30 mai 2023

Port-Saïd la défense du canal de Suez correspondance d'armées FM Marine nationale

Port-Saïd la défense du canal de Suez correspondance d'armées FM Marine nationale aviation maritime




La Marine propose à l’Armée de mettre pour emploi une partie de son personnel aéro au sein des escadrilles de l’Aéronautique militaire. 


C’est ce qui est fait et, fin octobre, c’est plus de 30 % de ce personnel qui est détaché. L’Aviation maritime n’a plus d’emploi, mais cette tendance n’échappe pas à la Marine britannique qui obtient de la France la mise à disposition d’une escadrille de Nieuport. 


Ceux-ci, venant de Bizerte et transportés par la Foudre et un autre bâtiment, sont déposés à Port-Saïd, fin novembre 1914 où, sous le commandement du LV de l’Escaille, ils mèneront des missions le long des côtes de Palestine et en mer Rouge, pour surveiller et attaquer les forces turques qui menacent le canal de Suez. 


L’escadrille de Venise, dépendant du CAM de Saint-Raphaël, est érigée en Centre d’Aviation Maritime (CAM). Après dissolution de l’escadrille de Brindisi, remplacée par une escadrille italienne, son personnel et ses matériels sont transférés à l’escadrille de Port-Saïd ; cette dernière est maintenant administrée par le CAM de Port- Saïd nouvellement créé. La Foudre devenu navire atelier est remplacé, à Port-Saïd, par le Campinas ex-cargo réquisitionné qui doit être transformé en porte-hydravions.



En janvier 1916, l’escadrille de Port-Saïd perd son premier équipage, le SM Le Gall et le Lt Partridge; ses appareils utilisent deux bâtiments allemands réquisitionnés à Alexandrie, Anne Rickmers et Rabenfels, employés comme porte-hydravions. 
Quant à la Foudre, dont le rôle de transport d’hydravions a pris fin, elle est transformée en navire atelier pour l’escadre et sert de base aux Nieuport détachés à Moudros.




Au point de vue porte hydravions, il faut noter l’utilisation d’un cargo, qui réquisitionné en 1915, sera modifié en janvier 1916 en vue de cette utilisation, et sera opérationnel à partir du 21 mars. Il s’agit du CAMPINAS. Ce dernier naviguera tout d’abord le long des côtes du Liban et de la Syrie avec des NIEUPORT du Centre d’aviation de Port-Saïd. En juillet il revient sur Toulon et y embarque en remplacement 4 FBA 110. Ses hydravions (dont le nombre atteindra 6 par la suite) opèreront alors dans les secteurs de Milo, Corfou et Salamine. L’activité de ce bâtiment en tant que porte hydravions se poursuivra jusqu’à l’armistice de 1918.

Le navire marchand SS Aenne Rickmers a été construit par Rickmers de Bremerhaven en 1911. Au déclenchement de la guerre en août 1914, il a été saisi alors qu'il se trouvait à Port-Saïd , en Égypte , et a été réquisitionné pour servir sous le Red Ensign de la marine marchande britannique en janvier 1915 . pour faire fonctionner des hydravions . [1] Aucune modification spéciale n'a été apportée au navire; l'avion a été rangé sur les panneaux d'écoutille arrière et manipulé avec ses flèches de chargement. [3] Aenne Rickmers exploitait deux hydravions français Nieuport VI .H qui avaient été déchargés par le Porte-hydravions français Foudre ; ils étaient pilotés par des pilotes français avec des observateurs britanniques. [1]


Pendant les deux premiers mois de 1915, le navire et son avion ont soutenu les opérations alliées en Syrie, en Palestine et dans la péninsule du Sinaï . Outre les missions de reconnaissance, ils livrent et récupèrent des agents alliés et observent les navires effectuant des bombardements côtiers . Le 4 mars, Aenne Rickmers reçut l'ordre de rejoindre plusieurs navires alliés qui allaient bombarder Smyrne , en Turquie. Une semaine plus tard, il est torpillé par le torpilleur turc Demir Hisar . Le navire a été touché par une torpille dans la soute numéro 1 ; c'était plein de bois qui limitait l'entrée d'eau et l'empêchait de couler. Aenne Rickmers est arrivée àMudros le lendemain pour commencer les réparations, mais l'équipe de réparation a été retirée une semaine plus tard pour travailler sur le croiseur de bataille endommagé HMS Inflexible . 


