Sous-Marin Farfadet Bizerte Tunisie naufrage
Quatre sous-marins sont construits, suivant des plans de Gabriel Maugas. Ils sont commandés en 1899, et leur construction s'achève pour les premiers en 1901.Dernière Edition
dans la rade de Bizerte
Le «Farfadet"— Une plongée funeste.— Deux officiers et treize marins en danger de mort. — Les opérations de sauvetage:— Le sous-marin serait renfloué.
Une grave nouvelle est parvenue, hier, à Paris. , ' ... Une dépêche du correspondant de l'Agence Havas à Ferryville (Tunisie), annonçait qu'un sous-marin français venait de couler à pic dans le lac de Bizerte, entraînant avec lui, au fond de la mer, treize hommes de son équipage.
du reste les télégrammes de l'Agence Havas :
Ferryville, 6. Juillet. Un sous-marin a coulé avec treize hommes. Ferryville, 6 Juillet. Le commandant et deux hommes du sous-marin coulé ont été, au moment de l'accident, projetés en l'air. Treize marins sont dans le sous-marin qui est ensablé au fond du lac de Bizerte. Les scaphandriers disent que du bateau coulé on répond à leurs appels.
La classe Farfadet est une classe de sous-marins de la marine française lancée en 1901.
Les sous-marins de cette série, "Farfadet", "Korrigan", "Gnome" et "Lutin", possédaient une coque unique en acier. Long de 41,35m avec un tirant d’eau de 2,68m, leur déplacement était de 185 tonnes en surface et 202,5 tonnes en plongée.
Ils étaient les premiers à disposer de cloisons étanches et d'une hélice à pales orientables ne nécessitant pas d'inverser le sens de rotation du moteur électrique.
Leur conception, qui sera abandonné sur les séries suivantes, rendait très délicate la prise des dispositions pour plonger :
- les ballasts et leurs purges étaient à l'intérieur de la coque épaisse, ce qui imposait de ne fermer le panneau supérieur du kiosque ballasts pleins, donc bâtiment déjà presque entièrement immergé et en phase de descente,
- le panneau supérieur du kiosque n'était pas basculant mais coulissant, la moindre gêne à la fermeture lors de la prise de plongée augmentait le risque d’entrée d’eau.
Chaque prise de plongée était donc un moment de grande tension, sachant qu'il fallait attendre que le panneau central soit immergé pour fermer le panneau supérieur.
En 1905 le sous-marin "Farfadet" est basé à Bizerte en Tunisie. Il est commandé par le lieutenant de vaisseau Cyprien Ratier.
Le 6 juillet 1905. Le "Farfadet" appareille de la darse de Sidi-Abdallah pour effectuer, dans le lac de Bizerte, une sortie d'exercice. Lors de la prise plongée, brusquement l'avant s'enfonce. Le second maître Troadec et le quartier-maître Lejean se précipitent pour fermer le capot avant resté ouvert, puis rejoignent le Commandant dans le kiosque en essayant de refermer le capot supérieur de ce dernier derrière eux.
L'air, surgissant de l'intérieur du sous-marin, pousse les trois hommes et le capot qui n'avait pu être fermé à temps à l'extérieur du sous-marin. Ce dernier pique du nez dans la vase par dix mètres de fond et disparait de la surface de l’eau.
un premier monument en mémoire des victimes est érigé dans le cimetière de Ferryville. En parallèle, une souscription nationale est lancée Début 1909, une sculpture de bronze de 5 m de haut et de 9 tonnes est inaugurée à proximité de l’arsenal. Créée par Emile Gaudissard elle figure une allégorie de la Gloire soutenant un soldat au-dessus d’un sous-marin ceinturé des chaînes de sauvetages. |
L'Ouest-Eclair 09 juillet 1905
L'accident du « Farfadet » En route pour Bizerte
Marseille, 8 juillet. -M. Thomson, ministre de la marine, accompagné de son chef de cabinet, est arrivé ce matin à quatre heures et demie, par le rapide de Paris. Il a été reçu à la gare par les autorités maritimes. Il s'est rendu à la préfecture. Il s'est embarqué à dix heures et demie sur une chaloupe à vapeur qui l'a conduit au « Desaix mouillé à l'entrée du port. Le croiseur a appareillé à onze heures pour Bizerte. Il marchera à l'allure de 24 nœuds, de façon à arriver à Bizerte demain à midi.
