24 mars 2017

Le Grand Anacréon 1830 Bayonne Bordeaux naufrage sauvetage

Le Grand Anacréon 1830 Bayonne Bordeaux



Bonjour à tous,

En feuilletant une revue Sauvetage de 1998, j’ai découvert un récit de l’amiral DAMBIER concernant la fin d’un paquebot de 283 tonneaux qui fait le service Bordeaux Vera-Cruz en décembre 1830 : le Grand Anacréon. Il est commandé par Martin Jorly qui fut corsaire dans sa jeunesse. Il fait un compte rendu du drame au lendemain du naufrage.

A la semaine prochaine

Donec



« L’an mille huit cent trente et le huit décembre à huit heures du soir par devant nous Philippe BAUDOIN adjoint au maire de la commune de Vendays, canton de Lesparre, délégué par celui-ci pour remplir les fonctions. Attendu son absence, c’est présenté le Sieur Martin JORLIS capitaine commandant le navire trois mats Grand Anacréon […] Il nous relate les faits suivants :


Le Grand Anacréon appareille le cinq courant à deux heures et demie de la relevée, de la rivière de Bordeaux avec le vent de la partie sud, fraiche brise, faisant route le cap à l’Ouest ; A huit heures parvenu à la distance d’à peu près vingt lieues de la tour de Cordouan les vents sautèrent à l’Ouest ventant tourmente ; nous fumes obligés de serrer toutes les voiles à l’exception de la misaine et du grand hunier deux ris pris, cinglant bâbord amure. A dix heures, les vents redoublant par grainasse, contraints de serrer la misaine, craignant d’accoster le danger de Rochebonne, nous fumes forcés de prendre les amures à tribord et de tenir la cape sur le grand hunier deux ris pris et le petit foc. A sept heures du matin, le six, faisant route près de terre et le temps continuant toujours, ils ont changés les amures à bâbord et amurés la misaine gouvernant au plus près du vent pour essayer de s’élever de la côte. A dix lieues, ils ont bordé le petit hunier tous les ris pris ; le bâtiment fatiguait extraordinairement, chaque coup de mer le couvrait. Il faisait beaucoup d’eau, 18 à 80 pouces par heure ; on pompait d’heure en heure ; Le temps était très couvert et sans vue ; nous ne pûmes nous décider à nous approcher plus près de la terre (pour cette dernière détermination le conseil avait été réuni). Il existait déjà des avaries au beaupré : les haubans, les barbejeans, les poulaines avaient été coupés brisés et enlevés par la mer. 



La journée et la nuit du six au sept se sont écoulées en courant tantôt sur un bord, tantôt sur l’autre ; serrant et bordant le petit hunier tous les ris pris selon la force du vent. A huit heures du matin du sept, le conseil de nouveau réuni, on prit la détermination de chercher les Pertuis ou la rivière de Bordeaux, mais le temps toujours couvert et sans vue empêcha de prendre hauteur. A quatre heures de la relevée se trouvant sur les brisant des Dangers de Cordouan, nous avons jugé être les Anes. Nous avons reçu trois coups de mer qui nous ont capelés par le travers. Le moment a été considéré comme la dernière heure de l’équipage. Après avoir doublé ce mauvais pas, on borda le petit hunier, tendant toujours les amures à bâbord. Le temps se couvrait de plus en plus et offrait un horizon très près du navire. La mer déferlait constamment à bord. L’équipage était harassé de fatigue et sans cesse mouillé. A huit heures nous nous aperçûmes que nous recevions par le travers de coup de mer du haut fond de la Côte d’Arcachon. Le conseil s’assembla alors pour la troisième fois et après avoir fait le résumé général du voyage on a reconnu qu’on se trouvait à la distance de sept milles de la côte. Désespérant de vaincre les obstacles qui s’opposaient à ce qu’on gagna le large, jaloux de conserver l’existence de l’équipage et des passagers on dut faire un choix de la côte sur laquelle le danger serait le moindre pour s’échouer. 



