19 janvier 2021

Roz Landrieux Bretagne Ille et Vilaine LV Robert Veron vitraux patriotiques main guerre 14-18 Bretagne

vitraux patriotiques guerre 14-18 Marins et marine

Roz Landrieux (35)


Les vitraux dits "patriotiques", sont des vitraux comportant des allusions iconographiques ou écrites à la première ou à la seconde guerre mondiale. Ils se rencontres sur des églises restaurées où les verrières sont remplacées après les guerres ou dans des constructions d'églises neuves 

L'église de Roz Landrieux comporte un vitrail en souvenir du Lieutenant de Vaisseau Robert François Auguste Veron.

Les Veron sont une famille de marins. Le grand-père fut amiral et sénateur d'Ille et Vilaine.

 https://www.senat.fr/senateur-3eme-republique/veron_auguste0527r3.html


Ce vitrail a été offert à l'église après le décès de leur fils suite aux blessures reçues à la guerre.


Aspirant le 5 octobre 1913; port TOULON.


Au 1er janvier 1914, sur le croiseur cuirassé "DUPLEIX", Division navale d'Extrême-Orient (Cdt Marie DAVELUY).

Au 1er janvier 1915, port TOULON. Enseigne de vaisseau le 5 octobre 1915.

En 1917, Second sur le torpilleur "BOUCLIER", il est cité à l'ordre de l'Armée navale : "Officier de la plus grande valeur professionnelle et morale. A toujours fait preuve des plus brillantes qualités d'ardeur réfléchie, d'initiative intelligente et de générosité militaire. Grièvement blessé au cours d'un combat contre un sous-marin, a été un modèle de courage et d'énergie, continuant à assurer son service d'officier en second jusqu'au moment où il a perdu connaissance.".

Chevalier de la Légion d'Honneur - Croix de guerre.
Au 1er janvier 1918, port TOULON.



c
Lieutenant de vaisseau le 14 avril 1919.
Au 1er janvier 1921, affecté à la Flottille du Rhin (Cdt Jean FERNET).
CONVALESCENCES. Il a été accordé une prolongation de convalescence d'un mois a solde entière à compter du là août 1993 au capitnlne de corvette Lagon. du port d« Rochefort: un» prolongation de convalescence de 3 mois à solde entière à compter du 3 septembre 1933 au lieutenant do vaisseau Véron du Port de Toulon.
Cet Officier décèdera des suites des blessures reçues provoquées par les gaz.


D'autres vitraux représentent des marins comme à Rennes, Le Mont-Dol ou le Minihic sur Rance

sources :
N. et E. Galesnes Les vitraux patriotiques 2008
Ecole navale
Extrait L'Ouest-Eclair / 1er septembre 1923
Extrait L'Ouest-Eclair / 27 mars 1924
Extrait Le Gaulois / 24 mars 1924

18 janvier 2021

Les Oubliés de Saint-Paul Regards 1938 René Moreux Saint-Malo langouste pêche TAAF

   Saint-Paul   René Moreux -  Île-Bourbon 

Regards    1938



Il y a maintenant un peu plus d'un siècle que la pêche a débuté dans les eaux des Iles St Paul et Amsterdam : ce furent des goélettes réunionnaises qui commencèrent à fréquenter ces parages en 1843. A cette époque on salait le poisson, ce qui représentait un travail considérable, car, en raison de la température d'une part, de la nature des poissons d'autre part, il fallait, plusieurs fois en cours de campagne, changer la cargaison de place en la resalant chaque fois, afin de lui assurer une parfaite conservation. En 1928 seulement, on s'intéressa à la langouste ; 


les frères Bossière, concessionnaires des Iles depuis 1893, créèrent une usine dans le cratère de l'Ile St Paul. 


Celle-ci fonctionna deux ans puis, peut-être à cause d'une épidémie de béri-béri, finit tragiquement en 1931 et les installations furent abandonnées. Une autre entreprise de pêche, celle du chalutier Ile Bourbon, en 1938-39, qui semble avoir été mal conduite dès le début, finit elle aussi lamentablement.

C'est de cette dernière expérience que nous allons parler à partir du Magazine
REGARDS.

L'article peut paraître long mais entre couvre-feu et confinement...
Le bateau retenu est le René Moreux, ex-Mouflon construit en 1921 au Havre, de 612 tonneaux de jauge brute, 52 m de long et 8,70 m de large doté d'une machine de 900 ch. Il est acheté 500 000 francs en février 1938 à l'armateur bordelais Jean Lemétrais. Le navire est ancien et doit subir de nombreux aménagements et réparations pour sa nouvelle destination.


