16 octobre 2021

 Mouilleur de mines Pluton 13 Septembre 1939 Casablanca 


Si vous avez appris autrefois votre mythologie, vous avez dû savoir que Pluton est le dieu des Enfers. 


Casablanca, 10h40, le mercredi 13 septembre 1939. Du pont milieu du croiseur Pluton amarré au quai d’honneur de la jetée Delure, une immense flamme jaillit, suivie par une très forte détonation. Quelques secondes plus tard, c’est une seconde explosion, plus forte encore, qui s'entend à une centaine de kilomètres


Le futur Pluton est à l'origine un croiseur de 2ème classe puis un «mouilleur de mines de surface» et enfin un croiseur mouilleur de mines. Le navire dessiné est comme souvent à l'époque dans la marine nationale un navire élégant avec un long gaillard d'avant élégamment prolongé par des passavants ce qui donne l'impression d'une absence de décrochage.


Le bloc passerelle est ramassé, les deux cheminées sont très écartées, l'arrière étant occupé par un rouf surmonté d'un mat.

Si la forme générale et la propulsion ont été vite choisies, l'armement à fait l'objet de débats avec par exemple un premier projet prévoyant deux canons de 203mm en tourelles simples avant et arrière, quatre canons de 75mm et quatre canons de 37mm tous contre-avions. Ultérieurement deux canons de 138mm vont s'ajouter.

le nombre des victimes est absent - L'Ouest-Eclair 




Les bords du quai furent mitraillés par des éclats de toutes sortes et deux camions, ainsi qu’une voiture de livraison qui stationnaient sur le quai furent pulvérisés. La cale à mazout brûle L'incendie se communiqua à la cale à mazout qui renfermait 700 tonnes de combustible. Une énorme colonne de fumée noire s'éleva de la partie arrière du bâtiment qui s'enfonça rapidement dans l'eau et bientôt émergea seule des flots la passerelle arrière de DC A. L'explosion fut entendue d'environ 100 kilomètres et la colonne de fumée atteignit une hauteur de 3.000 mètres, aux dires du pilote d'un avion chargé de la surveillance des côtes. Pourtant, seules les mines sautèrent et les projectiles plus stables contenus dans la soute à munitions n'explosèrent pas. ce qui évita un plus grand sinistre. 


Victimes de leurs propres mines Pour suivre l'ordre chronologique, citons d'abord la perte purement accidentelle du croiseur mouilleur de mines La Tourd'Auvergne ex- Pluton », perte survenue le 13 septembre 1939, dans le port de Casablanca, et due à l'explosion des mines que portait ce navire. On eut à déplorer une centaine de victimes tant parmi les membres de l'équipage que parmi les indigènes qui travaillaient au moment de l'accident sur le quai d'accostage du bâtiment. Le Pluton », croiseur de 4.770 tonnes, spécialement conçu pour le mouillage des mines.

Les mines emportées sont de type Bréguet B4 pesant 530kg (CM = 80kg de tolite) pouvant être mouillé dans des eaux d'une profondeur n'excédant pas 90m.

Type à six commutateurs avec une coque sphérique de 0,785 m (31 in). Entrée en service en 1936. Poids total de 530 kg (1 168 lb), charge 80 kg (176 lb) de Mélinite. Le câble d'amarrage pourrait mesurer 225, 300 ou 400 m (738, 984 ou 1 310 pieds) avec la mine à 90 m (295 pieds).

Le Pluton est conçu pour pouvoir porter et mouiller 250 mines, 220 en charge normale et 30 en surcharge. Elles sont disposées sur quatre voies installées sur le 1er pont ou pont des mines.

-Les voies se terminent par des plans inclinés à 30° pour éviter que la hauteur de chute des mines soit effective. Chaque voie est constituée par deux fers en U écartés de 0.50m fixés sur le pont avec interposition de cales nécessaires pour corriger le bouge.

-A l'avant vers le couple 100, les deux voies d'un même bord se raccordent à une plaque tournante servant à faire passer les mines d'une voie sur l'autre.

-Les deux plaques tournantes sont reliées par un tronçon de voie transversal destiné en cas d'embarquement de mines d'un seul bord à garnir simultanément les 4 lignes.

-Pour faciliter la circulation quand le bâtiment n'a pas de mines à bord, des caillebotis sont disposés entre les rails de chaque voie et à hauteur de ces rails.

-Les mines sont embarquées à l'avant via deux grues à commande électrique



25 octobre 1945

LE PORT DE CASABLANCA DANS LA GUERRE

Ce qu’il n’avait pas été permis de dire jusqu’à aujourd’hui...

La vérité sur l’explosion



Cette catastrophe fit le 13 septembre 1939 304 victimes le 13 septembre 1939 — date fatidique — le croiseur mouilleur de mines « Pluton » sautait dans le port de Casablanca.

Cette catastrophe provoqua une émotion considérable, car, se produisant dix jours après la déclaration de guerre, la rumeur publique n’hésita pas à échafauder les pires hypothèses et à attribuer à la main de l’ennemi les causes du sinistre. Le silence qui en temps de guerre, est de règle en pareille occurence pouvant être levé sans inconvénient il nous est permis de parler aujourd'hui des circonstances de cet événement, qui endeuilla notre marine. Au cours de l’été de 1939. le croiseur mouilleur de mines «Pluton » devait être désaffecté et transformé en école d'application, en remplacement de la « Jeanne-d’Are ». 

