04 mars 2017

La Capricieuse à Québec et Montréal 1855 Montcalm Wolfe

La Capricieuse 

à Québec et Montréal 1855

Des lois anglaises depuis la Conquête par les Britanniques interdisent à des navires autres qu'anglais la navigation en eaux canadiennes. Cette mesure est abrogée en 1850.

phare de la Pointe aux pères Rimouski photo (c)  JM Bergougniou

Depuis Sydney, La Capricieuse remonte le fleuve avec un pilote à bord. À la pointe aux Pères (Father Point) le navire prend le pilote et à l’île du Bic commencent la responsabilité du pratique et son droit à la rémunération réglementaire.

Le Bic photo (c) JM Bergougniou












En fait, au Bic commence une série d'îles et de bancs, laissant entre eux des chenaux plus ou moins larges, sillonnés par des courants très-vifs variant avec la marée, et parfaitement balisés par des feux fixes et flottants. 

A Rimouski on ne parle plus du fleuve mais de la mer.. photo (c) JM Bergougniou

Lorsqu'on est pris par le courant contraire avec du calme ou du vent debout, les navires doivent mouiller et attendre la marée suivante. Une entreprise de remorquage tient presque toujours au Bic un ou deux bateaux à vapeur qui conduisent les navires jusqu'à Québec à des prix fixés d'avance.

Le fleuve Saint-Laurent photo (c) JM Bergougniou



L'arrivée de la Capricieuse était connue d'avance, et partout les populations accouraient à la côte, la saluant de leurs hourras et de salves de mousqueterie ; le long de l’île d'Orléans, malgré une pluie battante, les habitants saluaient de l'intérieur des maisons ou bravaient le mauvais temps, en courant le long du rivage, pour suivre plus longtemps les mouvements de la corvette.


Québec monument à Wolfe et Montcalm C’est le premier monument

commémoratif de la ville de Québec. Il est constitué d’un obélisque

s’élevant à 20 mètres de hauteur. Les noms des deux généraux

sont gravés sur les côtés. (c) JM Bergougniou



Le gouverneur général du Canada avait envoyé au Bic le steamer l'Admiral avec trois membres du cabinet, pour complimenter le commandant. Le steamer l'Advance était aussi, par son ordre, au mouillage de l'île Verte et prit la corvette à la remorque.

La Capricieuse apparait en face de Québec vers sept heures du soir le 13 juillet, et une salve de 21 coups de canon est tirée de la corvette. Ce salut est aussitôt rendu par celui de la citadelle. 








La venue du navire de guerre français La Capricieuse, commandé par le capitaine Belvèze, à Québec et Montréal en juillet 1855 est un événement considérable. 


Car cette corvette était le premier navire de la marine français à venir au Canada depuis la Conquête de la Nouvelle-France par les Anglais. L’événement a été célébré de façon extraordinaire par les Canadiens-français d’alors, et il a marqué le paysage de la ville de Québec. Les résultats immédiats de cette visite n’ont pas été conformes aux espoirs qu’elle avait suscités, mais la création d’un consulat de France à Québec en est tout de même une suite presque directe. Comme un écho aux poèmes qui ont perpétué cette visite, la venue de la Capricieuse a longtemps été considérée comme le début des relations franco-québécoises, même si cette impression est trompeuse, car le gouvernement français n’avait aucune intention politique en autorisant cette mission. En réalité, le périple de La Capricieuse a sonné comme un avertissement en France : les réactions canadiennes étaient incontrôlables et il fallait soigneusement éviter de les provoquer.


Du 13 juillet au 25 août 1855, le séjour de Belvèze au Bas-Canada et au Haut-Canada s’est remarquablement déroulé. Comment le capitaine de vaisseau ne serait-il pas séduit et enchanté par l’accueil que lui réserve alors la population canadienne-française ? Le drapeau tricolore flotte sur tous les édifices, les habitants de Québec se précipitent pour parler aux marins de La Capricieuse, leur commandant va de bal en réception et de cérémonies officielles en inauguration. Belvèze pose même la première pierre du monument des Braves sur les Plaines d’Abraham, retardée pour que lui-même puisse y participer. 