Faute d'argent et pressé par le temps, seuls les réparations urgentes et les aménagements indispensables sont effectués.
Le navire armé le 16 avril 1938 et immatriculé à la Réunion est confié au capitaine Philippe d'Armancourt. Né à Paris le 27 mars 1890 et domicilié à Saint-Denis, c'est un homme très compétent qui de plus connaît bien le sud de l'océan Indien. Il a été le capitaine de l'Île Saint-Paul, le navire de la Langouste française pour la desserte de son usine à Saint-Paul en 1930 et 1931.



La tragédie des îles Kerguelen par Louis Gérin

Six hommes, une femme oubliés en plein Océan sur un îlot sans arbres, sous un climat de feu pendant des mois... des mois.IL y a de cela sept ans de cela. sept ans ce printemps. On avait appris qu'il y en avait un de revenu vivant qui se cachait dans un pauvre logis de Charonne, chez son frère. li se cachait parce qu'il était laid.

Le béri-béri l'avait défiguré. C'était presque un moribond. Mais quelle belle proie. Nous nous l'arrachâmes jusque dans son lit. Il ne pouvait plus parler.

C'était du grilling. Son dernier souffle fut pour nous dire que le béri-béri, ce n'était rien à côté des reporters.


Saint-Malo Jacques Cartier photo JM Bergougniou

Et voici qu'à Saint-Malo, un chalutier à vapeur se prépare à appareiller pour les îles maudites dont on ne parlait plus depuis sept ans par crainte de réveiller des fantômes et de troubler les nuits des administrateurs d'une société de pêche. Et si tout l'équipage n'est point de filles de La Rochelle, comme dans la chanson, cinq jolies femmes n'y figurent pas moins aux côtés de cinq courageux hommes. 


St-Malo photo JM Bergougniou


Un garçon de huit ans est aussi du voyage, et la petite Mousseline, qui vient de naître. Ils ont affrété le « René-Moreux » et ils vont commencer une navigation de deux mois qui les mènera au bas de l'Océan Indien, à l'île Saint-Paul, dont les cratères se dressent à l'horizon de l'archipel des Kerguélen, à 2.500 kilomètres de l'île de la Réunion, la plus proche terre habitée.


À bord du René Moreux, une vingtaine d'hommes d'équipage et une douzaine de passagers spécialistes de la mécanique, de la congélation, ainsi qu'un radio et un médecin. Il est prévu, comme l'a fait quelques années plus tôt la Langouste française, de recruter des Malgaches pour la pêche à Saint-Paul, que l'on complétera à l'arrivée avec des Créoles réunionnais.

Le René Moreux quitte Saint-Malo le 25 mai 1938 et va mettre presque quatre mois pour atteindre la Réunion. Arrivé au port de la Pointe des Galets le 12 septembre 1938, nombreux sont ceux qui ne souhaitent pas poursuivre et demandent le paiement de leur solde. Le navire est désarmé dans l'attente que les différents responsables et intervenants des deux sociétés se mettent d'accord et règlent les problèmes techniques, administratifs et financiers.

le René Moreux au départ de Saint-Malo 1938 

Le capitaine d'Armancourt, lui, va tenter de recruter un nouvel équipage. Il sera composé de Réunionnais pour les postes les plus techniques et d'une vingtaine de Malgaches. Le technicien et responsable de la congélation, Garabed Mouradian, qui faisait fonction de chef mécanicien et le mécanicien Louis Bellia embarqués à Saint-Malo font partie du voyage ainsi que le second frigoriste, Paul Buissière embarqué à Diégo-Suarez. 


Ce n'est que le 18 novembre que le navire est réarmé sous un nouveau nom, Île Bourbon, à la demande des armateurs et négociants réunionnais de la Société réunionnaise des pêcheries de Saint-Paul et Amsterdam, propriétaire du bateau. Le nouveau radio réunionnais, Paul Bour, réceptionne le 20 novembre son poste radio à ondes courtes arrivé en fort mauvais état par la malle française. Il effectue des réparations sommaires mais cette situation ne sera pas sans conséquence pour la suite des événements.




Les fantômes des Kerguélen ne nous font pas peur, ni la solitude, ni le scorbut, ont-ils déclaré.

Cinq jolies femmes. et l'on ne peut se retenir de frissonner. sept ans, cela n'efface pas la vision d'une figure ravinée par le mal entamée, hideuse. On songe à cinq jolis visages dont les lèvres seraient soudain ouvertes, tordues, les traits crispés les yeux écrasés sous les enflures de la douleur. On songe à cinq pauvres femmes qui se cacheraient et que sans pitié on irait arracher à leur retraite.

