dragueur Astrolabe La Pérouse 1965
Trois millénaires d'art et de marine : Paris, Musée du Petit Palais, 4 mars-2 mai 1965 Organisé par la Marine Nationale et la Ville de Paris
Sur toutes les mers... Le dragueur Astrolabe à EMDEN 1971
Vous est-il déjà arrivé d'aller en escale à l'étranger et de voir tout se courber sur votre passage à l'arrivée ? Ce n'est pas le début d'un conte, mais ce que nous avons vécu à bord de 1'« Astrolabe » peu de temps avant notre amarrage au quai de l'Industrie à Emden. Notre traversée fut en effet à base de dépressions qui, comme chacun sait, sont toujours centrées sur le nord de l'Irlande mais qui, pour une fois, avaient balayé la mer du Nord et la Frise Orientale couchant tous les arbres mineurs de ce pays.
Nous avions été rattrapés la veille, dans notre course, par le dragueur - Phénix », venu en renfort de Cherbourg. C'était la première fois depuis l'après-guerre, que cette bonne ville rose d'Emden recevait officiellement des bâtiments de la Marine Française.
Ce fut une totale réussite, vous pensez bien : Le bourgmestre, pourtant tiraillé entre sa propre réélection et les élections générales d'Allemagne, ne nous a ménagé ni son temps ni ses prévenances. La Marine allemande, depuis sa base amphibie, fit en sorte de réduire au maximum nos servitudes de transport : témoin, cette échappée en ville de quelques officiers-mariniers happés au passage par un chauffeur diligent d'une ambulance et qui se termina... à l'hôpital, destination initiale du véhicule que les intéressés quittèrent sur la pointe des pieds après une heure d'attente et sans demander leur reste. L'amatelotage entre les différents bâtiments allait bon train. La chorale du bord se produisit très tard dans la soirée pour montrer notre gratitude.
La coopération ne s'arrêta pas là d'ailleurs, ni avec les militaires des lieux, ni avec les indigènes. Notre vaguemestre, par exemple, parti chercher le courrier un beau matin verglassé, a été aperçu quelques heures plus tard, le porte-bagages de son Solex flanqué d'un gradé de la Marine Hôte, filant de pâtisserie en pâtisserie avec une joie et un enthousiasme toujours grandissants. Il n'est rentré à bord qu'un petit quart d'heure avant le départ pour la visite de la distillerie de - schnaps - à Breden. Visite passionnante, bien sûr, préparée par une organisation presque olympique. Et là, la surprise a été partagée, car si les marins français ont vu qu'ils avaient leurs maîtres en matière de « briquage de cuivres », la direction de la maison a été impressionnée de nous voir prendre le chemin du retour sans avoir à troquer les autobus contre les ambulances prévues à cet effet 1
De la coopération il y en eut aussi en ville : témoin, cette brasserie bavaroise où, dès le deuxième jour, Krista et Gertrud servaient la bonne bière parées d'insignes et de rubans légendés aux noms des bateaux français. Témoin, cet autre endroit où le chef de la direction chantait les filles de Camaret à l'orchestre.
Bref, nous avons vécu quatre jours d'escale dans la bonne humeur générale. La joie de vivre que nous ont fait partager si généreusement les habitants d'Emden dans une simplicité naturelle, fleurait bon le terroir, ce terroir qu'ils aiment et qu'ils ne renient pas comme en témoigne cette inscription sur le coffre d'une voiture : « Inutile de klaxonner, je suis Frison" -.
Sources
Cols bleus : hebdomadaire de la Marine française
Date d'édition : 1973-03-31
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