Consulat de France à Québec (c) JM Bergougniou

Cette célébration ne manque d’ailleurs pas d’ambiguïté, puisqu’il s’agissait de célébrer à la fois un fait d’armes britannique avec la conquête de la colonie par Murray et la dernière victoire française lors de la bataille de Ste-Foy, en 1760. Mais l’époque de Belvèze était au rapprochement avec la Grande-Bretagne et d’ailleurs le consul de France inaugurera ce monument enfin achevé en 1860. (Il est situé aujourd’hui à faible distance de la résidence du consul, rue des Braves).

La presse est pour une fois unanime pour célébrer l’élégance et la haute tenue des multiples discours de Belvèze.




Les autorités canadiennes étaient très conscientes du caractère exceptionnel de l’événement, mais elles ont pris les devants et ont agi pour le mieux en accueillant le navire et les officiers d’un pays allié de la métropole anglaise, tout en y associant la population. Belvèze est rapidement conscient de l’extraordinaire événement dont il est l’involontaire héros, reçu : « non comme un simple capitaine de vaisseau de la marine impériale, mais comme le représentant de l’alliée de l’Angleterre », dont la mission obtient « l’approbation franche et cordiale des autorités anglaises ». Dans toutes ses interventions, il prend soin d’honorer les vertus du régime britannique au Canada. Les rapports intérimaires que Belvèze adresse au ministre de la Marine français sont très bien reçus et des extraits en sont publiés dans le Moniteur universel (journal officiel de l’Empire) : « La ville de Québec vient d’assister à l’un de ces étonnants spectacles qui signalent une époque et dont l’histoire conserve un impérissable souvenir. »

Belvèze est satisfait d’avoir réussi à désamorcer les effets de « l’esprit d’antagonisme toujours existant entre les races, les intérêts et les religions différents du Haut et Bas-Canada » et d’avoir résisté à son succès, sans succomber à la vanité, parfois avec l’adresse d’un « équilibriste ». Toutefois, les résultats de la mission se font attendre, comme si elle n’avait été qu’un coup d’épée dans l’eau : le consulat de Montréal n’est pas créé aussitôt et les promesses commerciales ne sont suivies d’aucun effet concret. Pourtant, dans la mémoire historique du Québec, la première apparition du drapeau français dans le Saint-Laurent depuis 1759 marque la reprise spectaculaire des relations entre la France et le Canada.


Sur une idée de Mario Belanger ami Rimouskois.

sources :


http://grandquebec.com/histoire/la-capricieuse/


BIBLIOGRAPHIE

Groulx, Patrice, « La Capricieuse en 1855 : célébrations et significations », Y. Lamonde et Didier Poton, La Capricieuse (1855) ; poupe et proue. Les relations France-Québec (1760-1914), Québec, PUL, 2006.

Le Jeune, Françoise, « Les relations France-Bas-Canada entre 1837 et 1855 : le Canada reconquis par la France ou la France reconquise par le Canada ? », Yvan Lamonde et Didier Poton. La Capricieuse (1855) : poupe et proue. Les relations France-Québec (1760-1914), Québec, PUL, 2006.

Portes, Jacques, « La Capricieuse au Canada », Revue d'histoire de l'Amérique française, vol. 31, n°3, décembre 1977.

Belvèze, Commandant de, Lettres choisies dans sa correspondance, 1824-1875, Bourges, Pigelet et fils & Tardy, 1882.

Lamonde, Yvan et Didier Poton, La Capricieuse (1855) ; poupe et proue. Les relations France-Québec (1760-1914), Québec, PUL, 2006.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Merci pour ces renseignements sur la Capricieuse. J'en savais un peu sur cette aventure, mais j'en ai appris beaucoup plus grâce à cette page pertinente Mario Belanger

Jean-Michel Bergougniou a dit…

Merci Mario et un grans salut aux amis de Rimouski

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