval". DAKAR NAVAL devint par la suite Agence navale n°34
Le 5 novembre 1859 Ie ministre demande au gouverneur du Sénégal de « faire étudier sans délai et avec le plus grand soin un projet de port à Dakar ». Aussitôt, une commission se réunit, composée du supérieur de la marine, des chefs du génie de Saint-Louis et de Gorée, d'un lieutenant de vaisseau chargé de l'hydrographie du d'un officier de marine, de trois négociants et du maître du port de Gorée ; cette commission se transporte à Saint- Vincent afin d'y étudier
Par décret du 23 mai 1860, le gouvernement institue une compagnie disciplinaire des colonies pour travailler au port. Arrivée à Gorée le 17 août 1861, cette compagnie est affectée à Dakar aux établissements nécessaires aux travaux du port. Elle commence par construire les baraques destinées au logement des disciplinaires. Privés de toute communication avec les autres troupes et les indigènes, ces sont surveillés de très près par la brigade de gendarmerie installée à Dakar au début de mars 1862. Le premier hivernage passé sous la tente, la compagnie a perdu 11 hommes, soit le i/25ème de son effectif. Sur l'effectif total de 239 disciplinaires, Pinet-Laprade estime qu'il ne peut compter que sur 142 travailleurs par jour et 34 malades et demande que l'effectif de la compagnie soit porté à 400. « C'est l'âme des travaux ; grâce à elle, et sous la direction habile et ferme du capitaine Bolot, les travaux considérables de la jetée de Dakar ont été exécutés ». Les disciplinaires seront aidés par des ouvriers du génie et par des indigènes faits prisonniers dans le Sine-Saloum, en faveur desquels on demande nattes, couvertures et médicaments. Le 21 mars 1862 le commandant de Gorée remet au responsable de la compagnie des disciplinaires un appareil photographique ; il est regrettable que les essais de poursuivis jusqu'en 1866 n'aient donné aucun résultat.
DAKAR NAVAL 20 Janvier 1940 |
Le Ier avril 1864 le phare des Mamelles est enfin allumé ; il s'agit d'un feu blanc, à éclipses de demi-minute en demi-minute et d'une portée de 27 milles marins. Un premier registre de visiteurs est ouvert le 8 avril 1864 (il sera clos le 25 avril 1937) ; jusqu'au 10 juillet 1867, il renferme 290 noms de militaires de terre et de mer, d'ecclésiastiques et de religieuses, de commerçants et de fonctionnaires. Le phare est devenu le lieu de promenade des Dakarrois.
https://www.persee.fr/doc/outre_1631-0438_2011_num_98_370_4554
Les sources de cet article proviennent essentiellement des ouvrages suivants : Jacques Charpy, La Fondation de Dakar (1845-1857-1866), Paris, Larose, 1958, 597 Po 9 plans et 30 pl.h.t. - Jacques Charpy, Dakar, naissance d'une métropole, Rennes, éditions Les Portes du Large, 2007, 120 p. - Roger Pasquier, « En marge du centenaire de Dakar. Bordeaux et les débuts de la navigation à vapeur vers le Brésil », dans Revue historique de Bordeaux et du département de la Gironde, 1957, p. 219 - 237. - Roger Pasquier, « Villes du Sénégal au xixe siècle », dans Revue française d'histoire d'outre-mer, n° 168-169, i960, p. 387-426.