Le renflouement du sous marin Bizerte, 8 juillet. Le vapeur sauveteur "Berger Wilhem" arrivé cette nuit de Bône a pu renflouer le « Farfadet qui a été remorqué dans l'arsenal par l'«Audas» et le «Cyclope». Malheureusement l'équipage englouti avec, le bâtiment a péri.
Voici les noms des victimes
Enseigne Robin,
les hommes d'équipage Molène, Reuffet, Simon, Boujard, Robin, Moulin, Cheval, Sausse et Rolland.
Plusieurs sont mariés et pères de famille. Le désespoir des femmes et des enfants fait peine à voir.
Les autorités refusent de donner aucun renseignement.
Les marins sauvés sont le commandant Ratier, le 2e maître patron Le Troadec et le quartier-maître Lejean.
Comment l'accident n'est produit
Il faut attendre pour connaître exactement les causes de ce malheur, les conclusions de l'enquête officielle, mais il paraît que l'accident s'est produit dans les conditions suivantes: Le commandant du « Farfadet" aurait donné l'ordre de faire la plongée par l'arrière ce qui constitue une manœuvre délicate et périlleuse, du moins jugée telle par les sous-officiers et quartiers-maîtres, dont un aurait dit, il y a quelques jours, en parlant de cette manoeuvre: « Ca finira mal nous y laisserons notre peau. »
Une cérémonie d’obsèques est organisée le 18 juillet à Bizerte. Dix jours plus tard, les cercueils sont rapatriés en France sur le paquebot « Ville-de-Naples ». A leur arrivée à Marseille, une nouvelle cérémonie est organisée. De là, les cercueils des quatorze marins partent en train vers leurs villes d’origine.
Le sous-marin Farfadet opérait donc une plongée par la pointe arrière, lorsque, le couvercle du capot n'ayant pas fonctionné, l'eau se précipita dans le compartiment où se tiennent le commandant, le quartier-maître et le timonier de service, qui furent chassés avec violence par le déplacement d'air causé par la brusque arrivée de l'eau.
A ce moment, l'enseigne Robin était avec dix quartiers-maîtres et sous-officiers dans le compartiment arrière, où la place est excessivement restreinte. Ils sont donc obligés de rester assis, sans faire de mouvement brusque.
La pénétration de l'eau dans le compartiment central eut pour effet de faire basculer le bateau, dont l'arrière se redressa et dont la pointe avant piqua dans ta vase. C'est précisément cette disposition qui rendit difficiles et interminables les opérations du sauvetage, malgré tout le zèle déployé et l'ingéniosité montrée par les officiers qui dirigeaient les travaux, le sous-marin ayant l'avant dans la vase, une inclinaison de 450, dit-on.
Dans ces conditions, les saisines c'est-à-dire les cordes de filin ou d'acier passées autour de la coque, n'avaient pas de prise, et glissaient sans se fixer. Et on l'a vu, le malheur a voulu que quand l'une d'elles a tenu, c'est la grue soulevant le « Farfadet qui s'est rompue
J.O. 3-XII-1905 |
C'est le premier accident qui arrive aux sous-marins français, alors que les Anglais ont déjà trois sous-marins au fond de l'eau, bien que leurs expériences ne datent que de quelques années. Il est vrai que nés voisins d'outre-Manche ont persisté, malgré tous les conseils qu'on leur a donnés, à n'uti.^er que des moteurs à la gazoline, ce qui est très dangereux, car les explosions sont à craindre.
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