Une côte plate aurait laissé le navire à une distance trop considérable de la terre pour qu’on put espérer de sauver tout le monde. Une côte rapide présentait plus de chances de salut par la raison que près de terre il y avait plus d’eau : le navire calant onze pieds passés ce dernier moyen fut employé. La situation du navire était alors celle-ci : il était en face de Carcans, selon les calculs pris à peu près à cinq ou six lieues des Olivers dans le sud, on jugea qu’en laissant arriver la côte serait favorable. On calcula la marée ; on crut convenable d’arriver à terre au moment où il y aurait une heure et demie de jusan ; la pleine mer était à neuf heures. Cette heure était déjà proche car depuis le moment où le conseil était rassemblé jusqu’à celui de sa détermination, il s’était écoulé trois quarts d’heure. On se prépara ; on allégea le navire en défonçant les pièces à eau qui se trouvaient sur le pont et en débarrassant tout ce qui pouvait engager. On tint cette même situation du navire, ayant toujours le même temps jusqu’à dix heures et un quart, c’est l’instant qu’on choisit. On laissa arriver plat vent arrière en présentant le cap à terre et tout le monde se prépara. Le navire a bientôt échoué. Le ciel a voulu que les calculs du conseil se soient réalisés. Il était bien près de la terre sur une côte assez rapide. Aussitôt le maître d’équipage a été envoyé une ligne de loc à laquelle on avait attaché une cage à poules. Il s’est précipité à la mer, il a gagné la terre et le reste de l’équipage l’a bientôt suivit. La ligne de loc ainsi établie en un va et vient a servi à sauver les passagers ; le plus grand ordre a heureusement régné et à une heure et demie du matin tout le monde était à terre. Le capitaine n’a quitté son navire qu’au dernier moment. Il est à remarquer qu’un passager, Mr Dalwig resta à bord ne pouvant se décider à braver les dangers que présentait la côte. On parvint cependant à l’y décider et on le sauva vers les trois heures de la relevée. Le même jour à huit heures du matin un préposé des douanes à cheval se présenta sur la côte. Le capitaine le pria de prévenir les autorités locales de l’évènement arrivé… 

le Martin Jorlis SNSM Bayonne  photo Michel Floch

Le 8 décembre 1830 en fin d’après midi Martin JORLY va parcourir les huit kilomètres qui séparent la côte du village de Vanday. Dans le vent et la pluie de la tempête à laquelle il venait d’échapper probablement exténué par les trois derniers jours de mer. Il va mettre trois heures pour parvenir à destination.

A huit heures du soir il relate avec précision la dernière navigation du Grand Anacréon et l’ensemble des manœuvres qu’il a fait approuver par le conseil puis qu’il a conduites pour tenter d’abord d’échapper, au mauvais temps, pour essayer ensuite de rallier un havre abrité, enfin pour échouer son navire afin de sauver les vies humaines qu’il avait en charge.

Le 9 décembre à 9 heures du soir, il décède sans doute de désarroi moral et d’épuisement physique après avoir sauvé de la mort ses dix sept passagers et son équipage. Il avait 55 ans ».


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23 mars 2017

capitaine de vaisseau Aristide Aubert Du Petit-Thouars une blague potaches Saumur

Aristide Aubert Du Petit-Thouars ou la Marine à Cheval

Quelle valeur accordons-nous à une enveloppe ou à une carte postale? Comment jugeons-nous qu'une carte doit être achetée ou méprisée? 

Voici l'étrange histoire advenue au capitaine de vaisseau Dupetit Thouars décédé à la bataille d'Aboukir.