Le porte-hydravions HMS Raven II (une autre conversion marchande) est arrivé le 20 mars pour charger son avion et son équipage, ne laissant derrière lui qu'un équipage squelette de cinq personnes. Lors d'une tempête le 6 avril, le navire a traîné ses ancres et s'est échoué sur une plage de sable. Elle y a été temporairement réparée et renflouée le 12 mai, naviguant vers Alexandrie , en Égypte, deux jours plus tard, pour des réparations permanentes et pour décharger sa cargaison. Cela a été achevé le 18 juin, mais le navire est resté inactif jusqu'à la fin du mois lorsqu'il a été doté d'un équipage arabe et a navigué vers Port-Saïd .. 

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 La « FOUDRE » vient d’amener à Port-Saïd une escadrille de 5 hydravions Français, commandés par le Lieutenant de Vaisseau de l’Escaille et qui, plus puissants que les appareils anglais, pourront explorer une étendue beaucoup plus considérable.

29 mai 2023

FS NIVÔSE Amsterdam TAAF 24-2-2023 ville marraine Saint-Pierre

 FS NIVÔSE Amsterdam TAAF 24-2-2023



Armé à Lorient, basé en Nouvelle-Calédonie jusqu’en 2000 puis au Port des Galets à La Réunion, la frégate de surveillance Nivôse a parcouru l’équivalent de trente-six tours du monde depuis son admission au service actif le 16 octobre 1992.

Son intense vie opérationnelle le conduit à défendre les intérêts de la France du Moyen-Orient aux 50ème hurlants, en passant par les Iles Eparses. Ses équipages successifs ont ainsi veillé au respect de la souveraineté française et à la protection de ses ressources dans les TAAF, pris part à l’opération ATALANTA de lutte contre la piraterie, combattu un incendie majeur qui a ravagé la salle des machines en 2014, apporté de l’assistance humanitaire lors de catastrophes naturelles comme le cyclone Idai au Mozambique en 2019 ou encore secouru le navigateur Kévin Escoffier lors du Vendée Globe 2020.

Parrainé par la ville de Saint-Pierre, le Nivôse a rassemblé autorités civiles et militaires lors d’un évènement anniversaire le 13 septembre mais fêtera véritablement ses 30 ans en mer, lors d’une mission CTF 150 de lutte contre le narcotrafic au nord de l’océan Indien.

Saint-Pierre-de-La-Réunion est la ville marraine de la Frégate de Surveillance F732 «Nivôse», de la Marine nationale, dont le parrainage a été agréé par l'autorité militaire (CEMM) le 10 janvier 2018 et publié le 1er février 2018 (BOC n° 4 - Texte n° 14) au Bulletin Officiel des Armées (Journal Officiel). 

Visitez le site de la mairie de Saint-Pierre : http://www.ville-saintpierre.fr

28 mai 2023

Salon de l'Armée 1953 la peinture militaire en Europe

Salon de l'Armée  1953

la peinture militaire en Europe




 

29 MAI - 30 JUIN 1953 :
Le Musée de la France d'Outre-mer à Paris abrite le "Salon de l'Armée".


Deux oblitérations mécaniques Flier à "PARIS 108 / 7 et 9 BD HAUSSMANN " et 


RBV à "PARIS VII / RUE CLERC (7e)" sont mises en service à partir du 20 mai avec flamme "SALON / DE / L'ARMÉE / (allégorie) / MUSÉE FRANCE D'OUTRE-MER/ PARIS 29 MAI- 30 JUIN 53".