On songe à des nuits de grilling pour tirer de leurs lèvres desséchées des articles sensationnels. Belles et hardies navigatrices de l'île Saint-Paul, l'affreux destin de Louise Brunou ne vous effraye donc pas ?



Pendant huit mois, elle et six hommes sont restés sans secours, abandonnés au milieu des mers. Quatre devaient mourir dans cette angoissante attente d'un navire qui n'arrivait pas. Les autres ne valaient guère mieux le jour où il parut.

On n'a pas beaucoup parlé de cette tragédie. Les administrateurs d'une grande compagnie de pêche ont su faire et imposer le silence à la grande presse d'informations.

Ils étaient six hommes et une femme : le petit Le Herledan, qui avait dix-huit ans, Le Huludut, Le Brunou, avec la Louise, sa femme, François Ramamonri, qui était de Madagascar, deux autres Bretons. On les avait recrutés pour aller à l'île SaintPaul pêcher la langouste et la mettre en conserves.

Ils sont partis. Après des jours et des jours de navigation, ce fut l'île, un ancien cratère démantelé où la mer s'est précipitée. Derrière les tours rocheuses qui formaient le goulet, un bon port naturel au milieu d'un paysage sans arbres, sans verdure. Quand ils eurent construit un petit village, une petite usine, empli de langouste quelques milliers de boîtes de conserves, le bateau qui les avait amenés s'en retourna en France avec la pêche, les laissant là pour garder l'île jusqu'à l'année suivante.

Restés seuls, les six hommes et la Louise, promus gardiens de ce territoire qui n'a pas plus de seize kilomètres de tour se sont aperçus que presque toutes les caisses de vivres étaient détériorées. Il leur restait tout juste du singe, des boîtes d'épinards, un peu de sel et de café. Pas d'huile, pas de vin. pas de farine, pas d'autre eau qu'une source tiède qui coule dans l'île.

Ce qui ne manque pas, ce sont les langoustes. Il y a même des pingouins et l'on a deux fusils et des munitions.

Mais il n'y a pas de travail en attendant la saison de pêche. Au bout de quinze jours, les Robinsons s’ennuient à mort. Pour comble, le Malgache ayant cassé le ressort du phono, il faut faire tourner les disques en les lançant comme une toupie. Cela fait une musique étrange, qui crispe plus encore les nerfs.

Enfin, le 14 juillet est arrivé. Ils ont mis leur belle cravate et la Louise a fait de beaux plis aux pantalons. On a hissé le drapeau. On s'est offert le luxe d'un foie gras qu'on avait gardé exprès. Seulement, cette fête a remué la Louise et le chagrin lui vient « en gros » comme elle dit. C'est qu'elle a eu une petite, dans l'île, et que la petite est morte au bout de deux mois. Ce n'est pas en ne mangeant que de la langouste que la Louise avait pu avoir de bon lait pour la nourrir. Elle pleurait aussi en pensant à une petite fille de dix ans et à un petit garçon qu'elle avait laissés en Bretagne.

Les hommes aussi se tracassent. Ils pensent que, tandis qu'ils sont ici, en Bretagne. leur petite amie danse avec d'autres. Sûrement, elles les ont déjà oubliés.



Ce n'est sûrement pas vrai, mais dans la tristesse, la solitude, l'éloignement, on croit toujours le plus mauvais.

Le chalutier s'en va vers l'aventure des mers. La mer encoure la solitude du bateau, comme elle entoura la solitude des marins qui furent oubliés sur l'lie Saint-Paul.

Ah ! oui, comme 14 Juillet, ça a été réussi.

Et le 15, Puloch demeure immobile dans son lit. Sa bouche est ouverte, sa langue dure comme un morceau de bols.


On n'ose pas prononcer le mot : scorbut.

Béri-béri. On se regarde. On ne se dit rien. On est perdu au milieu des océans.

Le bateau a du retard.

Et pendant des jours, des jours et des jours, Puloch a enflé, des pieds d'abord, puis du ventre. Un matin, on l'a trouvé mort.

Les autres ont pris des planches, et Le Herledan a fait des clous avec des mor-

ceaux de fil de fer. Comme ça, on a pu avoir une sorte de cercueil. On a porté le mort jusqu'à un piton rocheux: la. Roche-Quille où on l'a enterré. On a gravé son nom sur une croix avec une pointe rougie au feu. 

Puis après, ce sont les ouragans qui sont venus. Il fallait lutter toute la journée pour empêcher le vent d'enlever le toit des cabanes. Dans ce bruit de tonnerre, François s'est mis à gonfler. Il est devenu gros, gros. Ça a fait un deuxième enterrement. Plus que cinq oubliés sur l'île.

Quatre pour porter le cercueil, un pour faire le cortège.

