16 décembre 2022

La Marine Française en 1941 - propagande de Vichy état des pertes de la Marine nationale 1939 1941

La Marine Française en 1941 - Etat des pertes -propagande de Vichy 


Un article de L'Ouest-Eclair du 23 mai 1941 nous propose une analyse de la situation de la flotte française suite aux faits de guerre ou suite aux attaques anglaises contre les ports des colonies françaises. Rappelons que nous sommes sous le régime de Vichy... 




La marine française a perdu 31 navires depuis le 3 septembre 1939 Avec le cuirassé « Bretagne à Mers-el-Kebir périrent près d'un millier de Bretons

L'AMIRAUTÉ française a communiqué la liste des pertes totales subies depuis le 3 septembre 
1939 par notre marine militaire_ Liste publiée récemment par l'Ouest-Eclair. Trente et un navires y figurent. Le tonnage correspondant à ces pertes s'élève à 70.000 tonnes, en chiffres ronds et affecte toutes les catégories de bâtiments, depuis le cuirassé jusqu'au chasseur de sous-marins. Il comprend, d'autre part, les unités coulées depuis l'armistice, à Mers-el-Kébir. Dakar ou ailleurs et concerne aussi bien les navires détruits par action de guerre (canon, mines, torpilles ou bombardements aériens) que ceux perdus par accidents (abordages, échouages ou explosions). Nous allons rappeler brièvement, en utilisant les informations d'ailleurs incomplètes encore que nous possédons, dans quelles circonstances ces unités ont succombé, pavillon haut, selon la tradition en honneur dans notre marine.

Victimes de leurs propres mines 

Le La Tour d'Auvergne ex Pluton
coulé à Casablanca
Pour suivre l'ordre chronologique, citons d'abord la perte purement accidentelle du croiseur mouilleur de mines La Tourd'Auvergne ex- Pluton », perte survenue le 13 septembre 1939, dans le port de Casablanca, et due à l'explosion des mines que portait ce navire. On eut à déplorer une centaine de victimes tant parmi les membres de l'équipage que parmi les indigènes qui travaillaient au moment de l'accident sur le quai d'accostage du bâtiment. Le Pluton, croiseur de 4.770 tonnes, spécialement conçu pour le mouillage des mines, avait été utilisé, jusqu'en 1939 comme école d'application de tirs à la mer, et on projetait de l'aménager comme deuxième navire école d'application des aspirants.





Dans la même ordre d'événements, mentionnons l'explosion de mines qui détruisit, en mars 1940, également à Casablanca, le torpilleur La Railleuse de 1.378 tonnes, construit à Nantes an 1925. L'accident coûta la vie à une dizaine de marins et fit un grand nombre de blessés. Un peu plus tard, en avril, devant Greenock, c'est le centre-torpilleur Maillé-Brézé de 2.440 tonnes, qui était victime, lui aussi, des mines qu'il avait mission d'aller semer le long des cotes de Norvège.















Jusqu'alors, la marine française n'avait eu à enregistrer aucun dommage sérieux du fait d'actions de guerre proprement dites et n'eussent été les mauvais coups du sort dont nous venons de parler, nos forces de surface et sous-marines seraient demeurées intactes jusqu'à la fin du huitième mois des hostilités.

La campagne de Scandinavie 

Cependant, la grande épreuve de printemps était proche, et il était écrit que la marine française allait désormais payer très cher la calme relatif de ces premiers mois si bien remplis d'ailleurs par d'incessantes patrouilles et de multiples opérations d'escorte. 


Nous passerons rapidement sur la campagne de Norvège à laquelle participèrent vingt unités de notre flotte et qui fut marquée pour nous par l'attaque violente subie en mer du Nord par le croiseur "Emile-Bertin" 


Ce bâtiment, alors qu'il assurait la protection d'un convoi, reçut, sur son spardek une bombe de 500 kilos et réussit, malgré de graves avaries. à rallier Brest à 25 noeuds. à la date assignée.


Le 3 mai, c'est le rembarquement de nos troupes à Namsos. Le contre-torpilleur Bison protège le convoi. Soudain, un avion pique sur lui et lui tâche une bombe qui l'ampute de tout son avant. La partie arrière, néanmoins. flotte toujours, comme elle le fit dans la nuit du 7 février 1939, après que le Georges Leygues eût littéralement sectionné en deux ce malheureux bâtiment. 



L'équipage, ou ce qui en resta, doit se résoudre à évacuer cette demi-coque, et prend place sur un destroyer britannique qui, l'instant d'après, est mortellement atteint à son tour et coule avec la plupart de ses passagers.