27 mai 2023

Marion Dufresne Saint-Malo exploration Nouvelle Zélande Maori 1772 Hôtel bureau du maire

Marion Dufresne Saint-Malo exploration Nouvelle Zélande Maori 1772


La mort de Marion par Charles Meryon
Dans l’histoire des voyages, Marion-Dufresne est surtout connu par sa fin tragique ; en 1772, il a été tué, puis mangé par les Maoris de la Nouvelle-Zélande. Pourtant c’est aussi, tout autant que Kerguelen, un découvreur des terres australes, mais dans des conditions différentes, puisqu’il n’a pas l’aide de la Marine royale au contraire de celui-ci, et son voyage est une expédition privée. 



Cette communication sera consacrée essentiellement au déroulement et au résultat de ce voyage, cependant il ne peut être compris sans un rappel de l’apprentissage de Marion-Dufresne et de ses précédentes expériences

Marc-Joseph Marion-Dufresne appartient à une famille de négociants et d’armateurs installés à Saint-Malo depuis le début du XVIIIe siècle. Son père, Julien, fait au moins un voyage au Pérou comme subrécargue sur le Marquis de Vibraye, de 1711 à 1715; il est aussi capitaine corsaire, ainsi en 1705 et 1706 sur la Marie-Madeleine 

A Saint-Malo la famille du Fresne


Saint-Malo

Entre le 6 et le 14 août 1944, l'ancien hôtel MARION du FRESNE, situé au n° 5, rue Saint-François Intra-Muros fut incendié par les obus américains tombés sur la ville qui fut détruite à 79 % pendant les combats de la Libération.







Plaque à la mémoire de Marc-Joseph
Marion Dufresne et son équipage,
Bay of Islands, Nouvelle-Zélande
À propos des boiseries du Cabinet de Monsieur le Maire Cet ensemble exceptionnel de boiseries en chêne sculpté comprend : 1° - une cheminée monumentale de type adossé 2° - un plafond à caissons 3° - des boiseries d’accompagnement (lambris bas et de hauteur, portes). Il fut réalisé, vers 1675, pour la pièce d’apparat de la grande maison que se firent construire cette-année-là, dans la ville de Saint-Malo, André MARION sieur du FRESNE, négociant, et son épouse Hélène-Séraphique MAGON, dame de la VILLEPOULET, riche héritière qui lui avait apporté une dot de 600 000 livres lors de leur mariage (soit l’équivalent de neuf millions d’euros).



L’arrêt du chantier de décoration intérieure du parlement de RENNES, par suite de la révolte du papier timbré, précisément cette même année 1675, permit à ces commanditaires de faire alors appel à l’un des meilleurs ateliers en exercice depuis une dizaine d’années, à savoir les maîtres menuisiers et sculpteurs Pierre du  MESNIL et François GILLET.

Ces artistes firent également la décoration de plusieurs hôtels de parlementaires, à RENNES notamment, place des Lices. 



En 1931, la famille propriétaire de l’ancien hôtel MARION du FRESNE qui comportait aussi une très belle porte sculptée extérieure, vendit les boiseries du premier étage à un antiquaire d’AMIENS. Elles furent ainsi présentées en 1939 à une exposition à NEW-YORK. Entre le 6 et le 14 août 1944, l’ancien hôtel MARION du FRESNE, situé au n° 5, rue Saint-François Intra-Muros fut incendié par les obus américains tombés sur la ville qui fut détruite à 79 % pendant les combats de la Libération. 




Ce qu’il en restait ne permettait pas alors d’envisager la reconstruction "à l’identique" des façades comme cela fut fait pour d’autres immeubles protégés par l’État (Monuments historiques). Alors que la reconstruction de l’Intra-Muros avait été commencée, le Maire, Guy LA CHAMBRE, ancien ministre, fut informé de l’existence des boiseries de l’ancien hôtel MARION du FRESNE, alors en vente à la Maison JANSEN, à PARIS.


Il décida d’en faire l’acquisition. L’ensemble fut classé aussitôt le 26 juillet 1949 pour permettre de financer son retour et son adaptation au premier étage de l’ancien appartement du Lieutenant du Roi, puis du Commandant militaire de la place, devenu Hôtel de Ville en 1952. 



Cette mise en place nécessita notamment de percer une travée supplémentaire de fenêtres au rez-de-chaussée et aux deux étages de ce bâtiment. 

