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19 mars 2020

1884 Canonnière Achéron accident de travail Cherbourg 1884

L'Achéron et l'accident de travail Cherbourg 1884

J'avais déjà évoqué il y a 6 ans (et oui le temps passe) la canonnière cuirassée ACHERON avec un certificat de bonne conduite délivré à Charles Fontaine .
Des canonnières pour une politique coloniale


Le gouvernement Jules Ferry s'installe dans la durée avec un chef qui exerce une véritable autorité. Ainsi Jules Ferry qui doit remanier plusieurs fois son gouvernement ne soumettra pas ceux-ci à l'approbation de la chambre des députés.

Malgré la crise économique de 1882, de nombreuses réformes sont entreprises : réforme de la magistrature, relance du plan Freycinet sur le réseau ferré, loi Waldeck-Rousseau autorisant les syndicats et diverses mesures sociales, mesures protectionnistes en faveur de l'agriculture sur l'insistance de Méline. Ferry engage également une politique coloniale volontariste, à l'époque très décriée par la droite et l'extrême-gauche.






J
e vais évoqué la construction de la canonnière au travers d'un certificat d'accident de travail en décembre 1884 à Cherbourg.

Victor Levallois journalier à la Direction des constructions navales atelier fer est blessé à la main gauche par la chute d'une tôle.
Il est accompagné par ses camarades à l'ambulance et est reçu par le médecin de 1ère classe "Aram" de garde.

Il regagnera son poste quelques jours plus tard.













Ce nom de Victor Levallois me disait quelque chose. Recherche dans les BD et voilà que je tombe sur lui. Pas dans les années 1880, un peu plus tard.


Ces canonnières portaient les noms des fleuves des enfers dans la mythologie grecs. Une prémonition d'un "futur enfer colonial?" : Achéron, Styx, Cocyte et Phlégéton




L’Achéron est mis à l’eau le 25 avril 1885 à 16 heures. 


L’achèvement se poursuivra pendant de nombreux mois : les chaudières seront installées à bord le 12 juin, l’appareil moteur le 22 septembre de cette même année et les premiers essais de chauffe auront lieu en mars de l’année suivante. Le premier armement pour essai n’interviendra que le 10 avril 1888. L’équipage se composait de 99 hommes.


Le programme de 1882 prévoit la construction de huit canonnières cuirassées dont quatre de première classe et quatre de seconde classe. 





Les canonnières de 1ère classe, toutes construites à l’arsenal de Cherbourg sur les plans de l’ingénieur Chaudoye, présentent néanmoins des différences dans les dimensions de leurs coques. En fait, deux possédaient une coque d’un déplacement de 1639 tonnes pour une longueur de 55,59 m hors tout (l’Achéron et le Cocyte) et deux avaient une coque sensiblement agrandie déplaçant 1789 tonnes et d’une longueur hors tout de 59,22 m (le Styx et le Phlégéton).



DescriptifDimensions
Longueur à la flottaison en charge de l’extérieur de l’étrave à l’axe du gouvernail53.400 m
Largeur au maître couple hors tôles et hors cuirasse a la flottaison12.300 m
Hauteur de la tôle quille0.015 m
Hauteur de la fausse quille0.100 m
Epaisseur des bordages des gaillards0.040 m
Hauteur des seuillets de sabords des demi tourelles0.630 m




Le 30 octobre 1882, un rapport au ministre (il s’agissait du vice-amiral Jauréguiberry qui fut ministre de la marine du 4/02/1879 au 23/09/1880 et du 30/01/1882 au 21/02/1883) soumettait à sa signature le plan des formes et le devis des poids et des échantillons d’une canonnière de 1ère classe et précisait : Ce projet a été très étudié par l’ingénieur Chaudoye et paraît réaliser de la façon la plus heureuse les desiderata du ministre, sous les différents rapports de la vitesse, de l’armement en artillerie et de la puissance défensive (cuirassement vertical de la carène, horizontal du pont, vertical et horizontal de la tour tournante).


Le 18 mai 1883 la firme Schneider, qui était à l’époque un des fournisseurs possible pour les blindages, sollicitait en ces termes l’intérêt de la Marine :Nous avons l’honneur de demander à être appelé à concourir à la fourniture des plaques de blindage nécessaires au cuirassement des canonnières des divers types en construction dans divers ports. Les progrès de notre fabrication à la suite de nos constantes études de la spécialité du blindage et l’expérience résultant de nos tirs successifs déjà nombreux ont démontré que sous des épaisseurs faibles, pouvant aller en décroissant jusqu’à celles qui correspondent aux cuirasses de pont, la propriété défensive de nos plaques en acier se maintient dans tous les cas, comme cela a été établi pour les plaques de forte épaisseur.