Né dans la région de Saumur, à l'âge de neuf ans, il est envoyé au collège militaire de La Flèche où il rencontre Louis-François-Bertrand du Pont d'Aubevoye de Lauberdière, élève comme lui, futur aide de camp du Général de Rochambeau, et qui deviendra son ami.
La lecture de Robinson Crusoé - paru en 1719 - éveille en lui le goût des courses maritimes. Il compose un roman, dont il est le héros, et, pour le réaliser, s'échappe avec un de ses camarades, afin de s'embarquer à Nantes comme mousse. Repris tous les deux et menacés d'une peine sévère, Dolomieu, en garnison à La Flèche, séduit par le caractère d'Aristide, obtient sa grâce.
Aristide Aubert du Petit-Thouars a quatorze ans quand il fait la connaissance du navigateur Yves Joseph de Kerguelen de Trémarec, que son père est chargé de garder prisonnier au château de Saumur, à la suite de sa disgrâce
La guerre avec l’Angleterre lui fournit en 1778 la possibilité d'obtenir du Ministère la permission d’aller à Rochefort où, à la suite d’un examen qu’il réussit avec distinction, il est reçu garde de la Marine en février de la même année. Il se trouve dès le 27 juillet sur Le Fendant, vaisseau de 74 canons, au combat d'Ouessant. L'année suivante, il prend part à la prise de Fort Louis du Sénégal, au combat de la Grenade et à d’autres affaires toujours sur le vaisseau Le Fendant, commandé par le marquis de Vaudreuil. De 1780 à 1782, il sert sous les ordres du comte de Guichen aux Antilles où il participe aux combats contre les escadres britanniques de George Brydges Rodney. Il participa, en 1780, aux trois combats de Guichen contre Rodney et, en 1782, sur le vaisseau de 80 canons, La Couronne, à la bataille des Saintes. Une fois la paix signée, le commandement du Tarleton.
Pendant la paix, Aristide du Petit Thouars est employé à des croisières durant lesquelles il ne néglige aucune occasion de perfectionner ses connaissances. Dans ce dessein, il fait deux voyages en Angleterre. Il effectue des travaux hydrographiques dans l’archipel grec et en mer de Marmara. Il étudie en autodidacte les mathématiques et, le 1er janvier 1792, il est promu lieutenant de vaisseau.
La guerre avec l’Angleterre lui fournit en 1778 la possibilité d'obtenir du Ministère la permission d’aller à Rochefort où, à la suite d’un examen qu’il réussit avec distinction, il est reçu garde de la Marine en février de la même année. Il se trouve dès le 27 juillet sur Le Fendant, vaisseau de 74 canons, au combat d'Ouessant. L'année suivante, il prend part à la prise de Fort Louis du Sénégal, au combat de la Grenade et à d’autres affaires toujours sur le vaisseau Le Fendant, commandé par le marquis de Vaudreuil. De 1780 à 1782, il sert sous les ordres du comte de Guichen aux Antilles où il participe aux combats contre les escadres britanniques de George Brydges Rodney. Il participa, en 1780, aux trois combats de Guichen contre Rodney et, en 1782, sur le vaisseau de 80 canons, La Couronne, à la bataille des Saintes. Une fois la paix signée, le commandement du Tarleton.
Pendant la paix, Aristide du Petit Thouars est employé à des croisières durant lesquelles il ne néglige aucune occasion de perfectionner ses connaissances. Dans ce dessein, il fait deux voyages en Angleterre. Il effectue des travaux hydrographiques dans l’archipel grec et en mer de Marmara. Il étudie en autodidacte les mathématiques et, le 1er janvier 1792, il est promu lieutenant de vaisseau. 

Il fait partie de l'expédition d'Égypte, lors de la bataille d'Aboukir, en qualité de commandant du Tonnant. Il force le HMS Bellerophon à amener son pavillon, et se dégage du HMS Majestic.
Ces combats, d'une violence extrême, lui emportent successivement un bras, puis les deux jambes. Refusant d'abandonner son commandement, il se fait placer dans un baquet de son qui se trouvait sur le pont, et assume son commandement jusqu'à ce que les hémorragies aient raison de lui. Son dernier ordre est, dira-t-on, de clouer au mât le pavillon tricolore pour qu'il ne puisse être amené. Charles Mullié affirme que, tant que ses forces le lui permirent, il continua de donner des ordres, et il cria en expirant :
« Équipage du Tonnant, n'amenez jamais votre pavillon ! »

Voila donc l'étrange histoire de cette carte photo.

Elle représente le socle d'un édifice portant un cheval de bois et un mannequin de paille ou de chiffons ayant perdu bras et jambes selon le site Saumur Jadis

Dans les années 1900, il est décidé à Saumur d'élever un monument à Aristide Aubert du Petit Thouars. Un comité local est créé  animé par le docteur Frédéric Bontemps qui commande une statue à Albert Jouanneault, un jeune sculpteur saumurois, élève d’Antonin Injalbert.



"L’entreprise Ruèche travaille à poser les soubassements du monument en décembre 1915 ; le Conseil municipal, sachant que le comité est sans le sou, déclare alors qu’il ne paiera pas les travaux. Le docteur Bontemps décède en 1916, laissant un comité lourdement endetté. Il faudrait ajouter 1 000 francs pour l’entreprise Ruèche et 9 000 francs pour Albert Jouanneault."


Le socle est posé et tout au long des années 1920, ll demeure désespérément vide, tel qu’on peut le voir sur les cartes postales. Tout le monde s’en désole, le Conseil municipal en 1919, la Société des Lettres, Sciences et Arts en 1924 et en 1926. Cette situation excite aussi la verve des officiers-élèves de l’École de cavalerie, qui, sur ce dessin de 1919, hissent un cheval et un cavalier mannequins à la place de l’amiral. 
Il en existe une photo intitulée » L’écuyer Pluvinel sur Furibard « .



Un nouveau comité est animé par le baron de Luze, président du Syndicat d’initiative. Il tente en vain d’obtenir des fonds du Comité du Centenaire de l’Algérie. Grâce à des concours multiples et à l’aide de la municipalité, le monument est enfin inauguré le 3 juillet 1933 par Georges Leygues, le ministre de la Marine.