1° - La cheminée monumentale est du type dit "à la Française" couramment employé dès le règne de Louis XIII. À cette époque en effet, les conduits de cheminée sont encore placés les uns devant les autres, ce qui oblige à avancer de façon sensible les cheminées dans les pièces. La cheminée est ainsi adossée et non pas engagée dans le mur. Son manteau et sa hotte droite sont entièrement recouverts de boiseries sculptées. L’habillage est réalisé en chêne comme le reste des boiseries. 

Au milieu du linteau figurent les armoiries reconstituées des commanditaires : MARION DU FRESNE : d’argent au palmier de sinople, accosté de deux sautoirs pattés et alésés de gueules.

MAGON : d’azur au chevron d’or accompagné en chef de deux étoiles de même et en pointe d’un lion aussi d’or, couronné d’argent. Le trumeau de la cheminée s’orne en son centre d’un grand médaillon circulaire du même style que ceux du plafond et qui devait contenir comme ces derniers un tableau allégorique. 


Le volatile qui surmonte l’ensemble a pu être identifié à un aigle, emblème traditionnel depuis l’Antiquité de la Force et de la Majesté, mais il semble qu’il faut y voir ici, en raison de la situation sur la cheminée de la pièce principale d’une grande maison, le phénix, l’oiseau légendaire, de même grandeur que l’aigle, symbole de longévité parce qu’il a le pouvoir de renaître de ses cendres. Cet animal fait en effet ici directement allusion au grand incendie qui avait détruit 287 maisons en 12 heures de temps, seulement 14 ans avant la construction de l’hôtel MARION du FRESNE (27 & 28 octobre 1661) et qui avait désolé la ville, rebâtie ensuite en granite, plus belle et plus riche. 


Dans cette Maison Commune, face au bureau de son Maire, ce phénix symbolise et résume ainsi l’histoire de cette ville de Saint-Malo, deux fois détruite, deux fois reconstruite.


2° - La plafond dit "à caissons" avait été remis à la mode en France sous l’influence de l’Italie à la période de la Renaissance. Composé de boiseries à compartiments, il permettait de dissimuler les poutres et les solives sous un riche décor peint et sculpté. Ce plafond est ainsi seulement divisé en trois travées par deux poutres transversales parallèles à la cheminée. Ces travées s’ornent chacune de trois cadres, de forme ovale ou circulaire. 

3° - Les boiseries d’accompagnement comportent des lambris de soubassement plus simples, des lambris de hauteur formés de paires de pilastres avec soubassements et chapiteaux corinthiens, des portes ornées d’octogones avec dessus également sculptés. Tout ce décor s’avère d’une très grande qualité dans l’exécution qui fait référence aux grandes réalisations Ville de Saint-Malo - Septembre 2019. © Ville de Saint-Malo. 

La famille MARION DU FRESNE s’est également illustrée dans l’exploration maritime. En effet, Marc Joseph MARION du FRESNE, né à Saint-Malo en 1724, arrière-petit-fils des commanditaires de ce décor, découvrit l’île qui porte son nom : l’Ile Marion et l’Ile du Prince-Edouard au large de l’Afrique du Sud et l’Archipel Crozet, au sud de l’Océan Indien.  Il fut massacré en juin 1772, en Nouvelle-Zélande avec une douzaine de ses hommes après avoir abattu un arbre tabou. 


Sources

Mairie de Saint-Malo

Philippe PETOUT Conservateur en Chef des Musées de la Ville de Saint-Malo


26 mai 2023

La semaine sanglante commune de Paris 1871 21 au 28 mai le mur des fédérés

La semaine sanglante commune de Paris 

21 au 28 mai  1871 

le mur des fédérés


Le 18 mars 1871, une émeute éclate à Paris, sur la butte Montmartre. Adolphe Thiers, chef du gouvernement provisoire de la République, renonce à la réprimer et s'enfuit à Versailles avec tous les corps constitués.

C'est l'amorce de la « Commune ». Maîtres malgré eux de la capitale, les révolutionnaires et militants socialistes et ouvriers vont offrir à la bourgeoisie républicaine l'occasion de se débarrasser une fois pour toutes de la « question sociale ».


