05 septembre 2024

Lionel Martin Décès Cancale Saint-Malo Terre-neuvas pêche Malabar Assistance aux pêches

Lionel Martin Mémoire des Terre-Neuvas a largué les amarres 

« Tous mes copains étaient déjà partis. Et ils avaient gagné de quoi s’acheter de très beaux vélos. Quand j’en ai parlé à ma mère, elle m’a répondu : si tu en veux un, eh bien vas-y aussi ! 

Lionel Martin, célèbre capitaine et passeur de mémoire des Terre-Neuvas, s’est éteint, vendredi 2 août 2024, des suites d’une longue maladie. Reconnu pour ses compétences maritimes, il est décoré de la Légion d’honneur, de l’Ordre national du mérite et de l’Ordre du mérite maritime. Ses funérailles et un hommage se sont déroulés le mardi 6 août à Cancale.

Cet article sera illustré par des plis ayant transité par le Malabar, Remorqueur de Haute Mer en assistance aux pêches. Ils seront expédiés depuis les chalutiers ISLANDE IV, ZELANDE de la SNPL. 



Lionel Martin nait en 1935 à Saint-Malo, et embarque à l’âge de 17 ans. 
De 1952 à 1988, il a parcouru les mers entre Saint-Malo et Terre-Neuve, d’abord comme mousse, puis en tant que capitaine. Cette période marquera profondément sa vie et inspirera ses nombreux ouvrages, dont neuf livres, ainsi que la création d’une association, un musée et un mémorial dédiés à la grande pêche. 


 Il a mouillé son chalut à Terre-neuve, au Groenland, au Spitzberg, mais aussi dans l’hémisphère sud aux Malouines et aux Kerguelen où il fut le pionnier de la pêche au krill en 1979 puis à la légine durant les campagnes de 1981-1982 ».

 


Lionel Martin a témoigne des conditions des Terre-Neuvas dans le Pays Malouin. 

Quand il évoquait son début de carrière en 1952 : « J’étais mousse de carré, je servais les officiers. Cela faisait quand même 17 bonshommes à s’occuper et comme pour les autres, les journées étaient longues. Je me levais à 5 h, pour aller donner les rations de vin à l’avant du bateau. Quand il faisait mauvais, tu ramassais un paquet de mer. À chaque quart, je servais les casse-croûte aux différentes équipes. Certains n’étaient pas drôles. Je me faisais botter le cul par trois d’entre eux, car leurs assiettes ne brillaient pas. Mais comme on lavait à l’eau de mer, c’était impossible. Heureusement, un mécanicien m’a filé l’astuce : il fallait cracher dedans. Eh bien, pour les trois qui m’emmerdaient, c’est ce que j’ai fait ! »



Les bancs de Terre-Neuve, l’Archipel, le port…. j’en garde de merveilleux souvenirs.

J’y ai effectué 75 campagnes de pêche et commandé un navire pendant 20 ans. Durant toutes ces années, j’ai toujours préféré emmener mon équipage sur Saint-Pierre-et-Miquelon plutôt que sur Saint-John’s afin que l’on puisse tous se reposer dans ce petit coin de France. L.M. à Fier S.P.M.





Il racontera l'arrivée des chalutiers qui apportaient plus de sécurité : « Pourtant, les plus anciens, ceux qui avaient navigué sur les voiliers, n’aimaient pas trop ça. Car l’arrivée des chalutiers signifiait aussi que nous pêchions plus et plus vite le poisson. Donc les cadences étaient infernales ! […] On arrêtait seulement quand le froid était si intense, que les trancheurs ne pouvaient plus travailler, vers – 10 ou -15°C. »

Lionel Martin avait publié son premier livre de souvenirs en 1986. Il a signé huit autres ouvrages, dont des romans comme Le bâtard des mers, en 2019, ou encore Le Naufragé du pôle, en 2022.




La pêche sur les bancs de Terre-Neuve, ce sont 5 siècles d’histoire et nous avons tout simplement souhaité préserver le métier de l’oubli.

L’association a été créée en 2003, nous sommes partis de rien ; j’en ai été le président durant quelques années et c’est désormais Hyacinthe Chaperon qui tient la barre !
Aujourd’hui nous avons plus de 800 adhérents, nous avons la gestion d’un musée au départ composé de bric et de broc et qui aujourd’hui est devenu une référence, ça fait chaud au cœur.

Je suis vraiment fier du travail que nous avons tous accompli au sein de cette association, c’est phénoménal.



À l’époque, les trois grands ports français pour la pêche à la morue sur les bancs de Terre-Neuve sont Fécamp, Saint-Malo et Bordeaux. Lionel a trouvé une place dans l’équipage d’un capitaine malouin qui commande un navire basé à Bordeaux.

« Tous les navires français devaient respecter une date, le 15 février, pour partir à Terre-Neuve »




Après Rennes, la plupart des marins avait embarqué. Les derniers seraient pris à la gare de La Rochelle. Évidemment, 500 Terre-Neuvas dans un train, ça ne passait pas inaperçu…
« L’ambiance dans le train était hallucinante, se souvient Lionel. Il y avait des cris, des bruits de bouchons de bouteilles qui sautaient, le tout dans un nuage de fumée de tabac ! Les casse-croûtes sortaient : le lard, les huîtres, des saucisses… »
« Comme un couillon, je lui ai filé mon pot de beurre »

En tant que mousse, Lionel n’en menait pas large. Il prenait soin de rester avec les Cancalais et ne pipait mot. Ce qui ne l’a pas empêché de se faire avoir :





« À un moment, un gars m’a demandé si j’avais un peu de beurre. Comme un couillon, je lui ai filé mon pot de beurre. Il a fait tous les compartiments, il en restait à peine la moitié quand il m’est revenu. Or, il faut savoir qu’à bord, on recevait chacun seulement 1 kg de sucre et 250 g de margarine. Donc, le pot de beurre que l’on prenait, on en prenait grand soin. Après cette mésaventure, un ancien m’a dit : Au moins, t’auras appris quelque chose ! Mieux vaut montrer son cul que son pot de beurre ! ».

Le train arrivait à Bordeaux le 15 février à 5h15. « Les différentes compagnies de navires attendaient leurs hommes, dans des camions non bâchés. Direction le port. Je découvrais alors mon bateau : Le Finlande, un sister-ship du Colonel Pléven qui était basé à Saint-Malo. C’était un très beau chalutier classique de 68 m. Les voiliers avaient alors disparu. Mais les chaluts étaient encore jetés par le bord et pas encore par l’arrière ».





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