Sur la carte dessinée des éditions Blanchaud installées à Saumur, on aperçoit à gauche du socle un homme portant un mannequin manchot et cul-de-jatte , c'est Dupetit-Thouars..


Le Dupetit-Thouars est un croiseur cuirassé de classe Gueydon construit en 1901 pour la marine française. Il participe notamment à la Première Guerre mondiale et est coulé le 7 août 1918 par un sous-marin allemand.

Si cette plaisanterie des officiers élève de l’École de cavalerie date de 1919, il est probable que la carte photos date de cette époque voire de cette année 1919 car je n’imagine pas ce cheval et son écuyer rester bien longtemps en équilibre sur son socle.



Cinquième d'une serie de 18 escorteurs d'escadre, le Dupetit-Thouars a été conçu comme escorteur antiaérien et anti-sous-marin. Mis sur cale à Brest en mars 1951, il fut lancé en février 1954 et mis en service en septembre 1956.


Sept bâtiments de la Marine nationale ont porté le nom de Dupetit-Thouars, un sous-marin de la nouvelle génération devra vers 2023 porté ce nom.

Un SNLE porte le nom de TONNANT.
Un sous-marin type Armide, mis sur cale en 1917 à Châlon-sur-Saône, lancé en juin 1920. Construit pour Marine roumaine, il fut utilisé par Marine française après la guerre et fut désarmé le 9 novembre 1928.

22 mars 2017

Georges Leygues Ministre de la Marine Villeneuve sur Lot

Georges Leygues 

Ministre de la Marine




Georges Leygues est né à Villeneuve-sur-Lot, dans la maison de famille qui appartient toujours à sa descendance. Son grand-père était violoneux de village, c'est dire qu'il préparait les mariés et les accompagnait en musique à l'église. Son père était poète, il en hérita le goût des lettres. « Fils de la plaine lumineuse et fertile qui déroule, aux confins du Bas-Quercy et de l'Agenais, une prodigieuse variété de cultures et de ressources, où l'amour de la liberté s'inscrit dans le nom même de ses villes à chartes : Villeneuve, Villefranche, Bastide, Sauvetat », Georges Leygues grandit dans une famille de petite bourgeoisie républicaine et patriote.


Question écrite n° 20617 de M. Serge Vinçon (Cher - UMP)publiée dans le JO Sénat du 01/12/2005 - page 3079M. 

Serge Vinçon rappelle à M. le ministre délégué à l'industrie qu'en 2007 sera fêté le cent cinquantième anniversaire de la naissance de Georges Leygues. Cette grande figure de la IIIe République fut parlementaire, dix-neuf fois ministre et même président du Conseil. Il fut en particulier le rénovateur de notre marine de guerre après le premier conflit mondial, comme ministre de la marine de 1917 à 1920, puis, surtout, de 1925 à 1930 et à nouveau en 1932-1933. C'est pourquoi il lui demande s'il ne serait pas possible de prévoir, dans la programme philatélique de 2007, un timbre à l'effigie de ce grand homme politique, timbre qui serait dans le même temps un hommage à notre marine et aux hommes qui la servent.





Réponse du Ministère délégué à l'industrie publiée dans le JO Sénat du 30/03/2006 - page 933
Cette proposition a fait l'objet d'un examen attentif par la commission des programmes philatéliques lors de la préparation, au mois de décembre 2005, du programme des émissions à réaliser en 2007. Il n'a malheureusement pas été possible, en raison du nombre considérable de demandes en instance et de la nécessaire limitation du programme philatélique, de réserver une suite favorable à ce dossier. Les organisateurs des manifestations prévues ont cependant la possibilité de demander l'ouverture d'un bureau de poste temporaire comportant un timbre à date illustré, destiné à mettre en valeur ce sesquicentenaire. Dans ce cas, il leur appartient d'en faire la demande, au moins quatre mois avant la date des manifestations envisagées, auprès des services de la direction de La Poste de Paris sud, 140, boulevard du Montparnasse, 75677 Paris Cedex 14.




Il fut élève au collège de Villeneuve-sur-Lot, étudiant à la Faculté de droit de Toulouse et, après sa licence, inscrit au barreau de Villeneuve-sur-Lot. En 1882 (il avait 25 ans), il entrait dans l'arrière-boutique de l'éditeur Lemerre, où il rencontrait les habitués de la maison : Leconte de Lisle, Théodore de Banville, François Coppée, Alphonse Daudet, Sully Prud'homme, Anatole France, José-Maria de Hérédia. Il apportait un volume de vers Le coffret brisé. Il avait écrit également La lyre d'airain et l'Académie française allait couronner ses premiers livres.




