02 juillet 2015

Mers El Kebir 3 juillet 1940


Mers El Kebir 3 juillet 1940

le 3 juillet sera célébré le 75e anniversaire de Mers-el-Kebir ou 1297 marins français perdirent la vie. L'histoire est connue, mais comment en sommes nous arrivés là? 

Un armistice signé par le maréchal Pétain croyant aux promesses d'Hitler, un premier ministre britannique lucide sur les capacités du führer  et du régime nazi... et des relents d'anglophobie...

Mers-El-Kebir

Mers el-Kébir fut d'abord un port romain du nom de Portus Divinis (port des dieux), avant de devenir un arsenal naval almohade au 12e siècle. 


carte de Mers El Kebir























Elle fut dominée par les seigneurs zianides de Tlemcen au 15e siècle avant de finalement devenir un centre de piraterie aux alentours de1492. 




Elle fut régulièrement occupée par les Ottomans, les Portugais et les Espagnols — qui en prirent possession en 1505 sous le cardinal Cisneros et la gardèrent jusqu'en 1792.



















Les Français l'occupèrent en 1830, agrandirent le port en 1868 et le dotèrent du phare Saint-André (détruit durant la Seconde Guerre mondiale). 




la situation en juin 1940 

Après la débâcle de juin 1940, le gouvernement français, déplacé à Bordeaux, doit choisir entre la capitulation ou une demande d'armistice. Une capitulation aurait engagé l'armée mais aurait permis au gouvernement de poursuivre la guerre en exil avec les alliés et ce qui restait des forces françaises (c'est-à-dire la Marine et les forces françaises d'Afrique). Un armistice, au contraire, devait engager le gouvernement dans son ensemble à ne pas poursuivre la guerre. Une attention toute particulière devait alors être portée sur les conditions de l'armistice pour que celui-ci soit « honorable ».


Début juin 1940, le président du Conseil Paul Reynaud et avec lui, la majorité du gouvernement, penchent pour la première solution. Au contraire, le général-en-chef, Weygand, et le maréchal Pétain, vice-président du Conseil, et l'armée dans son ensemble considèrent que la charge de la défaite appartient aux politiques et souhaitent, pour cette raison, que le gouvernement endosse pleinement sa responsabilité en demandant l'armistice.




Laval, de son côté, est également favorable à l'armistice mais il va encore plus loin puisque, particulièrement anglophobe, il penche pour un renversement des alliances. Laval et les militaires s'appuient sur l'anglophobie ambiante (depuis l'affaire de Dunkerque) pour amener les membres du gouvernement à rejoindre leur position, conduisant Paul Reynaud à démissionner de la présidence du Conseil.


L'armistice impliquait d'être délié de l'engagement interallié du 28 mars 1940 puisque celui-ci prévoyait qu’aucune paix séparée n’était possible sans l’accord de l’autre partie. Winston Churchill fait savoir à plusieurs reprises, d'abord à Paul Reynaud puis plus tard au gouvernement Pétain, qu'il comprend la position difficile dans laquelle se trouve la France et qu'il peut admettre que la France soit déliée de ses engagements en concluant un armistice séparé, mais à condition que la flotte française ne puisse jamais tomber dans les mains de l'ennemi, ce qui suppose ou bien que la flotte française se saborde, ou bien qu'elle rallie les positions britanniques ou américaines (ce qu’elle fait jusqu’au 18 juin, avant de se réfugier en Afrique).


Seuls à faire face aux nazis, après l'armistice franco-allemand du 22 juin 1940, les Anglais craignent non sans raison que la flotte française, puissante et réputée, ne soit un jour réquisitionnée par les Allemands même si la convention d'armistice prévoit le désarmement des navires dans leur port d'attache.





Churchill décide en conséquence de s'emparer de tous les navires de guerre français à sa portée. À tout le moins, il demande que les Français les mettent hors de portée de l'ennemi, à la Martinique, par exemple. C'est l'opération «Catapult».