 

La Commune de Paris est écrasée durant la « Semaine sanglante » du 21 au 28 mai 1871, pendant laquelle près de 20 000 Communards trouvent la mort. Les survivants sont souvent déportés. 

La Commune ? "Son véritable secret, le voici : c’était essentiellement un gouvernement de la classe ouvrière, le résultat de la lutte de la classe des producteurs contre la classe des appropriateurs, la forme politique enfin trouvée qui permettait de réaliser l’émancipation économique du Travail." Pour Marx, nul doute : la "guerre civile" qui s’était produite en France entre le 18 mars et le 28 mai 1871 avait été une guerre de classes, opposant la classe ouvrière de la capitale à la bourgeoisie gouvernée par monsieur Thiers.

Humainement, le bilan de la Semaine sanglante est désastreux. Il n’y a pas de réel consensus parmi les historiens pour chiffrer le nombre exact des morts mais, globalement, on estime qu’entre 3 000 et 5 000 fédérés sont morts au combat et qu’environ 20 000 autres ont été massacrés. Par exemple, en 1897, un charnier de 800 communards est retrouvé dans le quartier de Charonne. Bien souvent, les exécutions avaient lieu à la mitrailleuse…

En comparaison, du côté des Versaillais, il y aurait eu entre 500 et 800 tués et 5 000 blessés.

Déroulement de la Semaine sanglante


Dimanche 21 mai

Le dimanche 21 mai, entre 14 et 15 heures, Jules Ducatel, piqueur des Ponts et Chaussées et indicateur de l’armée versaillaise, découvre que la porte de Saint-Cloud et ses environs ne sont plus gardés. Il alerte les lignes versaillaises positionnées dans des tranchées creusées en contrebas, du côté du parc des Princes. 



Informé par le capitaine de frégate Auguste Trève, le général Douay en réfère à Adolphe Thiers, qui ordonne à l’armée régulière de pénétrer dans Paris. Libéré sur ordre de Douay après avoir été brièvement arrêté par les soldats qui craignaient une ruse des fédérés, Ducatel guide ensuite la division Vergé, alors commandée par le colonel Piquemal, vers le Trocadéro.


Le Conseil de la Commune, qui est en train de juger Cluseret, ancien délégué à la guerre tombé en disgrâce pour incompétence, n’envoie aucun renfort, malgré la demande qu’avait formulée le général Dombrowski qui commande le secteur.


Le Comité de salut public dépêche un observateur qui est fait prisonnier par les versaillais. L’armée de la République occupe Auteuil et Passy. Ils fouillent systématiquement les maisons, procèdent sur dénonciation à des arrestations et commencent à fusiller les gardes nationaux du secteur, qui seront ensuite conduits au cimetière de Longchamp. Au même moment se déroule la dernière réunion du Conseil de la Commune.

Lundi 22 mai

Au matin, les versaillais occupent les 15e et 16e arrondissements. Le reste de Paris apprend enfin la nouvelle par une affiche signée de Charles Delescluze, délégué à la Guerre. À la suite de cette proclamation, une grande partie des combattants de la Commune se replie dans leurs quartiers pour les défendre, abandonnant toute lutte coordonnée et rendant impossible toute contre-attaque pour repousser les versaillais. 


Des barricades s’érigent un peu partout dans Paris dans une ultime volonté défensive. L’armée de Thiers prend dans la journée le 7e, 8e et 17e arrondissement, durant leur offensive, les troupes versaillaises procèdent à de très nombreuses exécutions sommaires. Tout communard combattant est abattu.

Mardi 23 mai

Implacablement les forces versaillaises continuent à envahir Paris. Sur leur route les exécutions sommaires sont nombreuses. Face au chaos et à la débandade des forces communardes, le Comité de salut public publie, en vain, un appel à la fraternisation entre les troupes versaillaises et le peuple. Pendant les combats le général Jaroslaw Dombrowski est tué rue Myrha. Cet ancien général de l’armée russe avait offert ses compétences à la Commune de Paris et avait commandé la 11e légion de la Garde nationale. Il était, avec son compatriote polonais Walery Wroblewski, en exil à Paris après avoir participé aux insurrections polonaises de 1861-1864. Il y réclamait déjà la démocratie, la fin du servage et l’indépendance polonaise face à l’Empire russe.