Mais il avait déjà des ambitions autres que littéraires. A Villeneuve-sur-Lot, il était un membre actif de la Ligue des patriotes et il avait fondé le journal républicain L'avenir du Lot-et-Garonne. Adjoint au maire de Villeneuve-sur-Lot, il lui succéda à 25 ans.






En 1885, il était désigné comme candidat à la députation et, le 18 octobre, élu au second tour avec 44.084 voix sur 86.457 votants, sur la liste d'Armand Fallières dont il était l'ami fidèle. Il fut le premier représentant républicain de Villeneuve-sur-Lot, ayant succédé au bonapartiste Sarrette qui avait été député pendant 19 ans. Pendant près d'un demi-siècle, Georges Leygues resta sans interruption le député de la circonscription de Villeneuve-sur-Lot, mais fut réélu avec des fortunes diverses.




En 1889, il l'emporte par 12.389 voix sur 24.438 votants contre 11.897 à Sarrette ; en 1893, par 12.174 voix sur 22.193 votants, contre deux adversaires. Mis en ballottage en 1898, il fut réélu avec 9.098 voix sur 22.624 votants contre 7.755 au conservateur Bruyère qui cherchera vainement à le supplanter en 1902 et 1906.



Mis en échec au premier tour en 1902, Leygues passe au second avec 12.152 voix sur 22.567 votants ; en 1906, Bruyère qui a obtenu 9.650 voix sur 22.620 votants, doit s'incliner devant le ministre des Colonies qui recueille 11.967 voix dès le premier tour ; il en est de même en 1910: 12.846 voix pour Leygues contre 4.517 à un nouvel adversaire Couten, ainsi qu'en 1914: 10.473 voix sur 19.792 votants contre 7.750 à Molinié. En 1919 les élections ont lieu - ainsi qu'en 1924 - au scrutin de liste : Georges Leygues mène celle de l'union des républicains pour le relèvement national ; il est élu avec 25.710 voix sur 58.160 votants ; en 1924, il passe avec 23.852 voix sur 63.185 votants, en tête de la liste d'union des républicains. En 1928, avec le retour du scrutin d'arrondissement, il retrouve sa circonscription de Villeneuve-sur-Lot et son siège avec 11.341 voix sur 17.557 votants, ainsi qu'en 1932 où il est réélu pour la dernière fois avec 10.349 suffrages sur 17.179 votants.








On a écrit de lui : « Georges Leygues semble un des hommes les plus représentatifs de son Midi ; son masque sarrasin, son élégance nerveuse, sa parole, ornée sans surcharge et poétique sans emphase, appartiennent à ce Midi qui n'a cessé de conquérir la Gaule ».

Inscrit à la gauche démocratique, Georges Leygues s'imposa à la Chambre par son talent d'orateur. Il fut ministre de bonne heure. « La rafale de Panama avait emporté un vieux personnel d'hommes d'Etat. On cherchait des remplaçants jeunes ; c'est à ce moment qu'émergèrent Poincaré, Delcassé, Louis Barthou et Georges Leygues. »


A une période ou la caricature est reine...
















A 37 ans, le 30 mai 1894, il devenait ministre dans le deuxième cabinet Charles Dupuy et recevait le portefeuille de l'Instruction publique et des Beaux-arts. Il le garda jusqu'au 26 janvier 1895 ; il devenait ministre de l'Intérieur du 27 janvier au 2 novembre 1895 dans le cabinet Ribot, et de nouveau ministre de l'Instruction publique, du 3 novembre 1898 au 22 juin 1899, dans le cabinet Charles Dupuy, et du 23 juin 1899 au 7 juin 1902 dans le grand cabinet Waldeck-Rousseau.


Portrait-caricature de Georges Leygues (1857-1933) ministre de l´Instruction Publique et des Beaux Arts du cabinet Waldeck-Rousseau (1899-1902). Sur cette caricature Leygues délivre un "bon" à une "dame" pour qu´elle se serve au musée de Sèvres en échange de ses "services"


Au ministère de l'Instruction publique, il fut surtout l'auteur de la grande réforme de 1902 qui, tout en fortifiant les humanités classiques, adapta l'enseignement secondaire aux nécessités de la vie moderne et attribua aux sciences, de même qu'aux langues étrangères, la place légitime qui leur avait été refusée jusqu'alors. Il y eut désormais un baccalauréat sans latin. L'enseignement devait comporter des fins morales et sociales mais rester étranger aux luttes des partis car si Georges Leygues voulait que « l'école s'ouvre sur la vie », il refusait « de la voir s'ouvrir sur la rue ».







