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04 mai 2019

Augustin Fresne CapFréhel Plévenon 22l

Augustin Fresnel Cap Fréhel Plévenon 22


Le cap Fréhel est une pointe de grès rose au relief tourmenté qui sépare à l'est la baie de Saint-Brieuc de la Baie de St Malo, sur la côte de la Manche. Il est situé sur la commune de Plévenon et non sur celle de Fréhel, comme pourrait le laisser penser le nom de cette dernière, dans le département français des Côtes-d'Armor.

phare de Fréhel un jour de départ de route du Rhum photo JM Bergougniou
lentille de Fresnel photo JM Bergougniou

Avec le Rapport contenant l’exposition du système adopté par la Commission des Phares, pour éclairer les côtes de France, publié en 1825 par Augustin Fresnel et l’hydrographe Paul-Edouard de Rossel, le Mémoire sur un nouveau système d’éclairage des phares est le texte fondateur pour comprendre l’histoire de la signalisation maritime. Après avoir rappelé le contexte dans lequel Fresnel rédige ce mémoire, nous décortiquerons le processus d’innovation dont la fameuse lentille n’est qu’un élément.


Phare du Cap Fréhel photo JM Bergougniou

Phare de Fréhel Photo JM Bergougniou


Au moment de la publication du Mémoire, une vingtaine de phares illuminent les côtes de France, dont la prestigieuse tour de Cordouan. Autour de 1820, des projets sont lancés par les ingénieurs des Ponts à l’embouchure de la Loire (le Four du Croisic) et au large de Marseille (Le Planier). Le directeur général des Ponts et chaussées et des Mines, Louis Becquey (1760-1849), que Fresnel remercie à la fin de son mémoire, réactive en 1819 la Commission des Phares, créée sous l’Empire (avril 1811). La Commission, composée de savants, de marins et d’ingénieurs, avait pour tâche d’examiner un projet d’éclairage par des feux bleus et rouges proposé sous l’Empire par un officier de Marine. Plus généralement, elle devait réfléchir à un « système » pour l’ensemble des côtes de France. Le contexte de guerre avait considérablement limité ses travaux.



Ancien phare de Fréhel Photo JM Bergougniou


Ceux-ci reprennent en 1818, quand François Arago (1786-1853), enseignant à l’École polytechnique, membre de l’Académie des Sciences et du Bureau des Longitudes, est nommé à la Commission. Il appelle auprès de lui un jeune ingénieur des Ponts et Chaussées, Augustin Fresnel (1788-1827), qui rectifie les routes d’Ille et Vilaine et tente, sans succès, de rejoindre la capitale.

Depuis quelques années, Fresnel poursuit les travaux qui lui permettent de présenter en juillet 1818 son Mémoire sur la diffraction de la lumière. La politique de signalisation maritime constitue une aubaine pour Fresnel, qui se voit ainsi temporairement rattaché aux expériences de la Commission des phares sur la lumière. Il trouve là un poste qui lui permet de s’insérer dans le milieu social des savants parisiens
Fréhel (sous la pluie et le vent) photo JM Bergougniou


Des techniques éprouvées existent quand Arago et Fresnel tentent leur pari audacieux : changer radicalement la technologie d’éclairage des côtes. Les deux savants vont importer dans ce monde maritime des objets et des techniques venus de l'instrumentation scientifique .Fresnel n'a jamais soutenu avoir inventé la lentille à échelon, déjà utilisée en chimie pour concentrer les rayons du soleil, une application connue sous le nom de « verres ardents ». Il en a simplement inversé la fonction, puisqu'il ne s'agissait plus de concentrer les rayons du soleil mais de diffuser ceux émis par une source de lumière, la lampe à huile du phare. 




La Poste bureau temporaire photo JM Bergougniou


Postes la levée est faite Photo JM Bergougniou

Le mémoire de Fresnel reconstruit pas à pas les étapes d'un processus d'innovation, dans lequel cette idée "simple", mais redoutablement complexe à mettre en oeuvre, va prendre forme dans les phares français. L’histoire sainte du savant lui attribue tous les mérites de l’évolution des techniques de signalisation maritime au début du XIXe siècle : « Augustin Fresnel a été l'inventeur des phares lenticulaires, aux mêmes titres que Gutenberg, de l'imprimerie, Galilée, des télescopes, et Watt, des machines à vapeur », écrit Léonor Fresnel dans l’introduction aux Œuvres Complètes, véritable monument élevé à la gloire de son frère.