La flottille du Pas-de-Calais au feu

Mais l'heure où la Marine devra donner à fond est maintenant venue. Comme elle le fit en 1914-1918. c'est sur les bancs des Flandres, dans la défense des ports du Nord. qu'elle vivra les jours les plus héroïques de son histoire. Deux tâches essentielles lui sont imposées d'une part l'évacuation d'éléments considérable de l'Armée du Nord et d'autre part, la défense du camp retranche de Dunkerque Plus d'une centaine de torpilleurs, avisos, dragueurs, bâtiments de toute nature allant des transportes de troupes aux petits bateaux de pèche, concourent, sans souci des pertes, sans souci des bombardements répétés, a sauver ce qui peut. humainement, être sauvé

Ces opérations ne s'accomplissent qu'au prix d'immenses sacrifices : deux contre-torpilleurs de 2. 100 tx. : Jaguar et Chacal, cinq torpilleurs. Orage, Bourrasque. Siroco. de 1.300 tx, Foudroyant et L'Adroit de 1.378 tx, le chasseur N° 9 ainsi que 

Le Niger
le Grand pétrolier Le Niger, de 15.000 tx, succombent sous les coups des bombes aériennes ou sautent sur des mines. 

La Bourrasque avait quitte Dunkerque le 30 mai vers 15 heures et faisait route sur Douvres ayant a son bord un groupe du 318e régiment d artillerie motorisée à mi-parcours elle heurta une mine ou reçut une torpille qui ouvrit dans ses flancs une brèche énorme, a la hauteur du compartiment des machines.

Ceux qui comme moi furent sauvée, le furent par miracle. nous écrit un sous-officier du 318e.

La plupart de mes homme» disparurent l'un après l'autre sous mes yeux.

Le Siroco, de prestigieuse mémoire, fut torpillé, lui, par une vedette rapide Il avait à son bord, en plus de ses 150 hommes d'équipage. 750 hommes de l'armée de terre. La torpille le frappa à l'arrière et détermina l'explosion de grenades anti-sous-marines qu'il portait Déchiqueté par la déflagration de ces engins explosifs, la torpilleur coula en moins d'une minute, entraînant avec lui 820 nommes sur 900.


Ainsi que l'exprimait après l'évacuation de Dunkerque un ordre du jour de l'amiral de la flotte, les équipages de la flottille du Pas-de-Calais ont comme à l'ordinaire, fait leur devoir

Nos pertes en sous-marins 

Notre flotte sous-marine qui comprenait au début de la guerre 90 unités, a perdu depuis lors:


Par faits de guerre le Doris en mai au cours d'une croisière en Mer du Nord, le Morse, qui le 15 juin sauta sur une mine dans le golfe de Sfax, le Persée, l'Ajax, le Poncelet qui périrent au cours des opérations de défense de Dakar et Libreville; le Narval, torpillé en Méditerranée, le Sfax. enfin, qui comme le pétrolier Rhône qu'il escortait fut torpillé en décembre dernier, au large du cap Juby, par un sous-marin Inconnu. 

Par sabordage ou destruction volontaire le Roland-Morillot. de 1.500 tx en achèvement a l'arsenal de Cherbourg; les trois 1.379 tx, Ouessant, Achille et Agosta coulés par leur équipages à Brest, au moment de l'arrivée des troupes allemandes dans ce port.

Il nous reste à mentionner la perte du torpilleur Cyclone, sabordé a Brest de l'aviso Vauquois qui, au soir du 19 juin fut détruit par une mine dans le chenal du Four, prés Brest et coula avec plusieurs centaines d'hommes appartenant au service de la défense du littoral de la 2e Région, et du petit aviso Luronne, de 266 tonnes, qui subit le même sort à la sortie du port de Lorient


par les Anglais 

Après l'armistice et en plus des unités sous-marines déjà citées, nous eûmes à déplorer la perte du cuirassé Bretagne qui sombra en rade de Mers-el-Kébir au début de Juillet, sous les coups de la flotte anglaise Près d'un millier d'hommes. bretons pour la plupart, périrent avec ce navire. Dans le même temps, l'aviso colonial Rigault-de-Genoulli, attaque par un sous-marin Inconnu, était envoyé par le fond au large d'Oran. 


En septembre. enfin, lors du coup de main britannique contre le côte occidentale d'Afrique, le contre-torpilleur L'Audacieux, gravement touché. dut s'échouer et coula quelques heures plus tard, non sans qu'il y eut. là encore, un grand nombre de victimes.

Nos pertes en 1914-1918 


Rappelons pour mémoire que pendant la guerre mondiale, les pertes françaises en matériel furent les suivantes 4 cuirassés d'escadre, 4 croiseurs-cuirassés. 1 croiseur protégé, 16 torpilleurs d'escadre. 5 torpilleurs côtiers. 16 sous-marins, 4 canonnières. 3 chasseurs.


Tels furent dans leur ensemble les sacrifices demandés a notre marine à vingt-cinq ans d'intervalle. Comme de 1914 â 1918. l'œuvre de notre flotte, de 1939 a 1940, est la plupart du temps demeurée obscure, car on ne s'empressa jamais de dire qu'il se passait a quelque chose sur l'eau où, pourtant, le danger était de tous les instants. Saluons Ici ceux qui. accomplissant leur tache Jusqu'au bout. ont succombé a ce danger et sont morts quelque part, sur le front ce mer

J. T.


Sources 

Gallica BnF 

L'Ouest-Eclair 23-5-1941

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