29 décembre 2017

Humour dans le carré par Donec

Bonne année 1968



Bonjour à tous,

Je crois que ce début d’année est propice à un petit voyage dans le temps vers une époque où l’on risquait sa vie sans vergogne sur des routes improbables.




Pour cela, je viens de retrouver un petit opuscule de la collection « Marabout » qui nous fait l’éloge d’une gloire oubliée : l’Alfa Roméo 1750. Un petit texte y évoque une course vers le soleil dans des conditions et à une allure que l’on n’imagine même pas aujourd’hui.



Le texte s’intitule modestement : A la poursuite du temps.

A lire en pièce jointe

En attendant je vous souhaite une année 2018 qui exauce vos vœux les plus secrets…

A la semaine prochaine

Donec

Les brumes du ciel s’effilochaient doucement. La lumière pointait peu à peu.La grande aiguille du compte-tours semblait somnoler. Depuis plus de cent kilomètres, elle restait immobile ou presque : 5.000, 5.200 tours, soit une vitesse de croisière de 180/190 km/h. Une cinquième vitesse, juste assez longue pour soutenir un tel rythme, sans souffrance aucune pour le moteur.

Montélimar sous la neige photo JM Bergougniou

Les pneus avalaient l’asphalte de l’autoroute fonçant vers le soleil. Au volant un homme détendu, légèrement fatigué cependant par une nuit passée à toute allure sur les routes, avec lui deux passagers, plongés chacun dans un profond sommeil…Régulièrement le pilote jette un regard sur sa montre, un autre sur le compteur kilométrique. Il reste vingt minutes pour arriver à Montélimar, à trente kilomètres de distance ? « Si tout va bien, pense t’il, j’aurai rattrapé complètement le retard pris jusqu’à maintenant, et avec un peu de chance, je reprendrai la nationale 7 avec quelques minutes d’avance. »


L’Alfa Roméo berline 1750 fonçait toujours. Elle avait accepté de tenter l’aventure : relier Bruxelles à Nice en moins de 10h30.
Depuis 0h02 mn, elle avalait allègrement les kilomètres. Toute la nuit, comme la chèvre de Monsieur Seguin, elle a lutté de toutes ses forces. Jusqu’à Avallon, la route était presque déserte. Plus loin par contre, ce fut beaucoup moins gai. Les poids lourds se succédaient en file ininterrompue dans les deux sens.Tenir la moyenne imposée par le tableau de marche (120 km/h) demandait un effort constant et éprouvant. A ce moment à cause d’une erreur de 25 km l’Alfa était en retard sur l’horaire prévu. Elle tentait de grignoter une à une les secondes. Mais pour chacune c’était un dur combat.A Lyon, la situation s’était légèrement améliorée.


Montélimar le nougat sous la neige photo JM Bergougniou

Mais l’autoroute était là avec ses 150 km de ligne droite, pied à la planche.
 
Montélimar, la cité du nougat : la moyenne a remonté et même dépassé 120 km/h.Le petit capital (7 minutes) lui permettait de respirer. Les gendarmes s’étaient levés avec l’aube. Ils pullulaient tout au long de la route du soleil. La circulation augmentait au fur et à mesure des minutes. Les limitations de vitesse dans les villages, les lignes blanches, autant de secondes perdues. Il fallait les rattraper. Le moteur se mit à chanter plus vite ; L’aiguille du compte-tours haussa son rythme d’un cran. Les changements de vitesse se faisaient plus sèchement, et jusqu’à Aix-en-Provence, le petit capital (7 minutes fut préservé)… 
Un fou ?
Faut-il être fou pour tenter une pareille aventure ? pas le moins du monde.L’idée de cette randonnée me travaillait depuis quelques mois lorsque sa réalisation fut décidée.C’était pour moi une aventure comme une autre. Je l’avais préparée très sommairement, pas plus que si j’avais choisi cette route sans autre but que le soleil et les vacances. Physiquement j’étais prêt, bien reposé, et habitué à produire des efforts de cette durée. Le coup de pompe, je l’ai eu comme chacun, mais sur l’autoroute heureusement. Là avec une Alfa Roméo il est possible de se décontracter en roulant à 180, 190 km/h (sic !).Un ravitaillement, le tour de la voiture pendant le plein d’essence et la forme revenait. Mon ravitaillement personnel ? Trois sandwiches grignotés au milieu de la nuit, deux tasses de café bien chaud et c’était tout. Le plus dur la finale, lorsqu’il fallut foncer au maximum pour annuler le retard pris entre Aix-en-Provence et l’autoroute de l’Estérel. Elle vaut la peine d’être raconté en détail. 
Au finish 
L’entrée d’Aix, j’avais 7 minutes d’avance. A la sortie, hélas ! je les avais perdues. Une circulation intense, des bouchons m’avaient fortement retardé. Je croyais que les choses iraient s’améliorant, mais je me trompais… ce fut pire encore. Les petits villages provençaux aux rues étroites, les camions gros et multiples, les lignes blanches, ne me laissèrent pas de répit. Le chrono tournait et, les secondes s’échappaient. Je pensais que tout était perdu. Le silence s’établit dans la voiture. Le moteur ronronnait rageusement.A l’entrée de l’autoroute de l’Estérel, j’avais presque un quart d’heure de retard. J’étais furieux car si j’étais parti deux heures plus tôt de Bruxelles, tout cela ne serait pas arrivé. 
Saint-Jeannet photo JM Bergougniou
En démarrant pour le sprint final vers Nice, j’étais bien décidé à jouer le tout pour le tout. La 1750 a été cravachée. « Si elle doit exploser, c’est ici ! » ai-je annoncé. Les grandes courbes se prenaient à 180/190 km/h comme sur un circuit. Il fallait rattraper les minutes perdues. Quelle course ! Les pneus criaient sur l’asphalte brulant. Finalement l’aéroport apparut au loin. Un dernier coup d’œil au chrono, un ultime virage et un profond soupir collectif : top ! nous y voilà.Le verdict : 9h33, soit exactement un peu moins de 120 km/h.

Mais en faisant le compte exact des kilomètres perdus lors de l’erreur de parcours commise entre Tonnerre et Avallon, la moyenne remontait et le verdict définitif était 1 165 km en 9h33 soit la moyenne de 122 km/h.Ce qu’il fallait démontrer

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