TRISTAN CORBIERE MORLAIX
Fils aîné des Corbière, Tristan naît le 18 juillet 1845, dans le manoir
de Coat-Congar à Ploujean près de Morlaix. Pour l'état civil, Tristan s'appelle encore Édouard Joachim Corbière, du nom de son père, Édouard Corbière, ancien écumeur des mers, inventeur du roman maritime devenu homme d'affaires, et de son grand-père maternel, Joachim Puyo.
Mais quand viendra le temps de la bohème roscovite et des échappées belles à bord de son cotre, quand viendra le temps d'embarquer des passagères et de mettre en panne au large avec l'une d'elles, il prendra le prénom plus connoté, plus romantique de Tristan, son frère en Loonnois.
À la rentrée de Pâques 1859 Tristan est interne au Lycée Impérial de Saint-Brieuc. Les longues lettres qu'il adresse à sa famille plusieurs fois par semaine montrent que la rupture avec les siens et son « cher Launay », la demeure familiale louée près de Coat-Congar, n'a pas été sans déchirement. Elle révèle aussi l'image d'un adolescent soucieux de l'affection de ses parents, en même temps que le brio avec lequel il narre aux siens ses démêlés avec un pion dévoile le tour d'esprit original et mûr d'un jeune garçon déjà doué pour l'écriture, la caricature et les pastiches, ce dont témoignent aussi ses premiers vers :
« À eux le latin de cuisine
Qu'ils courent après pauvres fous
À eux la version latine
Mais la narration est à nous.»
Enveloppe premier jour avec la signature deu créateur du timbre, C. de la Patellière |
Un poète ayant rimé,
IMPRIMÉ
Vit sa Muse dépourvue
De marraine, et presque nue:
Pas le plus petit morceau
De vers... ou de vermisseau.
Il alla crier famine
Chez une blonde voisine,
La priant de lui prêter
Son petit nom pour rimer.
(C'était une rime en elle)
- Oh! je vous paîrai, Marcelle,
Avant l'août, foi d'animal!
Intérêt et principal. -
La voisine est très prêteuse,
C'est son plus joli détaut:
- Quoi: c'est tout ce qu'il vous faut?
Votre Muse est bien heureuse...
Nuit et jour, à tout venant,
Rimez mon nom... Qu'il vous plaise!
Et moi j'en serai fort aise.
Voyons: chantez maintenant.
Poète de la mer, bercé dans les récits de forbans, de flibustiers, des naufrages et des pilleurs de grèves, il évoque les paysages durs et de la Bretagne, les histoires de matelots perdus en mer, les bateaux fantômes et les spectres des marins livrés au gré des vents et de la tempêtes
Le phare
Phoebus, de mauvais poil, se couche.
Droit sur l'écueil :
S'allume le grand borgne louche,
Clignant de l'oeil.
Debout, Priape d'ouragan,
En vain le lèche
La lame de rut écumant...
- Il tient sa mèche.
Il se mate et rit de sa rage,
Bandant à bloc;
Fier bout de chandelle sauvage
Plantée au roc!
- En vain, sur sa tête chenue,
D'amont, d'aval,
Caracole et s'abat la nue,
Comme un cheval...
- Il tient le lampion au naufrage,
Tout en rêvant,
Casse la mer, crève l'orage
Siffle le vent,
À la mémoire de Zulma vierge folle hors barrière et d'un Louis
Elle était riche de vingt ans,
Moi j'étais jeune de vingt francs,
Et nous fîmes bourse commune,
Placée, à fond-perdu, dans une
Infidèle nuit de printemps...
La lune a fait un trou dedans,
Rond comme un écu de cinq francs,
Par où passa notre fortune :
Vingt ans ! vingt francs !... et puis la lune
En monnaie - hélas - les vingt francs
En monnaie aussi les vingt ans !
Toujours de trous en trous de lune,
Et de bourse en bourse commune...
- C'est à peu près même fortune !
- Je la trouvai - bien des printemps,
Bien des vingt ans, bien des vingt francs,
Bien des trous et bien de la lune
Après - Toujours vierge et vingt ans,
Et... colonelle à la Commune !
- Puis après : la chasse aux passants,
Aux vingt sols, et plus aux vingt francs...
Puis après : la fosse commune,
Nuit gratuite sans trou de lune.
sources :
site de la Ville de Morlaix
http://www.corbiere.ville.morlaix.fr/tristan-corbiere/biographie/1845.html
http://fr.wikipedia.org/wiki/Tristan_Corbi%C3%A8re
http://membres.multimania.fr/jccau/poesie/corbiere/ind_corb.htm
merci à Claude et à Jef pour leurs envois
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