Dans la soirée débutent les premiers incendies de grands bâtiments parisiens.

Mercredi 24 mai

Les incendies, qui débutèrent la veille, continuent et s’amplifient. Les dirigeants communards évacuent et font incendier volontairement l’Hôtel de Ville, la Préfecture de police et le Palais de justice. À la prison de la Roquette, les communards exécutent l’archevêque de Paris Georges Darboy et cinq autres otages, dont le président Bonjean. Face à l’implacable répression, l’espoir de changer le vieux monde s’est transformé en politique de la terre brûlée.
Jeudi 25 mai

Des combats acharnés à la Butte-aux-Cailles font rage. Le général Wroblewski résiste tant bien que mal face aux forces versaillaises. Place du Château d’Eau Charles Delescluze, délégué à la Guerre de la Commune, est tué. Wroblewski est proposé pour le poste de commandement en chef des forces de la Commune. Il le refuse, arguant du peu d’hommes restants capables de se battre de manière disciplinée et coordonnée, et terminera la Semaine sanglante en se battant comme simple soldat.

Vendredi 26 mai

Pendant la journée du 26 mai, toutes les forces communardes sur la rive gauche de la Seine sont tuées, arrêtées ou mises en déroute. Seul le nord-est de la ville continue le combat autour des Buttes-Chaumont et du cimetière du Père-Lachaise. Les exécutions sommaires sont nombreuses dans les deux camps. Au Panthéon de nombreux·ses communard·e·s sont massacrés et 52 prisonniers de la Roquette soupçonnés de sympathie pour Thiers sont exécutés au 85 de la rue Haxo.

Samedi 27 mai



Large offensive versaillaise au cimetière du Père-Lachaise où l’on combat à l’arme blanche entre les tombes. 147 Fédérés, combattants de la Commune, sont fusillés et jetés dans une fosse ouverte au pied du mur des Fédérés. Ce mur deviendra le lieu habituel de la commémoration de la Commune. Les Buttes-Chaumont tombent aussi sous la coupe des troupes versaillaises. Le soir même il ne reste plus que le quartier de Belleville aux mains des communards.



Dimanche 28 mai

Dans une ultime bataille, les dernier·e·s Communard·e·s tombent à Belleville. Si le lieu de la dernière barricade est incertain, une plaque commémorative des derniers combats se trouve rue de la Fontaine-au-Roi, dans le 11e arrondissement de Paris. Face aux 130 000 soldats versaillais déployés pour l’opération de reprise de la ville, entre 25 000 et 30 000 communard·e·s combattant.es auront résisté tant bien que mal. Il ne reste plus que le fort de Vincennes encerclé par les Allemands, il se rendra sans combattre le lundi 29 mai.

Répressions et conséquences de la Commune

Le bilan officiel, rapporté par le général Appert devant l’Assemblée nationale en 1875, fait état de 43 522 arrestations, dont 819 femmes et 538 enfants. 7 700 qui avaient été arrêtés par erreur sont relâchés. Mais au camp de Satory où sont parqués beaucoup des arrêtés, le calvaire continue : aucune hygiène, peu de soins pour les blessés, les épidémies se développent. On abat 300 prisonniers pour tentative de fuite dans la nuit du 27 au 28 mai. 

Des prisonniers fédérés furent transférés dans les pontons et ports de l’ouest de la France ; à Brest, Lorient, Cherbourg et Rochefort, ces transferts eurent lieu dans des wagons à bestiaux dans des conditions sanitaires volontairement déplorables. Environ 20 000 y furent détenu·e·s pendant plusieurs mois, au moins 1 000 y moururent.