— C'est la faute au trop de conserves de bœuf qu'on a mangées, a dit Le Brunou d'un air sombre. Si le bateau n'arrive pas, on va tous crever.

— Il a peut-être fait naufrage qu'il n'arrive pas ? En tout cas, on en enverra un autre, ça ne peut plus tarder, a dit la Louise pour leur remonter le moral.

— A moins que la Compagnie ne nous ait oubliés ? a repris un autre.



C'était ça : là-bas en France, les administrateurs de la Compagnie de pêche avaient oublié que six hommes — plus que quatre, maintenant — et une femme, attendaient sur une île déserte qu'un bateau vienne les sauver.

On s'est décidé à ne plus manger que du poisson. Mais le scorbut est déjà dans leur sang à tous : Le Herledan s'est couché. Puis Brunou s'est étendu. Il tient sa bouche ouverte, et tout d'un coup, il s'est mis à enfler. Et puis c'est la Louise qui se tord sur son lit et qui râle. Tous les autres pleurent comme des enfants.

Mais voilà le Brunou qui se met à rapetisser. Plus la maladie empirait, plus il se ratatinait. Il était temps qu'il meure, il n'en serait plus rien resté, plus rien.

On a fait un tout petit cercueil qu'il a fallu des heures pour traîner jusqu'au cimetière, parce que plus personne n'avait de force. La Louise a voulu accompagner son homme. Elle s'est traînée sur les genoux derrière le cercueil. C'est miracle qu'ils ne sont pas tous devenus fous pendant cet horrible enterrement.

Et les jours ont suivi, les jours dans l'attente de la mort. A quoi bon espérer ?

On ne mangeait plus rien. On n'osait plus.

Enfin, quand ç'allait être la fin, Le Herledan s'est traîné pour trouver quelque chose, coûte que coûte, mais quoi ? Et dans la crique, il a trouvé ces œufs de pingouins. Il y avait des mois qu'on attendait que ces oiseaux reviennent de la banquise où ils étaient allés séjourner.

C'est peut-être les œufs qui ont sauvé les moribonds. Ça faisait de la nourriture fraîche Ils ont repris espoir. La Louise a regagné la cuisine. Mais tous, ils avaient peur que les pingouins ne repartent. Ils ne sont pas repartis, mais le Malgache est mort quand même.

— Il faut pêcher du poisson frais, ça nous guérira peut-être du scorbut, a dit Le Quillivic

Il ne pouvait plus se traîner, mais il a quand même pris hardiment la vedette à moteur. Au large, le moteur s'est bloqué.

De fortes lames ont emporté l'embarcation vers la haute mer. Le Huludut et Le Herledan ont trouvé des forces pour courir vers le rivage. Mais ils n'ont plus rien vu, plus rien. Ils ont attendu toute la nuit, toute la journée du lendemain. Rien : ni barque vide, ni mourant. Le courant était contraire, et il était bien trop faible, Le Quillivic pour revenir à la nage.

Et maintenant,. ils n'étaient plus que trois. Pour combien de jours ? Pour combien d'heures ?

Ils se sont couchés et ils ont attendu la mort. Qu'elle arrive vite, qu'ils soient délivrés de leurs souffrances.

Ce n'est pas elle qui est venue, mais un bateau. Le 6 décembre 1931, le navire tant attendu est enfin arrivé. Au bout de huit mois, la Compagnie de pêche s'était soudain souvenue des oubliés.

Rentrés en France, les survivants ont fait un procès à la Compagnie. Vous pensez bien qu'ils l'ont perdu. On les a condamnés pour leur apprendre qu'une puissante compagnie de pêche a toujours raison. même lorsqu'elle vous oublie et vous laisse crever dans une île déserte.


Cette fois-ci, le voilier qui vient de Saint-Malo ne trouvera aucun vivant dans l'île Saint-Paul. Mais rien ne dit qu'au gai claquement de ses voiles, les morts ne sortiront pas de leur tombe pour montrer aux vivants leurs corps ravagés par le scorbut et les détourner de leur projet de venir vivre dans l'île maudite.

Les gens du « René-Moreux » disent qu'ils n'ont pas peur des fantômes. Espérons que la chance leur sourira. Mais que leurs cinq jolies femmes emportent de France quelques fleurs qu'elles iront déposer au cimetière de la Roche-Quille sur la tombe des tragiques Bretons et de François Ramamonri. le Malgache au grand cœur qui, avant de mourir, eut tout juste la force de faire tourner avec son doigt la « Valse Brune » sur le phono qu'il avait, détraqué.

