12 juin 2016

Centenaire de la Guerre recrutement au Sénégal 1915 La Force Noire

Centenaire de la Guerre recrutement au Sénégal 1915



En 1910, dans son livre "la Force Noire" Charles Mangin préconise l'utilisation rapide et massive des Troupes Coloniales issues de l'Afrique Noire principalement des tirailleurs sénégalais en cas de guerre en Europe. Une simple carte postale va nous révéler les difficultés aux quelles sont confrontés les conseils de révision au Sénégal.













La France au Sénégal et les quatre communes


Les Quatre Communes ou Quatre Vieilles, sont Saint-Louis, Gorée, Rufisque et Dakar.
Il s'agit des quatre premières communes de plein exercices créées par la France au Sénégal.






Saint-Louis et Gorée, qui ont eu des maires à la fin de l'Ancien Régime ainsi que des adjoints, sont érigées en communes par un décret du 10 août 1872.
 Rufisque est érigée par un décret du 12 juin 1880 puis Dakar par un décret du 17 juin 1887. D'autres communes sont ultérieurement érigées par la France au Sénégal — ainsi Thiès, Tivaouane et Louga par un arrêté du 31 décembre 1904 — mais leur nombre reste longtemps peu élevé — quatorze en 1939 — et, jusqu'en 1955, il ne s'agit que de communes mixtes.


La particularité des Quatre Communes est qu'alors qu'en droit colonial français et jusqu'à la loi Lamine Guèye du 7 mai 1946, les « indigènes » des colonies — entendus comme les nationaux français de statut local — étaient — en principe — privés de citoyenneté, pendant la Première Guerre mondiale, la loi Diagne du 29 septembre 1916 conféra à leurs habitants une pleine citoyenneté française.
Antérieurement à la loi Diagne, les originaires des quatre communes s'étaient déjà vus attribuer certains droits politiques— tels que l'électorat et l'éligibilité — et un décret du 16 mars 1914 les avaient été exemptés du régime de l'indigénat.
Mais un décret du 20 mai 1857 les prive d'une partie de leurs droits civils et politiques réservés aux citoyens français et les place sous « statut civil réservé ».
Saint Louis, puis Dakar deviendront par la suite les deux capitales successives de l'AOF créée en 1895. Les citoyens des Quatre Communes conserveront leur statut de citoyens Français tandis que les habitants des territoires colonisés seront cantonnés au statut d'indigènes. 




Quand on fouille dans les bacs de cartes postales, il faut toujours consulter le verso... La photo présente parfois peu d'intérêt alors que le texte renferme des richesses. C'est le cas de cette carte intitulée "les sauterelles"


Le recrutement est fondé sur le décret du 7 février 1912 qui institue le recrutement par voie de réquisition (l'état-civil étant inexistant, il est impossible de précéder par voie de conscription). Il est prévu dans les textes que les « indigènes de race noire du groupe de l'Afrique-Occidentale française peuvent en toutes circonstances être désignés pour continuer leur service en dehors du territoire de la colonie » et précise que « la durée du service actif est de quatre ans »


Si l'administration coloniale a rapidement proposé plusieurs milliers d’hommes volontaires ou recrutés avec des méthodes proches de celles des siècles précédents hérités de la culture arabo-musulmane (certains auteurs comparent ces méthodes à des "rapts" comme au temps de la traite négrière), des stratégies d'évitement (envoi de malades, d'estropiés, certaines commissions de recrutement ayant jusqu'à 80 % d'inaptes) puis des révoltes contre l’enrôlement ont éclaté loin des grandes villes d’Afrique, dont la première chez les Bambaras du Mali, près de Bamako,qui a duré environ 6 mois, du printemps à novembre 1915, annonçant d’autres révoltes plus importantes. 



Certaines sont très durement réprimées en juin 1916 par la France, qui fait tirer à l'artillerie sur une dizaine de villages « récalcitrants », tuant plusieurs milliers de civils. Cela est lié au système du recrutement qui n'est pas, en l'absence de tout état-civil, celui de la conscription, mais celui de la réquisition. Les administrateurs coloniaux fixent des quotas aux chefs de cantons qui répercutent auprès des chefs de villages... comme du temps, en France des milices communales (celles de la bataille de Bouvines) et, quelques siècles plus tard, des milices provinciales (celles de la bataille de Denain). 


Bien entendu, un certain arbitraire peut ainsi présider aux désignations et, très souvent, la tendance naturelle dans les chefferies locales est de désigner les hommes qui représentent pour un motif ou un autre, une charge pour la société... Le recrutement vient d'une petite partie du Sénégal, la majorité des troupes étant réquisitionnée dans la colonie du Haut-Sénégal et Niger et de la Haute-Volta, rejoignant par train la gare de Dakar, capitale fédérale de l'AOF et dont la Direction des transports maritimes les fait embarquer en bateau pour la France




Le sergent Edouard Poillerat raconte dans ce courrier qu'il fait une tournée à N'Dar Toute, quartier de Saint-Louis, pour le conseil de révision. 

Le conseil de révision était la convocation des jeunes gens avant leur incorporation dans l'armée pour connaître leurs aptitudes : santé lecture écriture militaire

Il précise que d'après l'état-civil, il y a 10 000 inscrits et qu'il ne s'en présente que le 1/9e soit un peu plus de 1111 ce qui lui semble peu

Il précise que cela provoquera beaucoup de travail pour la séance de clôture… 



Au matin du 16 avril 1917, plus de 15 000 tirailleurs sénégalais s’élancent à l’assaut des crêtes du Chemin des Dames. Paralysés par le froid, ils sont fauchés par les mitrailleuses allemandes qui devaient être détruites par des jours de bombardement qui ont précédé l’offensive. Dans la seule journée du 16 avril, plus de 1 400 « Sénégalais » meurent dans les combats pour la conquête du Mont des Singes, pour la prise des fermes de Moisy et d’Hurtebise ou sur les pentes d’Ailles…
Les pertes énormes depuis 1914 ont rendu indispensable le recours aux hommes des colonies d’Afrique-Occidentale Française. Plus de 50 000 ont été recrutés en 1915-1916, parfois sans ménagements, et au prix de milliers de morts et de centaines de villages incendiés, en particulier dans l’actuel Burkina Faso, provoquant ce que l’historien Marc Michel a appelé « la plus grande révolte coloniale de l’Afrique noire française ».


sources :


Cartes postales d'Afrique de l'Ouest (1895-1930)

Images et Mémoire (Meurillon, David, Bergougniou, Gardi)  UNESCO Mémoires du Monde

Plus de 3200 cartes postales couvrant 16 pays de la Communauté Economique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) courant la période 1890-1930



https://fr.wikipedia.org/wiki/Tirailleurs_s%C3%A9n%C3%A9galais

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