Quand, en 1923, Léon Bérard voulut à nouveau rendre obligatoire le latin et le grec pour tous les élèves des lycées, Georges Leygues s'opposa vigoureusement à ce retour en arrière. Dans une conférence à l'Ecole des hautes études sociales, il déclara : « L'étude du latin et du grec pousse les étudiants vers les carrières libérales déjà trop encombrées et, du même coup, risque d'augmenter dangereusement le prolétariat intellectuel ». Dès 1904, il avait exposé ses vues sur l'enseignement dans L'école et la vie. Ministre de l'Intérieur dans le 3e cabinet Ribot de janvier à novembre 1895 - c'est-à-dire au lendemain de l'assassinat de Sadi-Carnot - il fit preuve, au milieu des menées anarchistes, d'une fermeté remarquable et maintint l'ordre sans violence.

Ministre des Colonies dans le cabinet Sarrien - de mars à octobre 1906 - il substitua à la rude politique qui avait suivi la conquête une politique d'association et de collaboration avec les indigènes, tout en repoussant une irréalisable assimilation. Il organisa la célèbre mission Foureau-Lamy et fit occuper par des raids audacieux l'oasis de Bilma et le Tibesti.

Il se tint éloigné du gouvernement jusqu'au 17 novembre 1917. Peut-être, la fortune qu'il avait reçue par testament de M. Chauchard, propriétaire des magasins du Louvre, créa-t-elle des jalousies qui l'éloignèrent du gouvernement.




le croiseur Georges Leygues

A la mobilisation, en 1914, il servit comme capitaine d'infanterie territoriale. En novembre 1917, Georges Clemenceau l'appela à faire partie du « Grand ministère de la Guerre et de la Victoire », avec le portefeuille de la Marine. Il avait attiré l'attention du Chef du gouvernement par une conférence à Toulouse, le 22 juillet 1917 sur les origines et le sens de la guerre.

Quelques semaines plus tard, par une interpellation sur le personnel et l'action de notre diplomatie (il était alors président de la commission des affaires extérieures), il mettait en lumière la nécessité d'une entière collaboration entre toutes les forces françaises et alliées. Le premier rôle, sur mer, appartenait nécessairement à l'Angleterre, et les ressources de la France furent mises par Georges Leygues à la disposition de nos alliés.





Mais, pendant les conférences interalliées qu'il présida à Paris en décembre 1917, en avril et septembre 1918, il eut le souci permanent de maintenir à la France son rang de grande puissance et, notamment, lui conserva le commandement supérieur en Méditerranée qu'elle avait obtenu par une convention du 6 août 1914.

Au cours de la Grande Guerre, le rôle de la marine avait été souvent méconnu. Le 23 juin 1920, Georges Leygues prononçait devant la Chambre des députés un grand discours qui rappelait son action et ses sacrifices : « Nos marins ont conduit la guerre sans être soutenus par l'exaltation de la bataille... ». La marine française a permis que la mobilisation dans la Méditerranée s'effectue librement et assure la liaison avec l'armée d'Orient. Aux Dardanelles, le 18 mars 1915, notre division de cuirassés, commandée par l'amiral Guépratte, fut appelée au poste d'honneur. En décembre 1915, ce fut la marine française qui assura l'évacuation de l'armée serbe et son transport de Corfou à Salonique sans qu'il y eût à déplorer la perte d'un seul soldat.







Quand, le 31 janvier 1916, le gouvernement et l'état-major allemands déclarèrent la guerre sous-marine « sans restriction », une flottille de patrouille, créée de toutes pièces, aidée par des avions, des aéronefs et des hydravions, permit le ravitaillement des pays alliés, Enfin, vers la fin de 1917, les Etats-Unis firent savoir qu'ils allaient quadrupler le nombre des hommes qu'ils envoyaient mensuellement en France. Tous les regards se tournèrent vers la mer. Le sort de la guerre était entre les mains des marins. Grâce à eux, 1.300.000 soldats américains traversèrent l'Océan. Il n'y eut ni un navire torpillé, ni un combattant noyé. Nos marins ne s'étaient pas contentés de faire leur devoir sur mer, ils l'avaient fait magnifiquement sur terre : ce sont les fusiliers marins qui sauvèrent l'armée belge et gagnèrent la bataille de l'Yser.

