28 janvier 2013

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L'Explosion du Cuirassé IENA


Le 2 mars 1907, le cuirassé d'escadre Iéna entre dans le bassin n° 2 de Missiessy pour procéder à la visite de la mèche du gouvernail, à la réparation du four et au carénage du bâtiment. Conformément aux prescriptions de la dépêche ministérielle du 6 juillet 1902, L'Iéna avait débarqué ses artifices et son coton-poudre et n'avait conservé que ses autres munitions à poudre B.




Le 12 mars, les travaux prévus étaient prêts d'être terminés, lorsque après 1 heure de l'après-midi, une flamme jaillit sur le navire, sous la forme d'un faisceau régulier partant de l'arrière de la cheminée arrière jusqu'à l'avant de la tourelle arrière de 305, et limité horizontalement à la hauteur de la hune d'artimon. Là flamme de couleur rouge, jaune et blanche, parsemée de flammèches bleues, était en forme de gerbe. Elle partait, à tribord notamment, des hublots et sabords et, sur le pont, par les monte-charges et les manches à air (observations de la timonerie du croiseur Desaix}.





 A 13 h. 55, se produisirent deux détonations rapprochées : la première sourde, la seconde concentrée et tonnante. D'autres explosions brisantes suivirent successivement à 14 h. 10, 14 h. 20, 14 h. 21, 14 h. 22 et 14 h. 25,,lançant des débris dans le bassin et sur le terre-plein tribord. 



Tout l’arrière du bâtiment est transformé en un vaste « cimetière de fer », menaçant l’arsenal et ses ouvriers. Les toitures de trois ateliers sont soufflées. 


L'équipage eut 118 morts et 33 blessés. Parmi les victimes, nous trouvons le capitaine de vaisseau Adigard, commandant l'Iéna, le capitaine de frégate Vertier et plusieurs officiers.



 Le cuirassé Suffren, qui se trouve dans un bassin proche, se couche presque complètement sur un de ses flancs. Des éclats sont projetés à des centaines de mètres, blessant des passants et tuant un enfant. 



Comme nombre de désastres qui éprouvèrent la Marine; notamment l'explosion de la poudrière n" 1 de Lagoubran dans la nuit du 4 au 5 mars 1899 et l'explosion et l'immersion du cuirassé Liberté en rade de Toulon le 25 Septembre 1911, l'explosion du Iéna est attribuée à la déflagration de cette diabolique poudre B qui fit couler tant de sang et tant... d'encre.






Une enquête parlementaire est ouverte immédiatement. Le gouvernement Clemenceau crée une commission scientifique d’étude des poudres de guerre. 


L’enquête met en cause la poudre B (ou mélinite, à base d’acide picrique fondu) qui, en vieillissant, se décompose, devient instable et s’auto-enflamme. 


C’est ainsi que débute l’affaire des poudres qui dure jusqu’en 1914, ravivée en novembre 1911 par l’explosion du cuirassé Liberté.




Les corps des victimes et les blessés furent transportés à l'Hôpital principal de la Marine, qui se trouvait alors dans la rue Nationale (rue Jean-Jaurès).





En cette triste journée du 12 mars 1907, j'étais élève à l'Ecole des Mécaniciens, sise alors au port marchand, et lors de la première explosion je dessinais. La secousse fut telle que le bâtiment trembla violemment et que l'encre de Chine de mon tire-ligne se vida sur le papier. 




Nous fûmes autorisés à aller nous incliner sur les cercueils de nos camarades à l'hôpital. L'un d'eux, celui de mon cher ami Gourdon, élève mécanicien de quart à la dynamo du Iéna — en ce temps-là on ne recevait pas du courant de l'Arsenal — ne contenait qu'un pied dans son soulier, tout le reste de son corps ayant été pulvérisé.


 Il fut reconnu aux initiales que sa mère avait brodées sur la languette de ses bottines.



Dès le 13 mars, le ministre de la Marine, M. Thomson, arrivait à Toulon accompagné de l'amiral Aubert, chef d'état-major général.




Le 16 arrivait le président de la République, M. Fallières, accompagné de Georges Clemenceau, président du Conseil, pour assister ce jour-là aux obsèques nationales. 



Ils furent reçus par M. Marius Escartefigue, maire de Toulon, et le vice-amiral Marquis, préfet maritime. Les cercueils furent alignés sur la place d'Armes et la cérémonie commença à 9 h. 30. 



A 9 heures, avaient eu lieu les obsèques religieuses à l'église Saint-Louis, auxquelles n'assistèrent pas les membres du gouvernement. 





Le corps du capitaine de vaisseau Adigard, commandant l'léna, fut transporté à Dunkerque, où il fut inhumé solennellement le 21 mars.

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