Il devait être débaptisé et recevoir le nom de « La-Tour-d'Auvergne ». Mais en présence de l'état de tension internationale, ce projet fut abandonné et le « Pluton » reprit son rôle normal. C’est le 5 septembre 1939 que le navire entra dans notre port, ayant à bord 250 mines destinées à la création d'un barrage de défense devant le port de Casablanca. Son commandant avait reçu l’ordre de procéder à cette opération dans la nuit du 12 au 13 septembre. Dans la soirée du 12. l'Amirauté française fit connaître qu’elle renonçait à son projet et elle ordonnait le débarquement des mines afin de rendre au « Pluton » son rôle accessoire de transport rapide de troupes jugé plus urgent. 
L'équipage du navire et les ouvriers de la marine nationale de Casablanca se mirent aussitôt en devoir d'exécuter l’ordre reçu qui comportait le débarquement des mines et leur transfert dans le dépôt de munitions de la marine à Bouskoura, Deux cent cinquante mines, dont chacune était susceptible de faire sauter un bâtiment, étaient disposées sur les rails de mouillage placés en fer à cheval autour du navire et la moitié se trouvaient placées dans la partie arrière des ponts aux mines. Les opérations de désamorçage commencèrent à 10 h. 30. sous la surveillance directe de l’officier torpilleur. A 10 h. 35. cet officier s'absenta pour se revêtir d'un vêtement de travail et pour vérifier les dispositions de mise à terre des mines. Le « Pluton » saute !... Que se passa-t-il à ce moment. ? 



C'est au cours d'une manipulation malheureuse, de cause purement accidentelle, que l’une des mines explosa. Tous les témoignages sont concluants et les travaux de la commission d'enquête corroborent formellement cette thèse et infirment catégoriquement toutes autres hypothèses. Toujours est-ll qu'à 10 h 40. une longue flamme Jaillit brusquement du pont, entre le mât et la cheminée arrière, accompagnée d'une formidable déflagration et d’un souffle d’une violence Inouïe. Le navire fut immédiatement enveloppé d'un lourd nuage de fumée noire et de poussière et des débris enflammés de 'coûtes sortes, projetés à une grande hauteur. retombèrent sur les quais et dans le port sur des distances considérables. Pour donner une Idée du déplacement d'air provoqué par l'explosion, il suffit de dire que la carte d'identité du commandant du « Pluton » fut retrouvée, avec d'autres débris près du phare d'El- Hank. soit à deux kilomètres du lieu du sinistre. Une deuxième explosion suivit la première à quelques secondes d'intervalle Les autres mines, par suite d'un phénomène bien connu des pyrotechniciens — l'explosion par influence — sautèrent â leur tour à quelques secondes d'intervalle, en « chapelet », dans un grondement assourdissant de tonnerre. Le pont s'ouvrit, la cheminée arrière fut rabattue en entier sur l’avant, le mât arrière s’effondra, toutes les cloisons furent détruites, les embarcations de sauvetage. les treuils et tous les apparaux furent projetés sur le quai du poste et sur la jetée Déluré où était amarré le navire
 
Le bilan de la catastrophe 
Lorsque se produisit l'explosion, une colonne comprenant vingt-deux ambulances d'un groupe médical de campagne passait boulevard Sour-DJedid. non loin de l’Amirauté Le commandant de la colonne, le médecin-capitaine Ferry, donna l'ordre de rallier immédiatement le port, et. grâce au sang-froid et à l'initiative de cet officier, cent-cinquante blessés graves dont l'état nécessitait un transfert rapide à l’hôpital purent recevoir les transfusions de sang qui les sauvèrent. 


L'agonie a pris fin Le navire a coulé et, seules, des colonnes de fumée indiquent encore le lieu de la catastrophe. Au premier plan, un barrage de protection coupe l’extension du mazout en feu.

(Suite de la première paqe) Les secours s’organisèrent promptement mais, en dépit de tous les efforts, le bilan de la catastrophe fut extrêmement lourd Parmi le personnel du « Pluton » on décompta 10 officiers tués ou disparus et 196 sous-officiers. quartiers-maîtres ou marins tués ou disparus. Il y eut deux officiers et 75 subalternes bléssés. Le capitaine de frégate Dubois, commandant du navire, officier de grand avenir et l'un des plus brillante de la Marine Nationale, fut tué En outre, un officier et dix-neuf matelots de la Marine Nationale furent tués et vingt-neuf autres blessés Un lieutenant de vaisseau de la marine polonaise qui se trouvait à bord du navire-école « Wilja » fut très grièvement blessé et l’on dut l'amputer d une Jambe En définitive, la catastrophe avait fait 226 tués ou disparus et 107 blessés graves. De beaux exemples de solidarité L'attitude des officiers et de l'équipage du « Pluton » fut en tous points digne déloges. L’évacuation du navire s'effectua en bon ordre, sous la direction des officiers et sous-officiers restés valides 
Signalons l'attitude héroïque d un pilote du port, renseigne de vaisseau Comhrade, mobilisé à la Marine du Maroc Cet officier, quoique grièvement blessé refusa de se laisser évacuer tant qu'il resta des victimes plus gravement atteintes que lui-même L'attitude de la population casablancaise fut remarquable et l'on nota de beaux exemples de solidarité. Les dons de sang pour opérer les transfusions furent très nombreux et Ion enregistra également des dons abondants de vêtements d intérieur pour les blessés Enfin, les services de la Croix-Rouge française se dépensèrent sans compter. Le jour de obsèques des victimes, une messe en plein air fut dite à l'Hôpital militaire et le discours prononcé par l'amiral Sablé exprima en termes déchirants l'impression profonde que cette catastrophe provoqua parmi la population civile et militaire de Casablanca Puis une foule recueillie, muette de douleur, accompagna à leur dernière demeure lea victimes de cette première grande tragédie en marge de la guerre.


Sources
L'Ouest-Eclair
La Vigie Marocaine

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