Pour les canonnières type Achéron, une dépêche du 8 mai 1883 charge la Commission du Grand Outillage de traiter pour le blindage dans le système compound. Avant de répondre à la note du 23 mai, j’ai demande à MM. Schneider et Cie s’ils avaient de nouveaux renseignements à produire sur les plaques d’acier de 15 à 25 cm d’épaisseur. Ces Messieurs m’ont communiqué les résultats d’un essai effectué le 14 juin 1880 sur une plaque d’acier de 185 mm d’épaisseur destinée au navire danois Tordenskjold. La plaque a reçu trois projectiles de 16 cm (canon français) auxquels elle a bien résisté ; un, quatrième coup du même canon l’a séparée en six morceaux. Cette plaque a donc résistée, eu réalité, aux conditions de recette de la Marine Française, mais elle reste très inférieure a une plaque de Mr Camell de 27 cm d’épaisseur essayée en janvier et mai 1882, laquelle après le 3eme coup de 9 pouces (23 cm) dont le résultat a entraîné l’admission en recette, a pu recevoir encore 4 coups de canon de 10 pouces (25 cm) sans avoir de fentes traversant toute son épaisseur, en sorte que après 7 coups, elle eut encore mieux protégé le navire que la plaque précédente après coups.


En ce qui concerne la tourelle de l’artillerie principale, les Forges et Chantiers de la Méditerranée remettront le 26 juin 1883 une proposition pour la fourniture de l’affût hydraulique des tourelles des 4 canonnières en précisant à ce sujet :
f

L’affût repose sur un châssis mobile pivotant à l’avant pour réduire à la dimension minimum le sabord. Les deux cylindres hydrauliques qui amortissent le recul sont placés de chaque coté de l’affût dans un plan passant par l’axe des tourillons et parallèle au châssis, évitant ainsi tout couple de renversement.
















Des canons 


Dès l'apparition du canon, bons nombres de tentatives de chargement par la culasse eurent lieu pour obturer l'arrière d'un canon. La solution la plus simple consistait à y visser un bouchon d'acier. Si l'accès et la forme du filetage rendaient le bouchon facilement amovible, il était alors possible de charger l'arme par l'arrière, ce qui a résolu du même coup les problèmes de forcement de projectile et facilité l'approvisionnement du canon. Par contre, visser et dévisser une culasse d'acier, nécessitait un certain temps et empêchait un chargement rapide. La difficulté a été résolue par l'invention de la vis à filets interrompus dont le serrage peut être assuré sur une fraction de tour).

La structure de l’Achéron était on ne peut plus classique pour l’époque. Construite dans le système dit « cellulaire » elle était constituée sur une notable longueur d’une double coque en acier doux. Les tôles du vaigre et des cloisons de la cale étaient zinguées. En dessous de la ceinture cuirassée, la charpente de la carène comporte 13 lisses et des couples espacés de 1,20m.














Equipage


Etat major
1 Capitaine de Frégate,
1 Lieutenant de Vaisseau,
2 Enseignes de Vaisseau,
1 Officier d’administration,
1 Médecin major,
1 Médecin principal,
1 Premier maître mécanicien,
1 Maître mécanicien.
Seconds maître
1 Second maître de canonnade
1 Second maître de manœuvre
1 Second maître de mousqueterie
1 Second maître de timonerie
3 Second maître mécanicien
1 Second maître de calfatage et charpentage
1 Second maître commis aux vivres
1 Second maître magasinier
1 Second maître armurier
Quartiers maître
2 Quartier maître de manœuvre
2 Quartier maître de canonnage
1 Quartier maître torpilleur
1 Quartier maître de timonerie
6 Quartier maître mécanicien
1 Quartier maître fourrier
Matelot et sans spécialités
4 gabiers
11 canonniers
1 torpilleur
3 fusiliers
2 timoniers
14 mécaniciens
1 charpentier
1 voilier
1 tailleur
1 boulanger
1 coq
1 infirmier
1 clairon
14 de pont
6 apprentis marins
4 agents de service civil


sources :


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