Dès le 2 juillet 1940, par des ruses diverses ou par la menace, des officiers britanniques montent à bord des navires français amarrés dans leurs ports, à Portsmouth et Plymouth. Capturés, les marins et officiers se voient proposer de rejoindre de Gaulle. La plupart refusent, par fidélité au gouvernement légitime, et se font rapatrier.



Les Anglais excluent de s'en prendre aux navires français amarrés à Toulon, car leur attaque est risquée et d'autre part inciterait les Allemands à occuper ce port, pour l'heure épargné. L'escadre amarrée dans la rade de Mers el-Kébir, en Algérie, paraît davantage à leur portée.







Le 3 juillet 1940, une escadre de la Royal Navy se présenta devant la base navale et remit un ultimatum au vice-amiral d'escadre Gensoul, lui donnant le choix entre le ralliement au Royaume-Uni, un désarmement des navires dans un port de la Martinique ou un sabordage. Le vice-amiral d'escadre Gensoul refusa les trois options et tergiversa afin de gagner du temps. 




Constatant les préparatifs d'appareillage des navires français, les bâtiments britanniques ouvrirent le feu et coulèrent le cuirassé Bretagne. Le croiseur de bataille Dunkerque, le cuirassé Provence et le contre-torpilleur Mogador, gravement touchés, furent mis hors de combat. 1 297 marins français trouvèrent la mort dans ce combat inégal, les bâtiments français étant en cours de désarmement et amarrés « cul à quai » à la jetée, ne pouvaient manœuvrer.
tract de propagande pétainiste contre l'Angleterre et l'agression de Mers-el-Kebir

Il s'agissait pour Winston Churchill d'éviter que la flotte française tombe aux mains des Allemands. Dans ses Mémoires de guerre, Churchill explique le dilemme terrible qui s'est posé au gouvernement britannique, habitué depuis l'arrivée de Hitler au pouvoir à l'absence totale de respect par ce dernier de tous les accords passés. 




Le gouvernement britannique, dans l'attente d'une tentative d'invasion du Royaume-Uni — prévue par les Allemands sous le nom de « opération Lion de mer » — à la suite de la déroute française, a considéré ne pas pouvoir prendre le risque de voir un gouvernement collaborateur en France livrer un jour ou l'autre la flotte à Hitler, les flottes française, allemande et italienne combinées devenant une menace sérieuse pour la Royal Navy. L'État français ne rompit pourtant pas ses relations avec le Royaume-Uni. De Gaulle justifia plus tard cette attaque des Britanniques.





À la faveur d’une escale à Oran (Algérie), les 16 et 17 juin 2014, une délégation de dix-neuf marins de la frégate anti-sous-marine (FASM) Montcalm s’est rendue au cimetière marin de Mers el-Kebir. 

Le commandant a déposé une gerbe devant le monument aux morts, en hommage aux 1297 marins français qui ont perdu la vie les 3 et 6 juillet 1940. Cela faisait de nombreuses années qu’aucun bâtiment français n’avait pu conduire une pareille cérémonie du souvenir.
Dans cette période trouble du début d’été 1940, l’escadre du vice-amiral d’escadre Gensoul composée de deux croiseurs de bataille, de deux cuirassés, d’un transport d’hydravions et de six contre-torpilleurs, mouillée dans la base navale française de Mers el-Kébir, avait été violemment attaquée et profondément meurtrie par une force navale de l’allié britannique, commandée par l’amiral Sommerville.
Une délégation du Montcalm rend hommage aux morts de Mers-El-Kebir Marine nationale

Lors de l’attaque, la passe du port militaire était minée et les bâtiments français, embossés cul à quai à la jetée ont peiné à manœuvrer pour s’échapper et riposter efficacement, dans la mesure où la majeure partie de leur artillerie était tournée vers la terre. Les navires français ont été écrasés par des salves d’obus rapides et bien réglées, guidées par des avions. Le cuirassé Provence et le croiseur de bataille Dunkerque, touchés, ont dû s’échouer pour ne pas couler, avant de subir une nouvelle attaque trois jours plus tard. Le cuirassé Bretagne a pris feu puis a explosé, entraînant avec lui par le fond 997 marins de son équipage.

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