A la fin de ce discours, Georges Leygues cita la parole de Colbert : « On ne peut, sans la marine, ni soutenir la guerre ni profiter de la paix. »

Ce rôle primordial, toute cette œuvre, Georges Leygues les a exposés dans deux brochures : La marine française pendant La Grande Guerre et Marins de France.

Au Congrès de Versailles, il apposa sa signature parmi celles des plénipotentiaires.

Après un court passage comme ministre aux Affaires étrangères, il devint président du Conseil du 23 septembre 1920 au 12 janvier 1921. Il était chef du gouvernement quand on transporta, sous les voûtes de l'Arc de Triomphe, le corps du Soldat inconnu et que l'on transféra de Sèvres au Panthéon le cœur de Gambetta.




Il se préparait à partir pour la Conférence de Londres sur la déchéance du roi Constantin de Grèce, le plébiscite en Haute-Silésie et la question de Tanger quand son gouvernement fut renversé. Il avait exigé d'aller à la Conférence « l'esprit et les mains libres ». « Aucun gouvernement digne de ce nom, disait-il, ne pourrait admettre que la Chambre lui imposât des solutions ou des directives sur les questions les plus délicates et les plus graves qui vont être discutées à la Conférence »... « Là où est la responsabilité doit être la liberté ».

Il resta quelque temps à l'écart du gouvernement, mais toujours député, il était inscrit au groupe des républicains de gauche de René Coty.

Il redevint ministre de la Marine le 28 novembre 1925 dans le cabinet Briand. Il le resta désormais jusqu'à sa mort - sauf une courte interruption de février 1930 à juin 1932. Il fut onze fois ministre de la Marine et son ambition, en grande partie réalisée, fut d'être le Colbert de la IIIe République. Il a d'ailleurs consacré une étude à son prédécesseur ; Colbert et son œuvre.

En matière de marine, la continuité dans l'action est essentielle et c'est pourquoi le grand mérite de Georges Leygues est d'avoir réalisé le programme qu'il s'était fixé. Le projet de loi du 13 janvier 1920 constitue le programme naval qu' « inlassablement » il poursuivit jusqu'à la mise en chantier du Dunkerque l'année même de sa mort. A lui seul il a signé les ordres de mise en chantier de plus de 120 bâtiments représentant plus de 300.000 tonnes. Mais, il s'acharnait à n'entreprendre que ce qui était strictement utile et il concentra les arsenaux à Toulon et à Brest. Il développa les trains d'escadres où figuraient les bâtiments comme le Commandant-Teste, le Jules-Verne ou le Gladiateur, dont la conception était en avance sur les techniques des marines étrangères.

Pour parer à l'insuffisance de notre territoire en carburant, il fit construire des pétroliers et, à terre, les installations nécessaires au stockage.



Par le décret sur l'organisation générale de la marine du 22 avril 1927, il codifia l'ensemble des dispositions successives et parfois contradictoires qui réglaient les rapports des différents services de la marine..

Il réorganisa l'Ecole de guerre avec un Centre des hautes études navales, une section de recherche scientifique, une section historique qui est sa création personnelle. Il fit préparer le statut de l'aéronautique navale du 27 novembre 1932.
monument à Georges Leygues à Villeneuve sur Lot 

les obsèques de Georges Leygues

La loi des cadres du 5 mars 1929 assura au corps des officiers de marine des garanties de carrière et d'avancement qui attirèrent de nouveau vers le « Grand corps » les meilleurs éléments de la nation. Le renouveau de l'uniforme fut comme le symbole de cette résurrection. Le nombre des candidats à l'Ecole navale tripla et Georges Leygues posa la première pierre de la nouvelle Ecole sur les hauteurs de Lannion, à côté de Brest, le 14 novembre 1929. Un nouveau croiseur-école, la Jeanne D’Arc, entrait également en service.

Le 3 juillet 1928, sur la rade du Havre, Georges Leygues avait eu la joie de montrer au chef de l'Etat les résultats d'un effort qu'il devait poursuivre jusqu'à sa mort.





Il s'éteignit à Saint-Cloud le 2 septembre 1933, à l'âge de 76 ans. Il lui fut accordé des funérailles nationales. Toute la marine française était représentée à cette cérémonie. Une décision du 13 septembre 1933 rendit hommage à la mémoire de ce « serviteur éminent du pays » en donnant à un croiseur le nom de Georges-Leygues. 




