20 mars 2018

Armement Glâtre Notre-Dame du Châtelet Pêche Terre-Neuve 1941 sous-Marin

Notre-Dame du Châtelet est coulé au large des Açores






À partir de juin 1940, la France occupée se voit confrontée à la restriction de ses zones de pêche, limitées à trois milles des côtes. La grande pêche souffre particulièrement de ces limitations du fait de l’éloignement des bancs de Terre-

Neuve

OCEAAN 
La Goélette OCEAAN est mise à l'eau le 17 mars 1921 aux Pays-Bas.
En 1925 toujours sous le nom d'OCEAAN pour l'armement N.V. Reederij puis en 1928 pour pour J.J. Onnes;

Notre-Dame du Chatelet devant les remparts de Saint-Malo
Rachetée par un armateur malouin en janvier 1930, elle devient NOTRE DAME DU CHATELET (SM 142) pour les Pêcheries du Labrador à Saint-Malo, puis en 1936 pour la Société des Pêcheries Malouines Marie-ange Glâtre à Saint-Malo.





Des accords sont passés entre le Gouvernement de Vichy et l'occupant pour accéder aux bancs de Terre-Neuve.





Faisant route vers Terre-Neuve, le trois-mâts Notre-Dame du Châtelet a sombré le 15 mai 1941, coulé par un sous-marin allemand, au large des Açores. Des documents découverts récemment viennent compléter le puzzle mémoriel de cette tragédie maritime.




Stèle à ND du Châtelet à Pleslin-Trigavou


Pas facile de démêler l'écheveau historique de la tragédie maritime du trois-mâts Notre-Dame du Châtelet, coulé au large des Açores le 15 mai 1941, par un sous-marin allemand. Des passionnés d'histoire locale s'y sont attelés, certains recueillant les souvenirs des survivants, à l'instar de Miche Duedal, d'autres compilant les informations administratives. Les zones d'ombre s'éclaircissent peu à peu sur ce naufrage, qui a coûté la vie à 28 hommes d'équipage (38 marins ayant embarqué sur le trois mâts). Hier, des documents découverts récemment ont été remis aux descendants des victimes.

« Résistance collective»

Au printemps 1941, l'armateur malouin Marie-Ange Glâtre réarme le Notre-Dame du Châtelet pour une nouvelle campagne à Terre-Neuve. Avec à leur tête le capitaine Joseph Delaunay, originaire de Pleslin, les 38 hommes d'équipage embarquent à La Rochelle (17), le 1er mai, mais doivent attendre dix jours avant de pouvoir lever l'ancre. 

Wolfgang Lüth est au centre de la photo


«D'âpres discussions se tiennent à la Kriegsmarine entre l'armateur, le capitaine Delaunay et les Allemands. Ceux-ci envisagent une collaboration active : l'utilisation de la TSF et de l'opérateur radio pour la transmission de renseignements sur les mouvements des navires alliés dans l'Atlantique. Tous unis derrière leur capitaine, les marins du «Châtelet» refusèrent d'appareiller dans ces conditions. Le capitaine fit alors démonter les installations de TSF et l'opérateur radio resta à terre. Leur sort dut, alors, être scellé...», explique Joseph Delaunay, le fils du capitaine, dans l'ouvrage Le Pays de Dinan 2011. 

Le 15 mai 1941, en pleine nuit, sans sommation, le voilier essuie des tirs de canon provenant du sous-marin allemand U-43  ( Kptlt. Wolfgang Lüth) 

«En disant "non", ils ont fait acte de résistance collective et ont signé leur condamnation».
 Seulement dix rescapés pourront témoigner des circonstances dramatiques de la disparition du «Châtelet». 






(De l'envoyé spécial du a Matin BAYONNE, avril.

Lundi de Pâques 1941. Au début de l'après-midi, par une belle brise d'est, le trois-mâts Martin-Pêcheur, toutes voiles dehors, a descendu l'Adour, quittant le port de Bayonne pour gagner Terre-Neuve. Le Martin-Pêcheur, deux mots peints sur la coque grise en grandes capitales rouges, sans compter les trois couleurs de France sur la cabine du gaillard d'arrière. Capitaine Renard, 36 hommes d'équipage, 350 tonneaux, 320 tonnes de morue dans la cale, au retour, si Dieu lé veut.

Ses frères attendent l'Izarra, le Bassilour sont là, tout près, de l'autre côté du fleuve plus haut, à Bordeaux, le Madiana et L'Angelus,  à la Rochelle, le Notre-Dame du-Châtelet. Mais déjà le Cancalais a pris la mer le 9 avril.

Avec ce bon vent, il a déjà couvert un bon chemin, opinent ceux du Martin-Pêcheur.

C'est qu'il ne s'agit plus, cette année, de guerre, de grands départs en pardons cérémoniaux, bercés par les cantiques, scandés au tintement des cloches à la volée, dans le papillottement bariolé des pavois et des flammes. Pas de processions, de bannières houleuses, sous ce ciel menacé, au long de cette mer perfide. Il a fallu disperser les grands voiliers dans les ports de la côte Atlantique, où pointent leurs mâtures parmi les échafaudages inertes des grues.

Il faut dire, commente M. Bonneté, que le gouvernement a fait ce qu'il a pu, tout ce qu'il a pu pour nous approvisionner en débloquant les denrées nécessaires à une campagne de sept mois. La grande aventure


M. Bonneté, c'est le capitaine d'armement. Sous la casquette bleue, les yeux marrons brillent dans une face carrée, aux pommettes rincées par l'embrun. Un Breton trapu, avare de paroles Cette fois-ci, je ne pars pas. Vingt-six campagnes à Terre-Neuve depuis mon engagement de mousse, à 14 ans. Mon armateur, M. Girard, m'a demandé de l'aider à pré- parer la grands expédition.