(écrit d'après les confidences de Le Herledan.)

sources 

http://f4czv-richard.blogspot.com/2017/11/une-belle-histoire-de-marins-et-de.html

https://www.clicanoo.re/node/381585

Regards BnF Gallica

https://www.clicanoo.re/node/381585


Le René Moreux

L'Ouest Eclair  1er janvier 1938



Autour de l'Armement Le chalutier « René-Moreux » vendu pour Madagascar
Nous avons publié voici quelques jours une liste de voiliers qui ne doivent pas réarmer pour la compagne 1933.
Une nouvelle unité vient de s'ajouter à ces navires, le chalutier Renè-Moreux, revenu tout récemment des lieux de pêche.

Nous apprenons en effet que le René-Moreux vient d'être vendu pour Madagascar.
Les acquéreurs de ce chalutier l'armeront pour la pêche aux lles Kerguélen.

Le René-Moreux quittera Saint-Malo pour sa nouvelle destination après le déchargement de sa cargaison de morue.
Il n'est pas impossible, nous dit-on, que ce chalutier d'un tonnage relativement faible soit remplacé par une autre unité.

L'Ouest Eclair 18 avril 1938



L'Ouest Eclair 23 décembre 1938


« Aucun besoin urgent » a télégraphié de l'lle Saint Paul le vapeur «Ile-Bourbon», ex «René-Moreux» Le charbon ne manque pas et il y a assez de vivres pour trois mois. Seul, le récepteur de la radio est détérioré
Paris, 22 décembre. En réponse uu message qui lui était adressé mardi dernier par M. Georges Mandel, le gouverneur général de Madagascar a envoyé le câble suivant au ministre des Colonies

« Je reçois les télégrammes suivants envoyés de l'lle Saint-Paul par de Boer. Le premier dit  De Boer, à bord de L'Île-Bourbon, ex-René-Moreux, à l'ile Saint-Paul, remercie le gouverneur général pour les facilités apportées dans la transmission de nos télégrammes par radio de Tananarive. Vous signale que toutes les installations de terrassement ont été détruites. Nous faisons le nécessaire pour la remise en valeur de l'ile Saint-Paul. Notre récepteur ayant été brûlé, je vous demande en attendant l'arrivée par le Bougainville d'un nouveau poste que nous avons commandé, que nos télégrammes continuent à nous être transmis par la radio de Tananarive ».

Le deuxième télégramme est le suivant Le service des P.T.T. nous demande des renseignements sur la situation du vapeur Ile-Bourbon 
1° Le navire est ancré en rade de l'ile SaintPaul et fait normalement sa campagne de pêche. Il est en parfait état 
2° La quantité de charbon nécessaire pour le retour à Madagascar est de 200 tonnes. Nous avons actuellement 140 tonnes nous permettant d'attendre les 200 tonnes commandées pendant 45 jours. Nous comptons recevoir ce charbon courant janvier. Nous avons des vivres pour encore trois mois 
3° L'état moral et sanitaire du personnel est parfait. Tout irait bien à bord si nous pouvions recevoir des communications interrompues à cause du récepteur détérioré. Nous avons télégraphié aujourd'hui pour demander un nouveau récepteur que pourra nous apporter le Bougainville 4° Aucun besoin urgent. m








LE NOUVEAU DRAME DE L'ILE SAINT-PAUL

QUEL EST LE SORT de équipage du chalutier Ile-Bourbon ex-" René-Moreux ? LE NAVIRE AVAIT RENOUVELÉ SON PERSONNEL A LA RÉUNION ET AUCUN HOMME NE RESTERAIT A BORD DE CEUX QUI S'EMBARQUÈRENT A SAiNT-MALO AU PRINTEMPS DERNIER

Le ministre des Colonies a donné l'ordre de secourir le chalutier

Le René-Moreux » en pleine mer

L'Ouest-Eclair annonçait hier dans ses dernières éditions que d'après un message reçu par un poste privé de l'Etat de Washington, le chalutier lieBourbon, ex-Rene-Moreux, se trouvait en détresse à mi-chemin entre Madagascar et l'Australie, exactement dans les parages de l'ile Saint-Paul qui. on ne l'a pas oublié, fut le théâtre d'un drame pénible dont la Cour d'appel de Rennes eut à connaître il y a quelques années.

Ce message, émanant du René-Moreux lui-même, précisait que, par suite du mauvais temps. le navire avait épuisé toutes ses réserves de charbon et que d'autre part il ne pouvait s'en procurer dans l'Ile.