Georges Leygues; moustache universitaire.
"De Toulouse, rien de Leygues de Meaux. A fait partie de nombreux ministères. Sait tomber et répète régulièrement après une chute: "encore un Leygues à terre... universitaire" Estimé au grand Opéra."
Sources :

http://www2.assemblee-nationale.fr/sycomore/fiche/(num_dept)/7840

http://envelopmer.blogspot.fr/search?q=georges+leygues

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21 mars 2017

Cotre Mutin 90 ans Joyeux anniversaire

Cotre Mutin 90 ans 

Joyeux anniversaire Mutin


A l'école de pilotage de Saint-Servan



C'était le 19 mars 1927. Le chantier Florimond Guignardeau des Sables d'Olonne qui avait répondu à une commande de la Direction des Constructions Navales de Brest, mettait à l'eau un cotre en bois, baptisé le Mutin. Cette unité, construite sur le modèle des thoniers à voiles de l'époque était destinée à l'instruction des pilotes de la marine à l'école de Saint-Servan.


Il y a 15 ans...






Le décret du 11 juillet 1882 porta création d’une école de pilotage unique (au lieu de deux) sur proposition de l’ Amiral JAUREGUIBERRY alors ministre de la marine. La durée des cours était portée de trois à cinq ans.
photo (c) JM Bergougniou

L’ école de l’ Ouest fut supprimée. Les instructeurs et les élèves embarquèrent alors sur l’ « ELAN », qui resta affecté à l’Ecole de Pilotage de la Flotte jusqu’en 1906, date à laquelle il fut remplacé par le « CHAMOIS » aviso mixte à deux mats. ( 3 ) « LE PILOTIN » fut remplacé en 1883 par un nouveau cotre : le « MUTIN »  et, en 1884, un deuxième cotre identique, le « RAILLEUR » fut affecté à l’ Ecole. Ces deux cotres construits chez Augustin Normand, au Havre, devaient rester en service ( à l’école ), le premier jusqu’en 1925, le deuxième jusqu’en 1927. ( On retrouve plus tard le Pilotin comme cotre garde-pêche à Douarnenez.)
photo (c) JM Bergougniou


En 1890, l’ école à terre fut transférée au 2ème étage de l’ immeuble, construit 60 ans plus tôt pour être le magasin de la garniture de l’arsenal de Saint Servan et qui abrita l’ école jusqu’en 1965.
photo (c) JM Bergougniou

A la disparition, vers 1903, de la défense mobile qui utilisait le reste du bâtiment, l’ école de pilotage occupa le premier étage et le rez-de chaussée. Plus tard, vers 1910, le grenier fut aménagé en salle d’étude et l’immeuble devint ainsi l’ ECOLE de PILOTAGE bien connu des Servannais aujourd’hui Malouins.
 


photo (c) JM Bergougniou


Le fonctionnement de l’ école fut interrompu en raison de la première guerre mondiale. de août 1914 à août 1919. A sa réouverture, l’ Ecole se vit réaffecter le « CHAMOIS » et ses deux cotres « MUTIN » et « RAILLEUR », plus un vieux torpilleur l’ « AUDACIEUX » remplacé en 1920 par l’ « ALERTE », navire plus rapide qui permettait de développer l’ enseignement de la navigation pratique plus loin de la côte avec atterrissages.
Pilotes de la Flotte http://persopilflofr.unblog.fr/ 3/8




photo (c) JM Bergougniou

Pour compléter l'article Bernard Hily nous transmet deux photos du Mutin dans la plume


photo (c) B Hily

photo (c) B Hily

http://envelopmer.blogspot.fr/2012/03/le-mutin-fete-ses-85-ans.html

TAAF Bloc feuillet Postes du bout du monde 2017 Kerguelen Saint-Paul Amsterdam district Terres Australes Antarctiques Françaises gérance postale

TAAF Bloc feuillet Postes du bout du monde 2017



Crozet boîte à lettres à l'entrée de la gérance postale photo JM Bergougniou


Crozet la gérance postale  photo JM Bergougniou

sorti au salon philatélique de printemps à l'espace Champerret (9-11 mars 2017), le bloc Les Postes du bout du monde est composé de quatre timbres à validité permanente (lettre 20 grammes tarif international)  soit un timbre pour les TAAF et un timbres chaque district austral (Terre australes multicolore ; Crozet - vert ; Kerguelen - rouge ; Saint-Paul et Amsterdam - bleu.


Saint-Paul Amsterdam boite à lettres  photo JM Bergougniou

Saint-Paul Amsterdam la gérance postale photo JM Bergougniou

Les timbres logos sont conçus par Nelly Gravier et les oblitérations réalisées par Daniel Astoul (UFPP-SATA)


Kerguelen la gérance postale  photo JM Bergougniou

Merci à l'UFPP-SATA et à Daniel Astoul

Kerguelen la gérance postale  photo JM Bergougniou

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