Aucun bilan officiel ne vient par contre établir le nombre exact de morts durant la Semaine sanglante. Il est vrai qu’entre les exécutions sommaires et les morts des combats, il a longtemps été compliqué d’établir un nombre qui fasse consensus. Ainsi le nombre de morts a été longtemps gonflé artificiellement pour rendre le massacre encore plus sanglant qu’il ne l’était, ou alors minimisé par les autorités responsables du massacre. Choisir un chiffre dans la large fourchette entre 10 000 et 100 000 morts était alors un choix politique de ralliement ; au même titre qu’aujourd’hui, choisir de retenir les chiffres de la préfecture ou les chiffres de la CGT pour une manifestation n’est pas politiquement neutre. Avec les années et le recul, on considère généralement qu’il y aurait eu environ 30 000 morts. Un tiers serait mort au combat, les deux tiers restants étant tués lors d’exécutions sommaires.

Car c’est là que la Semaine sanglante fut la plus horrible. Car à l’arrière des combats et après avoir reconquis chaque quartier, l’armée versaillaise a systématiquement fait appel à des mouchards pour débusquer les sympathisants de la Commune. La reconquête militaire s’accompagnant d’une purge politique de tous les opposants au régime de Thiers.

 Le tout dans l’urgence la plus totale. Car le gouvernement souhaitait restaurer l’État de droit une fois la ville reprise. Il fallait donc exécuter le plus rapidement possible le maximum de Communard·e·s pour éviter que la justice puisse être indulgente avec les insurgés. Ainsi sur les 46 835 communard·e·s fait·e·s prisonnier·e·s, « seulement » 95 seront condamné·e·s à mort quand il y aurait eu environ 20 000 exécutions sommaires. 


Cette même « justice » préfèrera en fin de compte déporter massivement les communard·e·s vers la Nouvelle-Calédonie afin de s’assurer qu’ils ne « contamineraient » plus la société.



La répression des différentes insurrections de 1870-1871 continua année après année. Empêcher toute résurgence insurrectionnelle devient le leitmotiv du gouvernement de Thiers. 

Si Paris est purgée des révolutionnaires tués, déportés, emprisonnés ou en exil, le gouvernement cherche à affaiblir tout mouvement révolutionnaire, et criminalise ainsi l’appartenance à l’Internationale le 14 mars 1872 [2], provoquant un fort recul de l’organisation. Adolphe Thiers se souvient que la Commune de Paris fut précédée par la Commune de Lyon ; où Mikhail Bakounine et d’autres membres de l’AIT avaient proclamé la Commune de Lyon au balcon de l’Hôtel de Ville. La répression exacerbe les débats déjà houleux entre bakouniniens et marxistes au sein de l’organisation. 
Mikhail Bakounine en sera exclu lors du congrès de La Haye (du 2 au 9 septembre 1872) et la Première Internationale finira par disparaître en 1876, marquant une scission définitive du mouvement socialiste entre antiautoritaires et autoritaires.



si la Commune et ses aspirations sont écrasées, ses idées ne craignent pas la mitraille. La IIIe République, devenue républicaine après la fin du gouvernement de Thiers, s’inspirera des réalisations de la Commune de Paris pour mettre en place ce qui reste encore de ses plus grandes réformes démocratiques. La séparation de l’Église et de l’État, la scolarité gratuite pour tous, le droit d’association ou encore la loi Waldeck-Rousseau autorisant les syndicats, la réaffirmation de la liberté de la presse, etc. ; mais tout en renforçant les dispositifs légaux et policiers de répression contre toute contestation politique radicale.
Ainsi les lois scélérates de 1893-1894 modifient la loi de 1881 sur la liberté de la presse qui ne punissait que la provocation directe ; désormais la provocation indirecte est condamnable, la fameuse « apologie » qui permet encore aujourd’hui la répression à tout va de tout discours non conforme à la normalité républicaine. Le tout sans compter toutes les boucheries orchestrées, organisées et perpétrées par cette fameuse République civilisatrice lors de sa vaste campagne de colonisation en Afrique, en Asie et dans le Pacifique ; ou pendant les deux guerres mondiales.
La Semaine sanglante fut ainsi une expérience concentrée de ce que fut la Troisième République dans son ensemble, entre réalisation démocratique, répression et bain de sang.



Tardi-Vautrin Le cri du peuple - Casterman

Hérodote

https://paris-luttes.info/le-21-mai-1871-debutait-la-semaine-11832

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