TàD illustré photo JM Bergougniou


L’emploi du verre, sur la fragilité duquel Fresnel anticipe les critiques, n’allait pas de soi. Il y a un changement de taille significatif entre les appareils lenticulaires et les instruments scientifiques fabriqués par l’opticien Soleil. Celui-ci accepte la commande de Cordouan4, premier moment vers la constitution d’un marché de la signalisation maritime, sans lequel aucune innovation ne peut se développer. Fresnel détaille dans ce Mémoire les problèmes de Soleil – le collage des verres par exemple. Dans sa correspondance, il revient longuement sur ses négociations avec Saint Gobain, qui accepte, en se faisant longuement prier, de fournir un verre de type crown, dont la teinte verdâtre est bien connue de tous ceux qui ont vu une grande optique lenticulaire.



Club philatélique dinanais photo JM Bergougniou

le cap Fréhel et la baie de la Fresnaye photo JM Bergougniou
Les problèmes de la portée, liée à la puissance lumineuse, et de la variété des signaux des différents phares sont donc fondamentaux pour limiter le nombre de points de la côte à éclairer, ainsi que les erreurs de navigation dues à la confusion entre deux feux identiques. 

Trois caractères seront retenus : fixe ; éclipse d’une minute ; éclipse de trente secondes. Il s’agit ici de perfectionner, en les rendant continu, des machines de rotation qui relèvent de l’art de l’horlogerie.




les phares vus par les écoliers de Plévenon photo JM Bergougniou
La lentille à échelons de Fresnel trouva une application immédiate dans les phares maritimes, pour lesquels, avec l’ensemble du système, elle révolutionne l’éclairage. Elle fut également utilisée expérimentalement pour la sécurité ferroviaire naissante, afin d'éclairer les locomotives à l'aide de petits fanaux catadioptriques. Cent vingt ans plus tard, elle allait connaître une nouvelle utilisation, à d’autres phares, ceux des automobiles fabriquées à grande échelle (à noter que l’éclairage par réflecteur parabolique reste utilisé dans un certain nombre de véhicules modernes).



Corne de brume Fréhel photo JM Bergougniou



Phare de Fréhel photo JM Bergougniou


Le phare actuel, construit de 1946 à 1950 sur la pointe du cap Fréhel, à près de 70 m au-dessus des flots, succède à 2 constructions plus anciennes implantées sur les mêmes lieux. Il éclaire et sécurise fortement le passage de la baie de Saint-Brieuc vers la rade de Saint-Malo très difficile d'accès car battue par les vents. Le phare fait l’objet d’un classement au titre des monuments historiques par arrêté du 23 mai 2011




ancien phare  JM Bergougniou



En mai 1694, Vauban inspecte les côtes nord de Bretagne et propose l'édification d'une tour pour avertir des attaques de la flotte anglaise. À cette époque, le commissaire général des fortifications de Louis XIV a déjà fait construire plusieurs phares (le phare du Stiff à Ouessant, le phare des Baleines sur l'île de Ré, le phare de Chassiron à Oléron).

L'ingénieur Siméon Garangeau reprend les plans du phare du Stiff pour construire ce premier phare allumé en 1702 (mais uniquement les mois d'hiver).

En 1717, la marine ordonne l'allumage du feu toute l'année. Les dépenses liées à cet allumage sont financées par une taxe, payée par les navires entrant dans les ports compris entre le cap Fréhel et Regnéville.

En 1774, un réverbère de 60 réflecteurs sphériques remplace le brasier. Placé dans une lanterne, ce système devient tournant en 1821. la portée du feu passe de 15 à 21 milles.


SNSM photo JM Bergougniou


Sources 

Les lentilles à échelons de Fresnel Vincent Guigueno


http://www.phares-et-feux.fr/COTESDARMOR/FREHEL/Frehel.htm

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