Sera-t-il dit que ces Iles de l'Océan Indien Kerguélen, Saint-Paul et Amsterdam, réserveront toujours de mauvaises aventures à ceux qui fréquentent leurs mers désolées ? Toutes les expéditions qui ont jusqu'ici dirigé leurs efforts vers l'exploitation de ces terres perdues et des richesses que contiennent leurs eaux n'ont eu la plupart du temps qu'à le regretter. A son tour, voici compromise la mission du René-Moreux qui avait Clé préparée à Saint-Malo, le printemps dernier. Espérons néanmoins que dès maintenant tout est mis en œuvre pour porter secours à l'équipage du chalutier équipage exclusivement composé, croit-on, de Malgaches et le ravitailler en charbon.

Voici d'ailleurs les dépêches qui nous sont parvenues hier à ce sujet Ce qu'on déclare au ministère des Colonies

Paris, 20 décembre. Au ministère des Colonies on déclare qu'on a envoyé un câblogramme au gouverneur de Madagascar au sujet du chalutier Ile-Bourbon, ex-René-Moreux, en détresse à l'ile Saint-Paul. Nous étions au courant des projets de Vile-Bourbon ajoute-t-on. C'est en effet au ministère des Colonies que nous avons donné la concession de pèche à la langouste dans l'ile Saint-Paul. Nous demandons à Madagascar de se mettre en communication par radio avec le chalutier et c'est le gouverneur de l'ile qui prendra

toutes les mesures qui seront nécessaires pour leur porter secours.

Les caractéristiquesndu René-Moreux »

Le René-Moreux, ex-Le-Moflon et rebaptisé Ile-Bourbon cette année, a une jauge brute totale de 612 tonneaux, H mesure 52 m. 27 de longueur et 8 m. 70 de largeur, pour un creux de 3 m. 60. Il avait été construit en 1921. Son effectif normal était de 42 hommes. Il appartenait au temps où il pratiquait la pèche à la morue, à M. Jean Lemétais, de Bordeaux, mais il était armé à Saint-Malo. Acquis au début de cette année par MM. Eautelle et Compagnie, pour le compte de la Société Réunionnaise des Pêcheries de SaintPaul et Amsterdam, dont le siège est à Saint>Denis-de-la-Réunion, le RenéMoreua était affecté depuis quelques mois à la pèche de la langouste dans les eaux de ces Iles.

Quel est le sort du chalutier « René-Moreux » à l'île Saint-Paul ?_
Quelques détails sur les préparatifs de l'expédition des pêcheurs de langouste

Saint-Malo, le 20 décembre (de notre rédaction). L'Ouest-Eclair publiait hier matin le message d'appel au secours du chalutier Ile-Bourbon, ex René-Moreux.

C'est de notre port que le navire était parti, le 25 mai dernier, pour son long et pénible périple. L'équipage d'alors avait été recruté dans notre région. Aujourd'hui tous nos concitoyens sont rentrés. à l'exception d'un élève du cours d'hydrographie de St-Malo.

Les péripéties multiples du départ, quelques lettres ou cartes, une enfant de quelques mois, c'est tout ce qui reste chez nous. à titre de souvenir, du René-Moreux.

Cependant, un de nos compatriote, 1'expédition. et qui connaît fort bien l'île Saint-Paul, a pu nous donner son avis sur la situation du navire. il s'agit du capitaine Bourge. le même qui. à bord de L'Auttral rapatria, en 1931 les membres de l'expédition d'alors. Le capitaine Bourge avait été lui-même sollicité de partir avec le groupe De Boer. Jusqu'au dernier moment il se récusa.

M. Bourge, qui n'ignore aucune des difficultés du René-Moreux sur le chemin de Saint-Malo à La Réunion, nous a précisé que le navire consomma beaucoup plus de charbon qu'on ne l'escomptait tout d'abord.

D'après lui le René-Moreux venait d'arriver à l'île Saint-Paul après avoir recruté un nouvel équipage et des indigènes pour le travail de la langouste. Il doit donc avoir, dit-il, d'importantes provisions, tant pour l'équipage. qui devait se livrer à la pêche, que pour la petite colonie qui devait séjourner à terre de longs mois avant de retourner à La Réunion.

Etant donné que l'appel du René-Moreux a été capté. il pense qu'il faudra une huitaine de jours pour l'approvisionner de combustible par le grand port charbonnier de Durban.

Tout au long des préparatifs de départ de notre port du René-Moreux, le capitaine Bourge nous avait assuré à plusieurs reprises que la langouste abondait autour de l'ile Saint-Paul et Nouvelle-Amsterdam et que la pêche et l'exploitation de l'entreprise était possible. Pour des raisons qu'on comprendra aisément, il ne lui appartenait pas de décourager les membres de l'expédition De Boer qui partaient avec enthousiasme, encore qu'il n'eût pas été sans remarquer les défauts multiples de leur organisation. Il nous l'a répété ce soir avec plus de liberté.