Élevé en 1874, à la pointe du Châtelet, sur la Grève de Morlet, cet oratoire fait face à la Rance. Il fut béni la même année par monsieur Boulou, vicaire à Plouër. Témoin de la piété des marins, il est dédié au culte marial de Notre-Dame du Châtelet. Selon la coutume, chaque année une procession part de l'église paroissiale du bourg et aboutit à l'oratoire.
Pointe du Châtelet Grève de Morlet Michel Marine
 (c) Région Bretagne

Construit au pied de la falaise, l'oratoire se présente sous la forme de trois niches reposant sur un soubassement. Une grande niche centrale fermée par un grillage et encadrée par l'inscription « Notre-Dame du Châtelet, priez pour nos marins », abrite la statue de la Vierge, de Lourdes, en plâtre polychrome. Également closes par un grillage, deux petites niches latérales entourent la niche centrale. Elles sont constituées chacune en partie haute d'un arc brisé surélevé et reposent sur un soubassement légèrement concave. Une croix à simple traverse surplombe actuellement la niche centrale.

La grande aventure, cette année.

C'est juste, interrompt M. Girard, lui aussi un Breton au visage comme ciré, au langage lent et scandé comme l'autre. La grande aventure. Vous comprenez bien, sans qu'il soit besoin d'insister, que nos terre-neuvas vont rencontrer des périls autres que ceux auxquels le hasard des nsers les a accoutumés. N'insistons pas. Mais croyez que s'ils s'en vont, c'est bien pour obéir à l'ordre du Maréchal. Et si vous réalisez que cette campagne coute, pour chaque bateau au départ, au moins un million de francs d'armement, d'approvisionnement, de paie, etc. vous vous rendrez compte de l'importance de la partie que nous allons jouer.

A côté de nous pourtant, sur le pont, les gars plaisantent, la pipe aux dents, en déroulant les cordages, en déployant les voiles. Le capitaine indique

Attention, c'est le foc, range le fût d'huile Et toi, le saleur, où en es-tu de ton embarquement ? Le saleur, nous explique M. Girard, c'est un gros personnage. C'est de Lui que dépend tout le sort de la cargaison.

Mais quelle garantie, si la cargaison n'arrive jamais ?
Aucune, à part le remplacement du navire, en cas de perte totale.


Et les vies humaines

L'inscription maritime s'occupe, selon les règlemeuts, des pensions et indemnités aux familles. Des héros.

On évoque le long et aventureux voyage, par des routes détournées, au caprice des vents, dans la menace des mines en dérive. Là-bas, là-haut plutôt, entre les icebergs parfois, dans les brumes traîtresses, l'éparpillement des doris sur la houle, la péche hasardeuse qui rapportera, en fin de campagne, 20.000 francs peut-étre à la maisonnée qui attend, nichée dans la campagne malouine. Et l'on se dit que ces terre-neuvas sont tout simplement des héros.

Des héros français. Ils savent que la France attend leur pêche. Le gouvernement leur a demandé de fournir, cette année, outre leur peine habituelle, un surcroit d'abnégation et de mépris du péril. Et ils partent quand même.

Parce/qu'Us aiment leur métier. Parce, qu'ils aiment leur pays. Le, saison assez, chez nous ?

René Pernoud.

Bien sympathique trio que M. Renard, le capitaine du voilier M. Cerudié, matelot aux quarante campagnes, et la chienne Ninette, qui a fait trois sauvetages
Sur le « Martin-Pêcheur le personnage le plus eimportant, après le commandant, est, sans conteste, le saleur.
Reportage photographique Le Matin


Une valise relance le travail de mémoire

«On croyait en avoir fini, avec l'inauguration d'un mémorial, en mai 2011, à Pleslin-Trigavou», s'accordent les détenteurs de cette mémoire locale. Mais début 2012, l'association malouine Mémoire et patrimoine des Terre-Neuvas acquiert une valise, auprès d'un brocanteur, suite à la dissolution de l'armement Glâtre. À l'intérieur, les certificats d'embarquement des marins, et des courriers de leur famille, demandant à l'armateur des informations sur le naufrage. Documents qui ont été remis, hier, aux descendants des naufragés, à la sous-préfecture. 

«Mon oncle, mon grand-père et son frère ont péri. 
C'est émouvant de recevoir ces documents», a confié Catherine Godet, trésorière de l'association Notre-Dame du Châtelet, en ouvrant l'enveloppe. Marie, arrière-petite-fille du capitaine Delaunay, avoue connaître «vaguement l'histoire, mais elle m'intéresse énormément, et je suis son actualité!». Actualité qui devrait refaire parler d'elle, suite à la découverte, dans la même valise, d'un courrier adressé à l'armateur, qui laisse «perplexe» le fils du capitaine du trois mâts. «C'est une lettre de l'opérateur radio, qui laisse entendre qu'il a touché de l'argent. Un soupçon de collusion avec l'occupant est admissible. On n'a pas définitivement tourné la page du "Châtelet"»

© Le Télégramme http://www.letelegramme.fr/local/cotes-d-armor/dinan/ville/memoire-l-histoire-du-chatelet-renflouee-20-10-2012-1878374.php#3lJfeimsZxTDRht3.99

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