25 septembre 2021

Croiseur cuirassé Edgar Quinet

Croiseur cuirassé Edgar Quinet

Il était 2 heures de l’après-midi, ce jour du 4 janvier 1930. Le croiseur Edgar-Quinet accomplissait des exercices d'école de pilotage et des manoeuvres d'attaque avec le torpilleur Enseigne-Roux, ce qui explique sa position si proche de la côte. Le vaisseau école filait à une allure de 12 noeuds. En arrivant près du cap Blanc, à hauteur de la roche aux moules, un choc violent se produisit et l’avant se souleva légèrement. L'Edgar-Quinet continua sa course, puis s'arrêta brusquement. Surpris, les matelots montèrent, en hâte, sur les ponts.


L'Edgar Quinet est la dernière classe de croiseur cuirassé. C'était un développement de la classe Ernest Renan


La ceinture de blindage de 90 à 170 mm allait de 1,40 m sous la ligne de flottaison à 2,30 m au-dessus. Le pont supérieur avait un blindage de 20 à 34 mm et le pont inférieur de 45 à 65 mm. Les tourelles d'artillerie étaient protégées par un blindage de 150 mm.

Edgar Quinet, est né le 17février 1803 à Bourg-en-Bresse et mort le 27 mars 1875 à Versailles. Historien poète, philosophe et homme politique, il est profondément républicain et anticlérical. Il n'accepte pas le coup d'Etat du 2 décembre 1851, avec d'autres écrivains engagés (Victor Hugo) il s'exile et part à Bruxelles de 1851 à 1858.








" II était environ 10 heures du matin. Nous avions passé au large d'Oran et de Mers-el-Kébir. On marchait très doucement pour se livrer à des exercices combinés avec L'Enseigne-Roux, qui évoluait tantôt â l'avant, tantôt â l'arrière. Après déjeuner, nous doublions le cap Falcon et l'ordre était donné d'accélérer l'allure qui de six noeuds était portée à douze. C'est alor3 que nous abordâmes l'endroit dangereux du cap Blanc. L'horloge du bord marquait 13 h. 30. La mer était d'un calme absolu ; pas de bruine du côté de la terre. Le vent ne soufflait pas. Tout a coup, un grand choc, suivit d'un second, puis d'un troisième beaucoup plus atténué. 



 Le cuirassé est ébranlé de la poupe à la proue. Il gîte fortement à tribord, revient a peu prés à sa position normale, puis s'incline encore légèrement à tribord. Il s'arrête dans sa marche après avoir raclé un fond de rocher. Les vieux loups de mer dont nous sommes plusieurs à bord, comprenons que le Quinet est au sec. Nous ne nous affolons pas. A mes côtés, au moment de l'accident, j'aperçois les musiciens du bord qui répètent un morceau. Ils sont une quinzaine. 


Leur chef, qui a entendu le clairon, leur ordonne de courir à leur poste de sécurité et c'est avec leurs instruments sous le bras qu'ils obéissent â l'ordre donné et qu'ils se dirigent vers l'endroit qui leur a été assigné. A mon tour. Je traverse en courant les ruelles n° 2 et n° 3. Je me dirige vers mes hommes ; ils ont entendu eux aussi la sonnerie d'alarme et sont à la sécurité Si vous aviez vu avec quel courage chacun a rejoint son poste. Tenez, un exemple entre mille : Quand la sonnerie a retenti, les hommes logeant aux étages inférieurs du navire se sont engouffrés dans leurs quartiers sans savoir s'ils remonteraient vivants. A ce moment, l'eau avait déjà envahi la pontée avant du Quinet et la chaufferie. Les actes de courage ont été innombrables. Tous les officiers et marins ont agi en la circonstance avec un sang-froid admirable".






LA TROISIÈME AUDIENCE L'amiral Basire déclare à 9 heures les débats repris. On poursuit l'interrogatoire du commandant Benoist, appelé à s'expliquer sur la disparition de divers livres de bord.

Ces documents sans grande importance d'ailleurs, puisqu'ils concernent des périodes de navigation autres que celle en cause ont, d'après le commandant été rassemblés et mis dans une valise par le premier maître de timonerie. Placée sur un remorqueur, au moment de l'évacuation, la valise ne fut plus retrouvée à l'arrivée à Oran.


Rien d'étonnant, dit le commandant Benoist, il y avait à ce moment une pagaïe énorme. J'ai d'ailleurs chargé un officier dès la disparition constatée, de rechercher ces documents.


On en arrive aux témoins.

Le premier d'entre eux est le lieutenant de vaisseau Dainac, officier de navigation du Quinet.

Le 4 janvier, il avait été de quart de 4 heures à 8 heures du matin. Le commandant n'avait à ce moment indiqué la route à suivre que jusqu'à Mers-el-Kebir.




M. Dainac a-t-il trouvé que la route tracée par la suite par le commandant Benoist était osée ? Non, c'était une route très possible, comme le lui montra sur le champ la lecture de son manuel d'instructions nautiques, consulté sur la passerelle où il était revenu pour surveiller les travaux des midships.

Interrogé sur les livres de bord disparus, M. Dainac indique que le premier maître de timonerie, après les avoir placés dans une valise, dut les en sortir et les mettre dans une couverture, moyen d'emballage utilisé en grand dans cette précipitation que l'on mit à sauver le petit matériel. D'ailleurs questionné par lui, le premier maitre de timonerie ne put lui assurer avoir mis le paquet dont il s'agit à bord d'un remorqueur. Le commandant Muselier, membre du Conseil de guerre, interroge ensuite le témoin avant qu'il ne quitte la barre pour obtenir de lui une précision Intéressante.

Le commandant Benoist avait-il l'habitude de vous tenir au courant de ses projets de navigation ?

̃ Oui. répond le témoin, dans une certaine mesure.

La navigation du Quinet comportait en effet, deux parties distinctes le navigation normale du bâtiment et la navigation spéciale du navire école cette dernière étant déterminée par le commandant selon les circonstances, dans des conditions telles que je ne collaborais alors avec lui qu'occasionnellement.

LE COMMANDANT MUSELIER. Avez-vous jamais pensé que la navigation tracée par votre- commandant présentait une imprudence ?


Non, le choix d'une route est chose tellement personnelle, les instructions nautiques ne nous donnant pas de solutions sous forme de recettes et tant d'éléments interviennent dans le raisonnement qui précède l'arrêté d'un tracé qu'il est difficile à un marin de juger la décision d'un autre. Mon âge d'ailleurs ne me permet pas d'apprécier ce qu'avait décidé notre commandant. Il aurait fallu d'ailleurs pour cela que je me mette dans sa peau (sic). »

Suit la déposition du lieutenant de vaisseau Demotes-Mainard qui était de quart au moment de l'accident. « Dans mon idée, dit-il, i: s'agissait ce jour-là, comme à l'ordinaire, de suivre la route prévue d'aussi près que possible pour la meilleure instruction des élèves. »








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