Un jeune ingénieur turc et sa jeune femme s'étalent inscrits avec empressement. On les a vus, des mois durant, dans un grand hôtel de notre ville. C'est là qu'une fillette leur était née. Le bébé, qui devait être du voyage on était parti le chercher pour le déposer à bord lorsqu'on s'aperçut que l'hélice ne tournait plus, au matin de Pâques dernier est finalement resté en nourrice à Paramé dans les environs de la montage Saint-Joseph. Un autre ménage s'était embarqué avec joie, celui d'un mécanicien bricoleur. Enfin, on avait engagé un jeune médecin de chez nous lequel s'était marié quelques semaines avant la date primitivement fixée pour le départ. Celui-ci a debarqué à Madagascar avec quelque amertume. Le radio-télégraphiste en avait fait autant à Djibouti

C'est que le voyage aller fut émaillé d incidents et de difficultés.

Après les alternatives de départ et d'immobilisation. le« René-Moreux » était allé chercher du fret de ciment à Boulogne dans l'espoir de récupérer un peu. Il avait gagné Alger à petites journées et puis avait pris sa route. Mais. dans chaque port, ce furent des arrêts plus ou moins longs. On n'avait plus de charbon. on n'avait plus de vivres, on n'avait plus d'argent.

Que va devenir l'expédition du René-Moreux Un avenir prochain nous l'apprendra peut-être On peut espérer que le navire va être ravitaillé en charbon et que la pêche commencera ou continuera. Cependant, les femmes qui faisaient partie de l'expédition ont dû rester à l'île de La Réunion. Dans ces conditions, le groupe De Boer s'intallera-t-il comme prévu ? Aura-t-il l'enthousiasme nécessaire pour remettre en état les cabanes abandonnées depuis 1931 et le poste à ondes courtes qui permettait d'atteindre les Saintes-Maries-de-la-Mer ?





Les difficultés de navigation de « l'Île-Bourbon

AMSTERDAM. 21 janvier. Le vapeur Ile-Bourbon (ex-René -Moreux), fuyant le gros temps, a quitté l'Ile StPaul pour chercher abri à l'île Amsterdam. Mais le navire, sur le point de manquer de combustible, envisage l'abordage ou l'échouage. L'aviso Bougainville, en voyage dans ces régions, pourra, se porter à son secours.



Créée en 1947, la SAPMER est une société de pêche réunionnaise dont le siège social est basé au Port à La Réunion. Ses pêcheries sont situées dans l’Océan Indien et les Terres Australes Antarctiques Françaises. Une aventure humaine et technologique qui s’est construite autour de la passion de quelques aventuriers partis pêcher la langouste australe conquise dans les mers australes malgré des conditions de navigation extrême. Aujourd’hui, la SAPMER compte 14 navires de pêche en activité (4 palangriers, 1 caseyeur, 9 thoniers), et emploie près de 1000 personnes à terre et en mer. Ses produits sont vendus dans 30 pays sur 5 continents. La SAPMER fait partie des 6 armements réunionnais certifiés MSC pêche durable pour sa pêcherie de légine australe dans les îles Kerguelen et Crozet.

Sources :
BnF Gallica
L'Ouest-Eclair 1938 - 1939

17 janvier 2021

Commandant Victor Bory aviso escorteur Siam Sémiramis Shimonoseki

Commandant  Victor Bory 






Né à Angers le 26 février 1843, il entra à l'École navale en octobre 1860. Aspirant en août 1862, il fit campagne en Extrême-Orient sur la Sémiramis et le Mirage et participa en 1863 au débarquement de Simonosaki au Japon et aux opérations de Chine. 

 


Le 4 juillet à 3h. du matin, un courrier de l’Amiral Jaurès réclamait notre présence au Japon ; à 4 heures du soir nous nous sommes embarqués sur le Monge et dans la nuit nous mîmes le cap sur Yokohama, ville située à 6 heures de Yédo. Après une traversée très belle nous arrivâmes ici le 10 juillet ; il était temps le choléra était à notre bord et il commençait à faire de grands ravages ; nous étions à peine installés qu’une fâcheuse nouvelle pour la France est venue troubler notre paisible existence ; le Kienchan petit aviso à vapeur était parti de Yokohama le 2 juillet pour se rendre à Shanghaï en passant par la mer intérieure, à son passage devant Simonosaki il fut attaqué à l’improviste par une batterie rasante et quelques bricks japonais ; de sorte qu’il a reçu six boulets dans sa coque. Cette nouvelle nous est parvenue le 15 par un courrier anglais, le 16 à 3h. du matin nous nous sommes mis en route pour venger cette insulte faite au pavillon de la France, la Sémiramis, le Tancrède et 72 hommes du Bon d’Afrique (ma compagnie entière).



 

En nous rendant sur les lieux nous rencontrâmes la corvette hollandaise et la corvette américaine de 24 canons chacun, elles étaient criblées de boulets, elles avaient été battues tour à tour, elles ont eu 10 hommes tués et une vingtaine de blessés. Le 20, nous sommes arrivés à 5h. du matin devant la batterie, à 6h. nous avons commencé le feu. Placés à une trop grande distance pour que les projectiles ennemis puissent nous atteindre, ils préférèrent ne point répondre. A 11h. le Tancrède voulant étudier la batterie de plus près, il reçut deux bordées qui partirent en plein et lui coupèrent deux mats, il reprit immédiatement sa distance et le bombardement redoubla, il était très difficile de démolir les pièces, car placées sur un plateau élevé de 3 m au dessus de l’eau et presque entièrement masquées par les arbustes qui les entouraient, il fallait frapper en plein dans les pièces pour les démolir, si les pièces avaient été montées sur un parapet, il aurait suffit de quelques boulets dans le talus pour faire sauter les pièces en l’air.



Le traité de Shimonoseki, aussi connu sous le nom de traité de Maguan en Chine, a été signé à Shimonoseki le 17 avril 1895 entre l'Empire du Japon et la Dynastie Quinq, mettant fin à la guerre sino-japonaise de 1894-1895. Il fait partie des traités inégaux imposés par des pays étrangers et négociés pour la Chine par Li Hongzhang sous l'empereur Guiangxu (le Japon avait, lui aussi, été contraint d'accepter des traités inégaux, ce qui avait entraîné la chute du shogunat Tokugawa et la restauration de l'empereur, c'est-à-dire le début de l'ère Meiji).

La Chine dut céder au Japon, Taiwan et ses îles environnantes, les Pescadores, la presqu'île du Liaodong (anciennement Liao-Toung) avec Port-Arthur, et reconnaître l'indépendance de la Corée, placée ensuite sous protectorat japonais, souscrire une indemnité de guerre de 740 millions de yuans et ouvrir 7 ports aux commerçants japonais. Désormais, les japonais, ainsi que les pays qui ont obtenu la clause de la nation la plus favorisée peuvent ouvrir des usines dans les ports concernés par le traité.
Le traité fut révisé le 23 avril 1895, par la triple intervention de la Russie, de l'Allemagne et de la France


Brick Beaumanoir

Sur le Dupleix en 1866, enseigne de vaisseau en août, il passa sur le Beaumanoir à la station d'Islande. Officier de manoeuvre sur le Corse à Cherbourg en 1869, élève de l'école de tir de Châlons, il servit en 1870 à la division des marins détachés à Paris lors du siège et fut promu lieutenant de vaisseau en juin 1871.





Commandant en 1872 la compagnie de débarquement de la Belliqueuse à la division des mers de Chine, il passa en 1876 sur le cuirassé la Gauloise à Brest. Officier instructeur sur le vaisseau-école la Bretagne en 1878, sur l'Oise à Toulon en 1879, à l'école des défenses sous-marines à Rochefort l'année suivante, il servit comme officier torpilleur sur les cuirassés la Surveillante et l'Océan (1882-1883) puis commanda une compagnie à la division des équipages à Brest.
Directeur des mouvements du port de Nantes en 1884, il travailla à la révision des règlements du pilotage dans la Loire. 


Officier canonnier sur le cuirassé Amiral Baudin en 1888, il fut promu capitaine de frégate en juin, commanda le bataillon de fusiliers à Lorient et passa ensuite comme second sur le garde-côtes Tonnerre. Commandant le bataillon d'apprentis-fusiliers à Lorient (1889-1891) 


Aviso l'Inconstant


il reçut l'année suivante le commandement de l'aviso Inconstant à la division d'Extrême-Orient. A la suite des difficultés survenues avec le gouvernement du Siam, l'Inconstant et la Comète, commandée par Dartige du Fournet, forcèrent le 12 juillet 1893 les passes de la Meinam défendues par deux forts, sept navires de guerre et un barrage de mines. Le tir précis des deux bâtiments français brisa tous les obstacles et ils vinrent mouiller devant Bangkok. Cette énergique démonstration, au cours de laquelle Bory fit la preuve de son audace et de son habileté, provoqua la signature du traité du 3 mars 1894. Capitaine de vaisseau en septembre suivant, il reçut le commandement du cuirassé Amiral Tréhouart en armement à Lorient. La maladie l'obligea à quitter le service en juin 1899 et il mourut à La Motte (Loire-Atlantique) le 13 janvier 1901.



sources 


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